Please enable JavaScript.
Coggle requires JavaScript to display documents.
§ 2 - De la déflation à la stagflation: « l’âge de l’inflation » est-il…
§ 2 - De la déflation à la stagflation: « l’âge de l’inflation » est-il révolu?
Jusque 50s : alternance inflation/déflation
2 chocs pétroliers (1973/79) --> pic de l'inflation
1970s : stagflation --> place la question de l’inflation au cœur de l’analyse économique (
Friedman
, NEC…) et de la politique économique (Volcker…)
A partir de 80s : mouvement de ralentissement de l'inflation
dps 2000s : taux d'inflation ≈ 2% (parfois nul)
Retour de l'inflation ? car hausse des cours des matières premières, pourrait s'installer durablement
O. Passet
- inflation ne reviendra pas = dommage car effets positifs --> "déflation par la dette"
I - Les évolutions du niveau général des prix depuis deux siècles: du « cycle de prix » à la fin de « l’âge de l’inflation » (
Rueff
)
A - L’inflation est une forme particulière d’évolution du niveau général des prix
Définition : inflation =
"perte du pouvoir d'achat de la monnaie qui se traduit par une augmentation générale et durable des prix" (def INSEE)
processus de hausse du niveau général des prix, cumulatif et auto-entretenu
mesuré par IPC (indice des prix à la conso) --> mesure pouvoir d'achat jusque 60s, puis croissance en 70s, puis comparaisons internationales en 80/90s
Variations de l'inflation entre pays de la zone euro = "pays imaginaire" --> IPCH (indice des prix à la conso harmonisé)
Déflation = Baisse de l’indice des prix (svt associé à dépression, car baisse des prix + rapide que baisse des tx d'intérêt et retard des décisions de conso --> recul de la D)
Cycle de
Kondatriev
= cycles de prix (alternance inflation/déflation)
Hyper-inflation (
P. Cagan
) : hausse mensuelle de plus de 50% de l’indice des prix
Garzon
: chute de la production --> augmentation des prix --> augmentation de l'argent en circulation --> hyper-inflation
2 - Les limites de l’indice des prix
Critiques de l'IPC : sous-estimation du changement de qualité des produits (innovation,
Aghion
= "croissance manquante"), ne prend pas en compte sphères sources de déséquilibres comme logement, finance etc, ne prend pas en compte changements de biens car variations des biens relatifs, nouveaux produits... --> surestime hausse des prix
Caffet
-
"L'indice n'est pas parfait, mais c'est le meilleur que l'on ait"
car il s'agit d'une moyenne et est faussée par progrès technique
On peut étendre IPC --> "indice du prix des actifs" = reflet évolution des prix des actifs immobiliers et financiers
B - Le cycle des variations de prix avant 1945
1 - Quelques épisodes historiques avant le XIX ème
Phases d'inflation avant période contemporaine comme due à l'arrivée de l'or (Antilles) et de l'Argent (Potosi) au XVI e s
2 - L’alternance cyclique inflation/déflation avant 1914
XIXe s : relative stabilité des prix --> 0,25% par an en Fr, gains de productivité dans l'agriculture sont faibles -
Morineau
Tendance à la baisse des prix industriels (gains de productivité, concu)
Kondatriev
- cycles longs // oscillation des mouvements de prix
3 - Les déséquilibres de l’entre-deux-guerres: une période charnière
Guerres --> inflation de pénurie (O<D) + création libérée de l'étalon-or
Crise 30s --> déflation
Différences nationales
Jacques Rueff
- début de "l'âge de l'inflation"
C - De l’accélération de l’inflation (années 1960/début années 1980) à la désinflation structurelle
1 - Trois formes d’inflation après la 2GM
1940s : inflation de pénurie
1950/60s : inflation "rampante", croissance, O<D
fin 1960/70s : inflation structurelle "ouverte"
Phases : inflation rampante --> ouverte --> galopante --> désinflation
2 - La « Grande inflation » des années 1970/début 1980’s
1973/74 : chocs pétrolier --> inflation touche tous les pays, mais entre 1975/79 certains connaissent une désinflation (EU, République fédérale d'Allemagne, Japon) d'autres poursuivent l'inflation (FR, GB, Italie) + 2e choc : 1978/81 --> ralentissement de LT de la croissance
Stagflation (
Bezbakh
) - croissance faible associée à une inflation inhabituellement élevée, comme en 1974-1975, et au début des années 1980
McLeaod
- stagflation = le pire de la stagnation et de l'inflation
3 - Une désinflation généralisée à partir des années 1980
