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POLITIQUES CULTURELLES (2/2) JANVIER 2022 - N. DANNEMARK - Coggle Diagram
POLITIQUES CULTURELLES (2/2) JANVIER 2022 - N. DANNEMARK
FRANK PIEROBON
CULTURE, POLITIQUE ET ÉCONOMIE
Pouvoirs de la Culture – Culture du pouvoir
La culture est un faisceau d’évidences sociales communes, avec deux horizons d’obscurité
L’acte créateur de l’artiste
Le pouvoir appréhendé à partir de ses effets communicationnels, de séduction, de fascination et d’intimidation
Qu’est-ce qu’une
« politique culturelle » ?
d’abord un concept évident, parce que la culture c’est de l’évidence commune
toute politique est culturelle et que toute culture est politique.
Toute politique est culturelle, même lorsqu’elle ne veut rien savoir de la culture.
Toutefois, aucune politique n’est que culturelle, et toute culture n’est que politique.
La culture, ça peut être
la grande culture, tout ce qui relève du beau, ce qui nous émerveille, quelque chose associé à la manière de dire les émotions...
Mais ça peut être simplement la culture au sens ethnographique (communauté, village, clan, tribu...).
Il y a donc des réflexe culturels auxquels on ne pense pas. Ici, dans la politique de la culture se distingue deux choses
La création artistique individuelle, avec son extrême qui est une politique de star
La création collective : c’est par exemple la ligue d’impro, mais ce n’est pas seulement cela, quoique.
La politique et l’économie
Dans l’équation de la culture et du politique, le côté aveugle est la culture, où tout est finalement politique
Dans l’équation du politique, par rapport à l’économie, le côté aveugle c’est le politique.
L’art comme expression de soi ou comme produit culturel
Le grand problème ici, c’est que si on a l’expression artistique, où la seule chose qui nous intéresse c’est nous même, qu’on ne comprendre pas la dimension politique, alors le mythe de l’artiste maudit et ravagé est juste une belle histoire.
Par contre, si on a un souci du public (qu’est-ce qui marche et pourquoi), c’est quelqu’un qui s’extasie.
Créations, auteurs et créations sans auteur
Toute énigme humaine est source de mythe. On est ici dans l’idée de l’acte créateur de l’artiste.
3.1. Le créateur comme auteur de son propre mythe
l’artiste doit non seulement produire l’œuvre, mais aussi se produire lui-même comme capable de cette œuvre-là, qui est et qui n’est pas lui-même
3.2. Faire corps avec son œuvre
Une première zone floue dans tout discussion sur la politique culturelle nait de la confusion entre : l’œuvre comme quelque chose d’indépendant de son artiste créateur
3.3. Que veut dire créer aujourd’hui ? (la question du politique de la création)
Toutefois la création en elle-même, avec et sans auteur, dans l’histoire ou hors de l’histoire, est toujours très vivace. L’on crée tous les jours, ne serait-ce qu’à travers la socialisation.
Soubresauts dans la culture : le statut de l’individu face à la masse
L’expression « culture de masse » est souvent présentée comme un oxymore (Adorno & Horkheimer, E. Canetti, etc.),
parce que la communauté (le « vivre-ensemble ») est du politique vivant
tandis que la masse, la foule anonyme où personne ne connaît personne, est anti-culturelle.
L’art <-> la technique : du synonyme à l’antonyme
Le métier, c’est ce par quoi l’être humain se transforme en artiste en même temps que sa matière devient œuvre
L’essor de la technique machinique mène à la disparition du métier humain et par conséquent de l’humanisation dans le travail de création (et/ou d’interprétation). L’émergence d’un mythe de l’inspiration: l’œuvre sans travail
La question du technologique et la disqualification du consommateur
La matière, l’économie, la technologie sont autant de facteurs qui déterminent non seulement le processus de création
en tant que production mais aussi la signification de ce qui est créé et produit, au niveau tant symbolique, spirituel qu’émotionnel
6.1. Exemple de l’influence de la photographie sur la peinture
L’art pictural – la culture et la technique de la peinture – est étudié pour lui-même, dans son histoire immanente avec sa mythologie peuplé de génies absolus à finalité scolaire, sans tenir compte de la concurrence dévastatrice que la photographie lui a infligée dès 1839
La peinture est devenue elle-même quand elle a cessé de s’estomper au profit d’une représentation « photographique » (avant la lettre) de la réalité.
