Ils défendent alors leur propre cause, et s'opposent au maître au nom de leur intérêt propre. En effet, cette existence que le valet doit à sa fourberie peut devenir plus consistante. Ainsi, dans Le Mariage de Figaro, Figaro ne se contente plus de servir les amours de son maître le comte Almaviva, comme dans Le Barbier de Séville. Amoureux lui-même, il s'installe à la place centrale du héros.
Ainsi, dès que le valet acquiert les caractéristiques d'un héros, il détourne les thèmes, les enjeux de la comédie traditionnelle. Il se rapproche aussi du maître, jusqu'à devenir son rival, se confondre à lui, être son complément, son double, social ou affectif. On voit toute la richesse d'une telle relation, toute sa profondeur. Qu'ils tiennent un rôle secondaire ou celui de héros, les grands valets sont donc essentiels ; ils constituent dans la comédie le ressort comique principal : ainsi, sans Sganarelle Dom Juan n'est plus une comédie ; dans la tragédie ou dans le nouveau théâtre, ils portent la part majeure du sens ; ils incarnent parfois l'enjeu du texte : enjeu dramatique, moral et social.