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Séance 11: Le théâtre français et la langue - Coggle Diagram
Séance 11: Le théâtre français et la langue
Introduction: le théâtre français avant 1896
2/
Tradition dominante au XVIIe siècle
Passion de
Louis XIV
pour le théâtre → promotion du théâtre au rang d’art majeur.
Construction de salles de spectacles, constitution de troupes de théâtres...
Importation du théâtre populaire italien =
Commedia dell’arte.
Redécouverte du fonds antique, notamment de la tragédie grecque → nombreuses réécritures modernes, notamment
Racine.
3/
Molière
révolutionne la comédie → le rire permet d’évoquer des enjeux de société.
Mariage forcé, condition des femmes, essor de la bourgeoisie, athéisme, faux médecins... → humour souvent cruel et sombre.
Toute la société est représentée sous forme de stéréotypes.
Les bourgeois, les nobles, les valets, les jeunes femmes, etc... ne
parlent pas tous la même langue !
Comiquedelangage(jeuxdemots,onomastique,accents, expressions, etc.)
1/
le théâtre trouve un 1er essor au Moyen-Age malgré les interdictions et les soupçons entourant le monde des comédiens
Mystères =
Pièces religieuses interprétées dans les églises, d’abord en latin, puis en français à partir du IXe siècle.
Farces =
Courtes pièces comiques jouées en français ; rarement écrites.
La langue du théâtre imite la langue du quotidien !
4/
Le XVIIIe siècle continue sur cette même tendance →
drame bourgeois.
Pièces souvent plus longues, plus complexes, ancrées dans le quotidien :
Marivaux
,
Le jeu de l’amour et du hasard, La Dispute ;
Beaumarchais
, Le mariage de Figaro.
Langue ancillaire =
imitation littéraire de la langue des serviteurs → dimension sociologique du langage !
Débuts du théâtre engagé :
Olympe de Gouges.
5/
Les romantiques du XIXe siècle se débarrassent des codes du théâtre classique :
drame romantique.
-
Musset
,
On ne badine pas avec l’amour
;
Hugo
,
Ruy Blas
;
Vigny
,
Chatterton...
L’éloquence est l’attribut du héros : sa parole affirme sa valeur.
I: "Merdre!"
1/
Alfred Jarry,
Ubu Roi
, 1896
Jarry est un jeune auteur inconnu ; il a 23 ans.
Pièce totalement amateure, aucun budget, mais proportions délirantes :
24 décors dont des grottes, un palais, un navire, l’Ukraine, etc.
Des dizaines de personnages, dont « l’Ours », « toute l’armée russe » et « la Machine à décerveler »...
Ubu Roi
est une réécriture d’une
pièce pour marionnettes
écrite avec des amis de collège : Les Polonais.
2/
Critiques très négatives
dans les journaux → mauvais goût, vulgarité, irrévérence...
Mais admiration immédiate
des milieux artistiques d’avant-garde.
Après la Première Guerre mondiale, les
surréalistes
considéreront Ubu Roi comme un point de départ pour leur travail.
3/
Alfred Jarry est un grand amateur de théâtre : la pièce est remplie de
références
au théâtre classique...
Titre : référence à Œdipe Roi, tragédie de
Sophocle
(-V siècle).
Intrigue :
Ubu Roi
est une réécriture approximative de Macbeth de
Shakespeare
.
... mais elle ne prend pas ces références au sérieux, au contraire !
Casser les codes de la représentation.
Personnages grossiers, méchants et ridicules.
Intrigue délirante et insensée.
Dialogues absurdes.
Aucune recherche de réalisme, ni de vraisemblance...
4/
Le
Père Ubu
s’exprime tout au long de la pièce à l’aide d’un langage unique et étrange, qui participe à son aspect grotesque et
étrange.
La pièce commence par une réplique du Père Ubu qui annonce le caractère grossier du personnage :
«
Merdre
! »
Vulgarités argotiques et populaires : « bouffre / bouffresque », « salopin », « fiole »...
Interjections bizarres : « cornegidouille ! », « par ma chandelle verte ! », « corne-phynance ! », « sabre à phynance ! »...
