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français
La poésie, du Moyen Âge au XVIIIe siècle
Les fonctions de la poésie
L'écriture poétique a eu des fonctions variées au cours de son histoire. Si le lyrisme est certainement le mode d'expression privilégié de la poésie, il n'est évidemment pas le seul : la poésie peut aussi être didactique ou engagée.
La poésie lyrique
L'origine musicale de la poésie
MOTS CLÉS
Assonance : répétition du son vocalique.
Allitération : répétition du son consonantique.
Le nom même de poésie lyrique dit bien son origine musicale (la lyre est une sorte de harpe). Celle-ci est encore vivace au Moyen Âge, où trouvères et troubadours continuent à composer une poésie mêlant paroles et musique, qu'ils désignent par le terme de chanson.
À partir du XIVe siècle, les poètes abandonnent peu à peu l'accompagnement musical et imaginent une poésie qui se fonde sur la seule musique de la voix, exploitant les ressources sonores (rimes, assonances, allitérations) et rythmiques (vers, accents) du langage.
Une énonciation subjective
Outre sa dimension musicale, le lyrisme se caractérise aussi par sa forte subjectivité : plus que tout autre genre, il est celui où le poète dit je, au point que certains auteurs ont pu donner une dimension nettement autobiographique à leurs poèmes, tel François Villon au XVe siècle.
Mais il ne faut pas limiter la poésie lyrique à cette dimension personnelle. Lire ces poèmes comme des autobiographies serait réducteur, car ce serait passer à côté de l'universalité lyrique : en disant je, le poète parle aussi du lecteur, voire de l'Homme en général.
Le je ne va d'ailleurs pas sans un tu : la poésie lyrique s'adresse souvent à un destinataire, que son identité soit précisée ou non. C'est particulièrement le cas de la lyrique amoureuse, qui interpelle la femme ou l'homme aimé, comme Ronsard dans de nombreux sonnets des Amours (1552).
Une poésie expressive
Dès le Moyen Âge, la poésie lyrique semble vouée à l'expression des sentiments. L'amour, la mort, la conscience du temps qui passe, la nostalgie, la solitude… sont ainsi parmi les thèmes privilégiés du lyrisme.
Mais la poésie lyrique ne se consacre pas seulement au moi du poète : elle sait s'ouvrir au monde pour exprimer la singularité du regard que le poète porte sur tout ce qui l'entoure.
La poésie engagée
On appelle poésie engagée des œuvres dans lesquelles le poète prend position et met son art au service d'une cause (qu'elle soit politique, morale, sociale…) pour éveiller les consciences.
Elle apparaît généralement dans des contextes de tensions politiques : Agrippa d'Aubigné écrit ainsi Les Tragiques (1616) pour dénoncer les exactions commises par les catholiques durant les guerres de religion.
Plus largement, la poésie engagée peut englober tout texte poétique manifestant une dimension contestataire ou polémique, comme la satire qui critique les défauts d'individus ou de groupes sociaux et dénonce leurs ridicules.
La poésie didactique
La poésie peut aussi avoir pour fonction de délivrer un enseignement : on parle alors de poésie didactique. C'est le cas, presque exemplairement, des Fables de La Fontaine (publiées entre 1668 et 1694), qui mettent les ressources de l'écriture poétique au service d'un enseignement porté par la morale.
La poésie didactique n'est pas seulement morale : elle peut être philosophique, comme l'Épître sur la philosophie de Newton (1736) ou le Poème sur le désastre de Lisbonne (1756) de Voltaire.
Enfin, l'objet de la poésie didactique peut être la poésie elle-même, lorsqu'il s'agit d'en définir les règles et principes. C'est le rôle dévolu aux arts poétiques, véritables traités pratiques, manuels de composition en prose ou en vers : le plus célèbre est certainement l'Art poétique de Boileau (1674).
Les règles de la versification
Les règles de la versification concernent les rythmes et les sonorités du poème. Si elles permettent de définir des formes fixes, obéissant à des principes communs, chaque poète se les approprie et les exploite de manière créative.
Le vers
Les types de vers
On distingue
les vers pairs, comme l'alexandrin (douze syllabes), le décasyllabe (dix) ou l'octosyllabe (huit)
les vers impairs, plus rares.
Pour déterminer quel est le type de vers, il faut compter les syllabes qu'il comporte. On doit alors tenir compte de quelques principes.
Le -e muet (ci-dessus entre parenthèses) s'élide toujours en fin de vers et avant un mot commençant par une voyelle ou un h muet.
La diérèse permet de compter pour deux syllabes deux voyelles voisines.
La synérèse permet de compter pour une seule syllabe deux voyelles voisines.
L'accentuation
La dernière syllabe (prononcée) d'un vers est toujours accentuée : on parle d'accent métrique.
Les vers de plus de huit syllabes comportent un second accent métrique, sur la quatrième syllabe pour le décasyllabe, sur la sixième pour l'alexandrin. Cet accent détermine la place de la césure (notée //) qui se situe immédiatement après lui et qui partage le vers en deux hémistiches (« demi-vers »).
Les effets de discordance
L'enjambement désigne le fait qu'un groupe syntaxique important déborde le cadre du vers et se prolonge dans le vers suivant.
Le rejet consiste à repousser dans le vers suivant un élément court nécessaire à la construction du vers précédent.
Le contre-rejet place un élément verbal court à la fin d'un vers alors qu'il appartient au vers suivant par la construction et le sens.
Ces effets de rythme restent relativement rares en poésie avant le XIXe siècle.
La rime
Une rime se caractérise également par son genre : elle est dite féminine si elle se termine par un -e muet, masculine sinon.
La qualité de la rime dépend du nombre de sons que partagent les mots à la rime (le -e muet ne comptant pas). Elle peut être pauvre (un seul son commun), suffisante (deux sons communs) ou riche (trois sons communs ou plus) : « noie » et « joie » forment une rime pauvre (son [oi]) ; « froidure » et « dure » une rime riche (sons [d], [u] et [r]).
La disposition des rimes dépend de la façon dont elles se combinent. Le plus souvent, elles sont : plates ou suivies (schéma aabb), croisées (schéma abab) ou embrassées (schéma abba, comme dans le quatrain de Louise Labé).
La strophe
On identifie la strophe traditionnelle par le blanc typographique qui sépare chaque groupement de vers à l'intérieur d'un poème et par l'organisation des rimes. Les principaux modèles de strophes sont le quatrain (quatre vers), comme cette strophe de Louise Labé, et le sizain (six vers).
La poésie au Moyen Âge