C. Borio
- l'âge de "la grande modération" (fin des 90s, début 2000s) = croissance sans inflation, mais développement bulle immobilière et financière (éclate lors de crise 2008)
II - Les variations du niveau général des prix : de l’« enflure monétaire » au poids des structures économiques
L'inflation est toujours monétaire mais peut être en lien avec d'autres causes
A - De l’« enflure monétaire » aux déséquilibre sur les marchés
1 - La théorie quantitative de la monnaie et la monnaie exogène
David Hume
- théorie quantitative de la monnaie :
"le prix des marchandises est toujours proportionnel à l’abondance de la monnaie"
(effets réels de la monnaie) = tx d'accroissement monétaire > à celui de la production réelle --> hausse du niv général des prix
Irving Fischer
(1911)
- "Un volume supérieur de monnaie achetant le même volume de marchandises, il faut que les prix montent"
Retour de la théorie quantitative avec
Friedman
et Néo-classiques
Friedman
(1956)
- "La cause immédiate de l'inflation est toujours et partout la même : un accroissement anormalement rapide de la quantité de monnaie par rapport au volume de production"
, responsable = le gouvernement
Effet Cantillon (autrichiens) - l’introduction de la monnaie exerce un effet progressif et différencié sur les prix = distorsion des prix, monnaie est nocive car envoie mauvais signaux
Inflation (
P. Volcker
) -
"trop d'argent courant après trop peu de biens"
, peut provenir d'un excès de monnaie ou de l'insuffisance de la demande
2 - Un effet des déséquilibres entre offre et demande sur le marché des produits
D globale > O globale, inflation provient de :
excès de demande (ménages, entreprises, Etat) = "inflation tirée par la demande" (--> croissance de la quantité de monnaie)
insuffisance de l'offre (environnement, Etat, entreprises)
--> monnaie endogène
gap déflationniste : D < O
gap inflationniste : D > O
Inflation comme résultat de la chute de l'offre (crise frumentaire, guerre...) = sous production
Inflation comme résultat d'un surplus de la demande
R. Cantillon
- peut être atténué avec importations pour répondre à D (éco ouvertes)
Situation actuelle reprise après un choc d'offre, la demande augmente mais plans de relance visent à éviter que les entreprises fassent faillite (contient potentielle inflation)
3 - Le rôle des imperfections de marché et des coûts de production
Inflation par les coûts : facteur travail, capital, matières premières, interventions publiques (suppose une monnaie endogène) + pouvoir de cartel + professions réglementées + domination des actionnaires
Courbe de phillips (réinterprétée) repose sur l'hypothèse de l'inflation par les coûts
Inflation importée : excédent balance courante (entrée de devises si changes fixes --> création monétaire) ou importations incompressibles (hausse des prix des produits importés)
P. Bezbakh
- plusieurs interprétations de l'inflation : par la monnaie, par la demande, par les coûts
B - L’inflation au cœur des structures du capitalisme monopoliste
L'inflation = phénomène structurel : dysfonctionnement structurel des marchés + comportement des acteurs
1 - La maladie des coûts dans une croissance déséquilibrée au profit du tertiaire (
Baumol
)
Baumol
(1966/67) - "maladie des coûts" = secteurs à stagnation asymptotiques avec éléments "progressants" et stagnants
Kolm
(1970) - une des sources de l'inflation =
"disparité des accroissements de productivité entre les différents secteurs et de la tendance contraire a l'uniformisation des rémunérations des facteurs de production d'une branche à l'autre"
2 - Le passage à une « régulation monopoliste »
Inflation est propre au régime de croissance monopolistique --> + favorable au salariés (salaires, cotisations soc...) donc pression à la hausse sur les coûts de production
3 - Les effets de second tour et l’entretien de l’inflation (et de la déflation)
Processus généralisé et auto entretenu :
effet de 1er tour : choc de l'offre --> hausse du prix à la production et donc à la conso (de l'énergie)
effet de second tour : anticipation d'inflation + lutte pour le partage de la VA (salaires/profits)
Friedman
- anticipations d'inflation // prophéties auto réalisatrices = "anticipations adaptives"
Néoclassiques (
Barro, Lucas.