La vie ou la mort : l’individu est son œuvre
à partir de l'époque romantique; désacralisation du pouvoir monarchique et laïcisation des institutions publiques
L’artiste voit son œuvre comme une prolongation idéale de lui-même (de sa génialité), mais le plus souvent l’œuvre obéit à d’autres lois que l’artiste.
L’ère romantique à créé la figure de l’artiste maudit, de l’artiste fou et de l’artiste raté
LOUIS XIV; LE GRAND PIONNIER DE LA POLITIQUE CULTURELLE
Louis XIV (1638-1715)
Louis XIV est devenu roi à 4 ans et sacré à 16 ans. Il est important, car c’est le premier à avoir une politique culturelle, à mobiliser des sommes extraordinaires
Son règne a commencé dans une période extrêmement troublée. Cela se passe mal, les nobles ont marre de l’absolutisme de Louis XIII et de Mazarin (main mise de l’Eglise, d’une femme sur le royaume avec le régendat de la mère de Louis XIV, de l’Italie sur la France...).
Louis XIV doit survivre face à tout cela. Il se retrouvera traumatisé par cette période. C’est ainsi qu’il conquis le pouvoir de l’art.
Louis XIV va créer une politique culturelle qui est d’abord un outil de survie.
il devient un virtuose de la danse
Le ballet a été pendant cent ans le divertissement préféré de la Cour
Louis XIV voulait être une star. Il a mené une politique de la gloire. Il veut plaire. Il ne veut pas divertir ses sujet, mais il danse avec ses sujets pour montrer qu’il est le meilleur danseur, qu’il est désirable et qu’il est la star absolue de la fête, dans un milieu de la France où les gens dansent
Le roi va dépenser des sommes colossales pour ces fêtes. C’est une politique culturelle qui affermit et renforce le pouvoir. Louis XIV a constamment utilisé le beau, p
our théâtraliser son pouvoir.
Du divertissement partagé (comique) au spectacle sérieux (tragique)
Pour ce qui est de la comédie-ballet, la musique devient de plus en plus spécifique, il commande de plus en plus sur le détail
À l’époque, tout l’art classique parle français.
Ici, la vraie culture passe par le corps.
La tragédie lyrique mène à la disparition de la danse. En effet, avec l’opéra, cela bouge de moins en moins. Si le roi arrête de danser, tout le monde arrête de danser
La danse: divertissement de société ou art de l’élite?
En France, au XVIIème siècle, la danse était tout à la fois divertissement, art, rituel. ...elle était pratiquée, et parfois de manière virtuose, à tous les niveaux de la société
Le Roi-Soleil et le
souci de la gloire
Tout se passe comme si la personne du roi n’avait plus besoin désormais de représentation mythologique.
La chambre du roi est toujours la chambre du Soleil, mais il n’est plus nécessaire d’y peindre Apollon : il suffit que le roi s’y lève et s’y couche
Le Roi-Soleil est à la fois ce regard qui voit tout, tout comme l’astre éclaire tout, et il est ce par quoi il y a regard, en en fournissant la lumière
Chacun admire quelqu’un dont il/elle veut être admiré en retour, et cela fait partie du modus operandi le plus profond et fondamental de l’admiration.
LA CULTURE DE LA SOCIÉTÉ LIBÉRALE AVANCÉE; The American Way of Life
LA CULTURE POPULAIRE
La culture totalitaire est-elle une culture populaire ?
Le totalitarisme prétend être la seule culture populaire. Or, là où il y a du totalitarisme, là où il y a du pouvoir, il n’y a plus de culture haute ni de culture basse.
Par sa politique culturelle même, il y a une négation de ce que peut être la culture. Autrement dit, dès l’instant où il y a du pouvoir, il n’y a plus de culture.
Donc, si la culture totalitaire n’est pas la culture populaire, alors on peut se demander si la culture populaire ne serait pas notre culture par défaut ?
La culture populaire, une culture par défaut
dans notre société libérale avancée, il n’y a pas « une bonne manière » de faire la culture
Dans notre société, les cultures populaires traditionnelles n’étaient pas réactives. C’est à partir du 18ème siècle que nos cultures sont devenues cultures réactives
Cela signifie que chaque culture est une réaction contre quelque chose. L’art n’a cessé de se développé contre ce qui le précédait
souvent la culture réagit de manière inconsciente face à l’asphyxie apportée de manière neutre par les nouvelles formes d’art ou de technologies.
