La question des éléments constitutifs de l'État, notamment la population, soulève des débats fondamentaux sur les concepts de nation et de peuple, qui vont bien au-delà de la simple définition juridique d'un État. Si, sur le plan juridique, l'État est défini par une population stable rattachée à lui par le lien de la nationalité, cette notion reste distincte de la nation et du peuple, qui recouvrent des réalités plus complexes, sociologiques et idéologiques.
La nation, en tant qu'entité politique, a une dimension subjective (la volonté de vivre ensemble) et objective (facteurs culturels, linguistiques, historiques), ce qui rend son application difficile et parfois controversée. L’idée que chaque nation devrait avoir son propre État n’est pas toujours juridiquement fondée, mais elle est devenue une réalité dans le contexte du nationalisme du XIXe siècle et des guerres du XXe siècle. L'État-nation a ainsi émergé comme une forme politique dominante, bien que non sans tensions, notamment à travers la question des minorités.
Le droit des minorités a pris une place centrale dans les relations internationales, en particulier après les bouleversements de la Première Guerre mondiale et la décolonisation. Cependant, la protection des minorités reste problématique, les États étant souvent réticents à reconnaître des droits qui pourraient menacer leur souveraineté et leur intégrité territoriale. Le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, bien qu’il soit une conséquence logique de la décolonisation, est aussi lié à des principes de souveraineté et de territorialité. Ce droit s'oppose parfois à l'intégrité des États nouvellement formés, notamment dans des contextes post-coloniaux ou de conflits.
Ainsi, la distinction entre minorités, peuple et nation reste un enjeu juridique majeur, particulièrement dans les contextes conflictuels où l'équilibre entre les droits individuels et la souveraineté des États est difficile à maintenir. Les mouvements de libération nationale ont souvent été un moyen pour les peuples colonisés de revendiquer leur droit à l'autodétermination, mais cette revendication reste circonscrite aux contextes de colonisation et de domination.
Dans le cadre des droits humains, ces principes, bien que souvent affirmés dans des instruments internationaux, se heurtent aux réalités politiques des États. Les questions relatives aux minorités ou à l’autodétermination demeurent donc une partie du droit international qui continue de susciter des débats sur la manière de concilier les aspirations des peuples avec les structures étatiques existantes.