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§ 2 - Entre « monarque éclairé » et « dollar-roi » : la quête d’un bien…
§ 2 - Entre « monarque éclairé » et « dollar-roi » : la quête d’un bien public mondial monétaire
C. Crekou
: piliers du système monétaire international (SMI) : ensemble de règles/conventions et institutions + Pré-requis : Fournir des moyens de paiements acceptables par tous, confiance, liquidités et mécanismes de correction des déséquilibres
Giraud
: Ensemble d’institutions et de règles (et conventions) qui organisent les flux internationaux de capitaux et les rapports (convertibilité, taux de change) entre les monnaies nationales
Aglietta
: SMI = "bien public mondial"
I - Les dilemmes d’un monnaie internationale à régulation nationale
A - Les formes de la liquidité internationale : la prédominance des monnaies nationales
(réserves officielles soit la position monétaire des autorités monétaires)
1 - Les liquidités internationales au sens strict
forme naturelle : or
forme institutionnelle : DTS
forme nationale : monnaie nationale convertible (devise)
Le DTS (droit de tirage spécial) = "monnaie panier" = actif de réserve international, créé en 1969 par le FMI pour compléter les réserves de change officielles de ses pays membres. Sa valeur est basée sur un panier de cinq grandes devises ($, €, yen, livre sterling, renmnibi) ≠ monnaie (Etats membres s'engagent à convertir les DTS en monnaie)
2 - Les liquidités internationales au sens large
B - La monnaie internationale comme bien public
Hayek
: concurrence des monnaies nationales --> monnaie de référence la + performante
1 - Les six fonctions de la monnaie internationale (3 privées/ 3 publiques)
Typologie de
Benjamin Cohen
(1971) reprise par
Peter Kenen
(1983) sur utilisations internationales d'une monnaie : unité de compte internationale, moyen de paiement, réserve de valeur (selon utilisation privée ou officielle avec bq centrale)
Gourinchas
: domination de la monnaie de l'hégémonie, monopole difficile à contester car : externalité de réseau, toutes les fonctions de la monnaie, BW --> $
Conditions pour qu’une monnaie nationale soit utilisée internationalement :
convertibilité pleine
taille du pays émetteur, stabilité économique et politique
développement des marchés financiers
2 - Les facteurs politiques
Classification
Susan Strang
e (1971) et
Eri Helleiner
(2009) :
monnaie maîtresse (imposée)
monnaie négociée (marchandage)
monnaie clé (préférée par agents privés)
monnaie neutre
--> monnaies s'imposent pour des facteurs économiques/politiques
C - Du paradoxe/ dilemme de
Triffin
au « privilège exorbitant »
Conditions pour qu'une monnaie nationale = bien public mondial : liquidité, stabilité
Paradoxe de
Triffin
: si une monnaie veut être stable il faut éviter qu’elle soit distribuée en grande quantité et inversement
II - Des changes fixes aux changes flottants : « un enchaînement de sacrifices » qui reflète l’évolution des préférences collectives
B. Blancheton - « L’histoire du système monétaire peut être caractérisée comme un enchaînement de sacrifices »
// triangle de
Mundell
Systèmes monétaires :
1880/1914 : Etalon Or
1922/1931 : Gold Exchange Standart (Gênes 1922)
1944/1971 : Bretton Woods
1973 --> 1976 (accords de Jamaïque) : changes flexibles (flottants)
A - Étalon-or et sacrifice de la politique monétaire (les « golden fetters »,
Keynes
repris par
Barry Eichengreen
)
1 - Sous l’impulsion britannique, de nombreux pays au XIXè adoptent progressivement l’étalon-or pour ses vertus stabilisantes
Principes de l'Etalon Or : monnaie définie/convertible en or, dépôts convertibles en billets (puis en métal), émission monétaire liée aux réserves d’or de la banque centrale
Avantages : contrainte de convertibilité limite la hausse de la masse monétaire, assure stabilité des prix à LT (po monétaires/budgétaires), + de confiance (augmentation des échanges)
D. Hume
: "mécanisme de flux de prix-espèces" le système monétaire international basé sur le Gold Standard se corrigeait automatiquement
Car déficit balance de paiement --> sortie d'or, réduction de la masse monétaire --> baisse niv prix intérieurs --> + de compétitivité --> correction du déficit (et inversement)
2 - L’étalon-or relève cependant en partie du mythe
GB/City = « banque du monde », £ monnaie internationale
M. Aglietta
(1986) -
"Un régime fondé sur l’hégémonie de la libre sterling, adossée à l’or"
J Rueff
: Un régime fondé sur l’hégémonie de la libre sterling, adossée à l’or
Les phénomènes tendant à maintenir en équilibre les balance des comptes sont provoqués essentiellement par variation du pouvoir d’achat interne
Système Asymétrique : pays déficitaires --> chômage, déflation, pour rééquilibrage
Keynes
: "golden fetters" priorité équilibre externe > interne
3 - L’impossible retour de l’étalon-or dans l’entre-deux-guerres et la « guerre des changes »
Après 1GM : conditions monétaires et financières nouvelles --> recherche d’un nouvel ordre monétaire
Circuit financier de 1924 à 1929 : EU prêtent des dollars à CT à l’Allemagne pour qu’elle paie des réparations à la France, la Belgique, l’Italie et la GB qui remboursent les dettes de guerres aux EU
1922 : conférence de Gênes : Pas d’accord formel, pas de participation des EU --> Affirmation du principe de l’étalon de change-or (Gold Exchange Standard)
Hawtrey
et
Keynes
: éviter les pressions déflationnistes d’un retour à l’étalon-or
--> discussion pour un système monétaire international et 1er forme de gouvernance mondiale
--> $ comme devise internationale