..) - "anticipations rationnelles"
--> 70s : individus ont l'expérience de l'inflation (effet d'apprentissage) --> pression sur salaires --> devient structurel
Weber
-
"Les prix monétaires résultent de compromis et de conflits d’intérêt"
= jeu des rapports de force --> hausse des salaires donc entreprises augmentent leurs prix pour maintenir profits donc baisse du pouvoir d'achat --> pression à la hausse sur salaires etc = spirale prix/salaires
C - La “fin de l’inflation” comme produit des anticipations et des structures d’un “capitalisme financiarisé”
Phénomènes --> faible inflation : mondialisation, automatisation, perte de pvr (de négociation) des syndicats
1 - Le triomphe surestimé du « banquier central conservateur »
Rogoff
(1985) - propose de déléguer politique monétaire à banque centrale, plus opposé à l'inflation que les gouvernements = modèle du "banquier central conservateur"
2 - La « grande modération » comme résultat de la mondialisation
Aglietta
- plusieurs facteurs à la baisse tendancielle des taux d'inflation : baisse du pvr de négociation des salariés/inflation s'est porté sur prix des actifs plutôt que sur biens et services + globalisation échanges et internationalisation des chaînes de valeur (importation) + hausse de l'épargne au niv mondial
3 - « Back to the 60’s » (
Olivier Blanchard
) ou “Back to the 70’s””?
O. Blanchard - "The US Phillips Curve: Back to the 60s?"
(article)
Delas
- 40 ans d'expérience de la désinflation --> individus effectuent moins bien anticipations inflationnistes, sensibilité de l’inflation au recul du chômage est donc faible
(ex Japon)
P. Artus
- aujourd'hui : débat au sujet d'un retour de l'inflation, on a plus de théorie économique claire de l'inflation
Vittori
- pas encore de l'inflation car manque 2 éléments essentiels : hausse des prix doit toucher de nombreux produits/services et doit être auto entretenue
III - Inflation ou déflation : que faut-il craindre?
