Etude Genre : la socialisation différenciée part. 2

1. la socialisation par les loisirs / Transgresser l'ordre des sexes ?

Une mère: « À la fête de l’école, ses copines inscrites à la danse sont venues avec leur tutu et elles ont fait
une petite chorégraphie. Le soir même, Louise m’a cassé les pieds pour acheter un tutu et s’inscrire à la danse. Bon, je n’étais pas très emballée, mais elle avait l’air d’en avoir tellement envie ! Donc à la rentrée on l’a inscrite à la danse (mère de Louise, photographe, pratiquante de handball) » (Mennesson, 2011, p. 102).

2. la socialisation par les loisirs / concept de "naturalisation"

« Les études genre affirment qu’il n’existe pas d’essence de la féminité ni de la masculinité, mais une instruction tout au long de la vie des comportements socialement attendus des individus en fonction de leur appartenance de sexe, voire une performance, c’est à dire le fait de jouer le rôle pour paraître / être ce que l’on joue » (Galibert, 2018, p. 43)

La concept de « naturalisation » (appliquée au genre): « se manifeste, par exemple, dans la prétention à rendre compte des écarts observés entre pratiques masculines et féminines en les attribuant à des invariants ‹naturels›. Ce faisant, elle apparaît d’autant plus vraisemblable que les habitus incorporés au fil d’une action pédagogique précoce et ininterrompue s’expriment dans une hexis corporelle (masculine/féminine) facilement ‹naturalisée› : le corps est spontanément classé du côté de la ‹nature›. En d’autres termes, la ‹naturalisation› attribue à des effets du ‹sexe› (biologique) le ‹genre› (socio-historiquement construit).
De façon générale, le concept de ‹nature humaine›, ‹la plus simple et la plus naturelle des natures simples›, est à l’œuvre dans les usages de critères d’analyse comme le sexe, l’âge, la race ou les aptitudes, conçus comme des données naturelles, nécessaires et éternelles, ou encore ‹sous les espèces de concepts qui en sont comme la monnaie›, ‹tendances› ou ‹propensions›, ‹motivations› ou ‹besoins› »

3. socialisation par les loisirs / perception de ces inégalités

  • Filles décrochent des activités de loisirs vers 11-12 ans
  • Les garçons sont bénéficiaires des 2/3 de l’offre publique et les loisirs qui leur sont destinés sont 30% plus chers

-> la séparation revient à nouveau à une hiérarchie

  • les activités de loisirs ont ensuite une influence sur le champs professionel

la musique classique reste mixte mais qu’à 11-12, la musique altérnative est pensé et pratiquer par les garçons

Face au constat que « les garçons sont bénéficiaires des 2/3 de l’offre publique et les loisirs qui leur sont destinés sont 30% plus chers», que répondent:

1) Les responsables des loisirs (professionnelles de l'éducation, de l'animation, ou de l'action culturelle) : situation « pas si mauvaise », « on va dans dans le bon sens »

2) Les professionnel·les de l’éducation, de l’animation sociale ou de l’action culturelle : étonné·es, mal à l’aise mais proposent des explications pour supporter ou occulter cette réalité

• Naturalisation: Performances, créativité et psychologies différentes en fonction des gènes, des hormones, etc..

• Relativisation: Oui mais «ça va de mieux en mieux» ou externalisation classiste ou ethnoraciste des discriminations de sexe

• Négation: «les chiffres sont faux»

ils accusent les milieux populaires. Il essaient de se dédouaner. —> c’est faux, les loisirs ont les memes taux de différenciation chez les bourgeois que chez les milieux populaires.

4. Socialisation différenciée —> structuration genrée de la société


« L’organisation sexuée (de l’espace, du langage, de la culture, des jouets, de la littérature, de la publicité, etc.), bien qu’on puisse souvent la penser comme une adaptation simple à la différence naturelle des sexes, constitue en réalité une véritable boucle de rétroaction. L’adaptation contribue à construire la différence de sexe et à la rendre pertinente pour les acteurs sociaux. lesquels, en retour, la projettent sur des éléments biologiques comme la différence des sexes. De la sorte, une fois les catégories de sexe inscrites dans les structures sociales, les corps et les esprits, elles peuvent s’admirer dans leurs produits et revendiquer comme évidence leur sexuation » (Galibert, 2018, p. 104)


« Inscrites dans les structures sociales »: incorporation, hexis, habitus

« Le féminin et le masculin ne sont plus vus comme le fruit ‘naturel’ d’une appartenance à un sexe biologique mais comme le résultat d’un processus de ‘formation’, ou de ‘déformation’, des personnes par l’ensemble des pratiques réciproques, à travers notamment l’éducation et les attentes de l’organisation sociale ». Pferfferkorn, Roland

  • Le féminin et le masculin sont opposés
  • Le masculin souvent « vaut plus (androcentrisme)