Chaque nouveau courant lutte contre ce qui a été fait avant. Ainsi, l’histoire de l’art occidental (qui n’est pas nécessairement un art populaire) est un art qui joue constamment contre ce qui le précède.
LA DÉRISION
Ce sont les spectacles comiques pour lesquels nous n’avons pas besoin de faire de publicité. Le rire et le buzz plaisent
L’humour est plus qu’un discours, parce qu’il produit un effet : le rire, tout comme la tragédie, les pleurs. Il est donc culturel.
Ainsi, l’humour est essentiellement politique et culturel car pour parler humour, il faut parler de ce qui n’est pas humoristique.
Pour cela, le pouvoir totalitaire est un bon sujet ; ceux qui ne rient pas d’un régime totalitaire tourné à la dérision sont en fait des fascistes.
Usages possible du Kitsch
Le rire est ce qui ramène la vie et qui dénonce le caractère kitsch d’un régime totalitaire.
Le Kitsch, caractérisé par l'usage volontaire, dévié, d'éléments démodés et de mauvais goût, est la dérive inévitable de l’art officiel des régimes totalitaires
L'AMÉRICANISATION DU MONDE
Les Etats-Unis, emblème de la modernité
L’évolution de l’organisation du travail et la rémunération des ouvriers va mener à une démocratisation de l’industrialisation
TAYLORISME
l’organisation scientifique du travail
le taylorisme dépasse largement le concept de division du travail en opérant une double séparation; entre conception et exécution et entre les tâches d'exécution
En décomposant le travail en une série de gestes simples, le processus va être plus rapide.
FORDISME
chaînes de montage
le travail est amené à l’ouvrier. Cela réduit les mouvements et la nécessité de penser
Accès à la consommation généralisé à tous : c’est l’avènement d’une société de consommation où on valorise le bien-être matériel
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis connaissent une période de prospérité sans précédent qui favorise l'émergence de la société de consommation de masse.
Caractérisée par l'apparition de nouveaux modes de vie fondés sur le confort matériel lié à l'utilisation des nouvelles technologies. Le niveau de vie des individus s'élève considérablement.
Cette société de consommation de masse est aussi caractérisée par l'augmentation des temps de loisirs :
la télévision occupe les soirées et l'automobile permet de se déplacer plus facilement pendant les périodes de vacances.
La culture américaine est un
syncrétisme culturel
(=synthèse plusieurs traits culturels d'origine différente, donnant lieu à des formes culturelles nouvelles).
Elle a d’abord été populaire (cinéma) et même marginale (jazz), puis est entrée dans le jeu de la diplomatie culturelle à partir de la Seconde Guerre mondiale.
Aujourd’hui, la culturelle américaine est dominante à travers le monde.
LA POLITIQUE CULTURELLE DES RÉGIMES TOTALITAIRES
La Haine est une passion
Les régimes totalitaires sont particulièrement décidés et déterminés sur ce que devaient être leurs politiques culturelles.
Le totalitarisme, c’est un terme mis à la mode par le travail de Hannah Arendt, notamment dans Les origines du totalitarisme (1951).
Elle s’est demandée : comment l’Allemagne, qui est le plus souvent le totalitarisme numéro 1, qui était à la pointe du progrès, de la science, comment ils ont accouché d’un monstre comme le régime nazi et toutes ces choses impensables?
la haine c'est la chose qui a toujours hanté l'être humain
La haine catégorielle est, de tout temps et de toute époque, avec le totalitarisme, montée à un niveau de système.
La Russie soviétique est tout aussi meurtrière que l’Allemagne nazie. En effet, l’Allemagne nazie et la Russie soviétique sont deux totalitarismes meurtriers qui ont, pour antithèse historique, notre présente société libérale avancée
Symétriquement à la démocratie, qui est une culture et par conséquent une politique culturelle
le régime totalitaire est une
anti-culture
qui repose sur la soumission absolue du pouvoir (ce qui ne requiert aucune intelligence) et sur l’émotion haineuse
Lorsqu’on a un fonctionnement démocratique, on doit tout de mettre connaitre ce que c’est, comment cela fonctionne... ca suppose un minimum de culture politique.