J. Rueff - "Rien n’est plus dangereux que l’inflation, excepté la déflation"
Keynes - "L’inflation est injuste et la déflation inopportune. Des deux la déflation est peut être la pire (…) parce qu’il est plus grave dans un monde appauvri de provoquer le chômage que de désappointer le rentier"
A - La nécessité d’une inflation maîtrisée
Piketty
-
"La nécessité d’une inflation maîtrisée"
: pauvres = les + touchés
1 - Des effets négatifs: L’inflation perturbe le fonctionnement des mécanismes de marché
Inflation --> change taux de change réel --> dissout repères du fonctionnement de l'éco capitaliste
Les + touchés : salariés (sans pvr de négociation) et ceux qui touchent des allocations (dés-indexés)
M. Friedman
- inflation = remède illusoire au chômage (effets seulement sur 2/5 ans)
Explication (
Gaffard
) - temps d'écart entre l'accroissement du tx d'inflation courant et accroissement du taux d’inflation anticipé + Si gouvernement maintient tx de chômage < tx naturel --> taux d'inflation toujours > anticipations
En FR, plans de lutte contre l'inflation : plan Pinay (1958), plans Giscard d’Estaing (1963-69), plan Fourcade (1974), plan Barre (1976/78)
2 types de po contre l'inflation : po de stabilisation (po conjoncturelle) et contrôle des prix ou po de revenus (po structurelle)
2 - Croissance, dette et chômage : les avantages d’une inflation modérée
Conclusions sur inflation :
très forte inflation --> effets négatifs sur l'activité
baisse des prix --> baisse de la croissance
zone intermédiaire (entre 0 et 40%) relation invisible de l'inflation avec la croissance (
Bruno et Easterly
)
Keynes
- inflation modérée --> permet donc aux firmes de baisser les salaires réels tout en maintenant les salaires nominaux
Inflation --> baisse de la charge de la dette (sans avoir forcément solde primaire positif)
Dps 2011 : menace déflationniste --> objectif principal de la BCE n’est plus de stabiliser l’inflation, mais d’empêcher la déflation
Enjeux de l'origine de l'inflation :
choc de D positif --> po monétaire restrictive
choc d'O négatif --> po monétaire n'est pas adaptée
B - « Déflater les craintes déflationnistes » (
Charles Plosser
, 2003) ?
1 - La peur récurrente de la déflation
Christine Lagarde - "Si l’inflation est le génie, alors la déflation est l'ogre qu'il nous faut combattre avec vigueur"
Spectre de la "japonisation" des économies
Japon entrée dans phase deflationnsite dps 90s
Choc déflationniste : choc violent et durable, qui se transmet via une boucle prix/salaires, dans un environnement où la politique monétaire devient inopérante
Rôle important de la psychologie des agents car anticipent baisse des prix --> reportent leurs achats --> baisse de la demande --> baisse des prix
Effet pervers : fragilise la solvabilité des agents endettés = déflation par la dette
Déflation par la dette et risque
Fischer
(1933) - ventes de détresses --> "chute du niveau des prix" car baisse de la vitesse de circulation de la monnaie --> chut des profits --> réduction de la production, de l'emploi --> perte de confiance --> thésaurisation
Financiarisation de l'éco : ne touche plus uniquement marché des biens (grande dépression) mais aussi marché des titres etc
2 - Une crainte surestimée
Charles Plosser
(nouveau classique, théorie des cycles réels) -
"Déflater les craintes déflationnistes"
car d'après expérience récente, périodes d'inflation correspondent à des phases de croissance éco et pas à de la stagnation ou du déclin
Ex : bonne inflation (années folles, gains de productivité...), mauvaise inflation (faiblesse de la D au sortie de G...), inflation horrible (1929/33...)
Déflation provenant d'un choc positif = bonne inflation ≠ déflation d'origine financière = + dangereuse. Légère déflation n'est pas mauvaise
C - Le retour de l’inflation pour échapper à la stagnation ?
K. Rogoff - "Les banques centrales sont beaucoup trop occupées à mener les guerres des années 70. Certaines font du contrôle de l’inflation une religion. Dans des circonstances extrêmes, il faut être flexible"
= peur de l'inflation
O. Passet - "Et ce rendez-vous loupé avec l’inflation est aussi une occasion perdue. Car l’inflation n’est pas seulement un poison pour les marchés financiers et le pouvoir d’achat. C’est une arme de réduction des déséquilibres"
--> réduire poids de la dette/dégonfler bulles sur marché d'actifs
BCE : n'agit pas face à l'inflation car :
Etats sont endettés, certains devront se refinancer à des tx + élevés (menace de crise de la dette souveraine)
l'art de la parole, discours pour influencer les anticipations (
Jezabel Couppey Soubeyran
)
Inflation rampante (<5%) est favorable à la croissance et réduit les dettes