Mots déformés : « oneille », « tuder », « phynance », « palotin »...
Noms d’objets imaginaires et fantasques : la « Machine à décerveler », le « crochet à Nobles », le « Cheval à Phynances », le « bâton à merdre », les « coups de poings explosifs », les « lumelles »...
Alfred Jarry ne les décrit jamais... Libre à chacun d’imaginer !
II: Ionesco, Beckett: dérèglements progressifs du langage
1/
La génération de la
Première Guerre mondiale
est traumatisée : conflit beaucoup plus violent que prévu, premières machines de guerre, technologie au service de la mort...
Méfiance vis-à-vis du progrès issu de la Révolution industrielle →
anti-intellectualisme
.
Méfiance vis-à-vis du progrès issu de la Révolution industrielle → anti-intellectualisme.
Expressionnisme,futurisme,surréalisme, modernisme... → critique de la modernité.
Apparition d’un théâtre de l’absurde dans les années 1930
: Eugène Ionesco, Samuel Beckett.
Intrigues irréalistes et allégoriques.
Communication dysfonctionnelle
Provoquer un malaise/dégoût du public.
2/
D’origine roumaine, Ionesco s’inspire des
méthodes de grammaire française
.
Exemples grammaticaux = phrases sans contexte.
On retrouve ces
enchaînements de répliques absurdes
dans ses pièces : proverbes et dictons, clichés, phrases en décalage avec la situation...
Les personnages ne se parlent jamais vraiment : ils ne s’écoutent pas, ne se comprennent pas, chacun parle de son côté...
Echec de la communication = modernité.
Constat très pessimiste → glorification de l’individu, chacun est tourné vers soi-même et ne sait pas
comment s’adresser aux autres, comment créer du sens avec les autres...
3/
Le théâtre français est pourtant le lieu privilégié de la communication, de la conversation, de l’intelligence... →
anti-théâtre
?
Comme Molière, Ionesco affectionne les personnages de bourgeois ridicules.
Les personnages tentent de communiquer et de faire du sens...
... mais échouent et tombent dans la sauvagerie
(Rhinocéros, La leçon...
)
4/
On retrouve chez
Samuel Beckett
une préoccupation similaire pour le langage et ses limites.
Intrigues
vides
et
désespérées.
Personnages
absents
et
dépressifs.
Motifs récurrents de l’
ennui
et de l
’attente.
Pièces dénuées d’intrigues, les personnages n’ont rien à faire, ils doivent parler pour meubler le vide.
En attendant Godot,
1952.
Fin de partie,
1957.
Omniprésence de la
didascalie
: « Un temps. »
Les personnages luttent sans cesse contre le silence.
Autre forme de critique de la modernité : perte totale de sens, néant.
III: La parole est un jeu
1/
Jean Tardieu,
La Comédie du Langage,
1987.
Poète, affilié au groupe des
surréalistes.
Courtes pièces expérimentales.
Ludiques, humoristiques → chaque pièce se donne comme une énigme.
2/
Le langage théâtral se prend lui-même comme objet:
L’intrigue est secondaire par rapport au texte et au jeu des
comédiens.
Quels dysfonctionnements entravent la communication ?
Jusqu’où peut-on pousser les limites de la parole ?
3/
Sur un mode plus humoristique,
Tardieu
tourne en ridicule les valeurs de la modernité et de la bourgeoisie:
Variationsdesniveauxdelangue(familier/soutenu),fausse politesse, manque de sincérité dans les relations humaines...
Conclusion
Depuis Alfred Jarry, la parole dans le théâtre français n’a que très rarement l’ambition d’être réaliste.
Au contraire, les dramaturges cherchent en général à accentuer ses dysfonctionnements, à mettre en évidence les moments où la conversation déraille, devient impossible...
Mais cette expérimentation des limites du langage ne va pas sans la notion de « jeu », centrale au théâtre.
• Sens théâtral / sens ludique.
Si la conversation et la langue possèdent des règles, alors ce sont – elles aussi – des jeux : on peut donc « jouer » avec.