Si on veut une culture démocratique, il faut tout de même avoir un minimum de culture
Par contre, si on est dans un régime de terreur, on a pas besoin d’une culture démocratique, on a pas besoin d’apprendre qu’est-ce que c’est que le fonctionnement de la terreur.
Cette question de la terreur est une anti-culture dans ce sens-là : elle repose sur la soumission absolue au pouvoir et ne requiert aucune intelligence
Les gens adorent la violence tant qu’elle ne atteint pas. Donc, la violence est non seulement une anti-culture, mais c’est aussi une véritable culture de la violence, c’est-à-dire que tout le monde adore la violence
L’enthousiasme et la terreur
Exemple l’image du 8e congrès dit « de l’honneur » (1936).
Il y a une massification. 1936, c’est le coup de force du régime nazi, qui a réoccupé la Ruhr, laquelle était démilitarisée.
Cette massification produit des effets particuliers qu’on retrouve aussi dans la politique plus contemporaine. Par exemple, avec les « mass games » (« The Land of the People »), en 2019, en Corée du Nord.
Dans les régimes totalitaires (Nazi/Soviétique)
On pourrait penser que lorsqu’on est soumis à la terreur, c’est une incitation à la soumission totale qui n’a rien à voir avec l’adhésion : soit tu es libre et tu adhères, soit tu n’est pas libre et tu n’adhères pas
Dans les régimes totalitaires, ce qui fait que le régime tient, c’est la croyance pour la croyance, qui est la « sœur jumelle » de la terreur. La terreur c’est cette idée très bien décrite par Hannah Arendt.
C’est à partir de là qu’il y a eu un climat de suspicion généralisé : plus personne n’a fait confiance à personne.
Quand on ne fait plus confiance à personne, on est comme un zombie politique ; et ce que veut absolument le totalitarisme, c’est avoir des zombies politiques.
Ce qui est important ici, c’est que contre tout attente, quand on a des combinaisons comme adhésion et terreur, c’est que l’économie est totalement passé du côté aveugle.
Dans la société libérale avancée (aujourd’hui)
on a une adhésion qui est molle, avec son apolitisme, son consumérisme, etc. Puis, on a toujours ce fond d’angoisse, qui est premier.
Ce n’est pas la société libérale avancée qui le fomente, et le pouvoir totalitaire va utiliser l’angoisse pour la monter en terreur. Entre l’angoisse et la terreur, le pas est net.
Le radicalisme d’extrême droite dans les société libérale (exemple : Zemmour) utilise cette angoisse et lui donne une direction.
Psychologie sociale : la terreur et l’adhésion
L’adhésion et la terreur, ce sont les deux face d’une même pièce. Être terrorisé, c’est être plongé dans la terreur, laquelle agit comme une transe
Pour la même raison qu’elle nous fait peur, elle nous fascine ; et nous voulons être fascinée. La culture, c’est mettre quelque chose dans un cadre, qui en dehors, nous ferait peur.
Adhésion totale, terreur totale
; pourtant les deux semblent se contredire « sur le papier »
La solution de continuité est un enchantement de tous les instants. On s’évertue à être invisible (soumission totale) tout en restait terrifié à l’idée d’être arbitrairement arrêtée et qu’on la fera disparaitre. Pour oublier la terreur, adhérer à la haine totale vis-à-vis d’un ennemi à la fois intérieur et extérieur, mais toujours spectacularisé.
La politique-spectacle : le Chef et l’Ennemi
L’ennemi de race (nazi) ou de classe (soviétique)
est d’autant plus nécessaire que la société va mal, qu’elle est en crise (économique, monétaire, militaire, etc.), ce qui fut le cas pour l’Allemagne vaincue et ruinée et pour la Russie soviétique (Révolution 1917).
Les causes de la crise sont non-humaines ou irrationnelles (mais sans visage). La haine a besoin d’un visage.
Pour sortir de la crise, il faut donc inventer un ennemi, un « personnage » qui sera toujours fictif et stigmatisable : les Juifs, les Noirs, les Latinos, les Arabes, etc. Donc c’est de la haine catégorielle
La société totalitaire est une société en crise qui s’invente une solution. La société libérale avancée est une société de la surabondance qui s’invente des problèmes
sculpteur officiel du régime nazi; ARNO BREKER