--> la conversion des billets en or n’est acceptée que pour de gros montants
--> pas d'institution supranationale
Stratégie anglaise et française de stabilisation
La dislocation du système (1931-1939) et la fin des « Golden fetters » (
Keynes
)
1931 : abandon de l'étalon-or pour GB
1933 : suspension de l'étalon-or aux EU et échec de la conférence de Londres (réticences américaines)
--> début des dévaluations compétitives :
dévaluateurs précoces (GB, Japon, plus liés à la GB) : baisse du taux de change nominal
Dévaluateurs tardifs (France) : maintenir le taux de change réel en faisant baisser les prix (déflation)
Enseignement : coopération nécessaire --> accord tripartite (1936) entre FR, GB, EU --> idée que pour développement du CI il faut atténuer progressivement les régimes de contrôle de change (abolition) et donc mettre fin aux dépréciations monétaires
B - Le système de Bretton Woods et le sacrifice de la mobilité des capitaux
Keynes
(1941) : Des restrictions aux mouvements de capitaux entrants et sortants doivent être une caractéristique permanente du système d’après-guerre
1 - Une coopération monétaire institutionnalisée dans une « pax americana »
--> Retour de la coopération/cohésion, mais 2 pays dominants (EU et GB) = 2 thèses :
Plan
Keynes
(GB) : plus de marché des changes, monnaie de réserve mondiale pour régler les soldes, monnaie créée ex-nihilo --> po keynésiennes de relance (flexibilité des taux de change)
Plan (H)
White
(EU ) : domination du $, éviter dévaluations compétitives, réduction progressive du contrôle des changes --> veut exporter ses produits partout dans le monde, car ses industries de guerre vont manquer de débouchés avec taux de changes fixes supervisés par une institution internationale
--> Vainqueurs = américains avec taux fixes (mais ajustables)
Principes du système de Bretton Woods (1944-1973) :
fixité des parité (marge de +/- 1%) mais dévaluation si "déséquilibres fondamentales" (
Keynes
)
convertibilité externe (exemple $/or)
coopération monétaire internationale
EU = seul pays a déclarer sa monnaie convertible en or (1947) (échec de la convertibilité du livre la même année)
Institutions de BW :
FMI (1947) --> accorde des prêts aux pays en difficulté, ils sont accordés sous-condition, les pays doivent mettre en place des politiques et des réformes structurelles pour corriger les déséquilibres en échange de ces prêts + promouvoir stabilité des changes
BIRD (banque internationale pour la reconstruction et le développement en 1945) --> banque mondiale (1960)
Limite de BW : pas de monnaie internationale donc $ = suprématie
Périodes de BW :
1944-58 : "dollar gap" = âge d'or du système avec $ comme monnaie internationale par excellence et EU = 3/4 des réserves d'or (
Snyder
: BW = système d'étalon-dollar)
1958 : accords de BW rentre dans leur pleine application car monnaies européennes deviennent complétement convertibles
1958-71 : "dollar glut" = EU hausse des engagements vis-à-vis des nos résidents > stock d'or --> dilemme
L'aide Marshall --> reconstituer les réserves en devises des pays européens
2 - D’un système à l’autre (1958-1971) : petites et grandes crises de Bretton Woods
Petites crises comme celle du franc (1969) ou du mark (monnaies faiblement internationalisées), puisque dévaluations sont autorisées en cas de déséquilibres fondamentaux
All --> commence à constituer des excédents
GB --> attaque spéculative --> fragilise (défiance)
Grande crise : le déficit de la balance de base américaine va dépasser les besoins de financement du reste du monde et à partir de 1960 : les engagements des EU vis- à-vis du reste du monde > leur stock d’or --> « périmètre de défense du dollar »
a - « Périmètre de défense du dollar » (
Robert Roosa
, sous-secrétaire au Trésor de
Kennedy
)
Mise en place d'outils pour limiter la diffusion du dollar
b - Double marché de l’or en 1968 (spéculation qui suit la crise de la livre 1967)
Le dollar n’est plus « as good as gold » : fin BW ?
Le « déficit sans pleurs » et Pb de la confiance dans le dollar liée au déficit de la balance globale américaine (
Rueff
, 1963) et le privilège « exorbitant » (
Valery Giscard d’Estaing
, 1964)
Eurodollars : marché où les transactions portent sur des dollars américains détenus et utilisés hors des EU (opérations effectuées à la City, offshore) --> création de capitaux flottants --> spéculation --> crise 1971/73
J. Mistral
: après 2GM l’or cesse d’être le moyen ultime de règlement des échanges internationaux
Système de BW = pas stable = phase de transition
C - Le « semi-étalon dollar » (
Michel Aglietta
) et le sacrifice de la fixité des changes
1 - La fin de Bretton Woods en trois actes et le triomphe d’un flottement impur
La fin de BW - acte 1
Éclatement de la crise en 1971 : déficit commercial américain --> défiance vis-à-vis du $
1971 : fin (temporaire) de la convertibilité-or du dollar
1971 : accords de Washington --> réajustement des parités (ré/dévaluation des monnaies)
Tjr tensions / spéculations
La fin de BW - acte 2
1973 : flottement du mark et de toutes les monnaies européennes (« Serpent sans tunnel ») --> fin « officieuse » de Bretton-Woods
La fin de BW - acte 3
1976 : accords de la Jamaïque --> officialise fin de BW
Fin de la référence officielle à l’or dans le SMI (+ DTS)
--> « Sacrifice » de la fixité des taux de change face à la libéralisation des mouvements de capitaux
Mais système financier mondial ≈ « semi-étalon dollar » (proximité dans la structure et dans dysfonctionnements)
M. Dooley
(2003) : "bretton woods II"
C. Greckou
: le dollar connaît « une hégémonie persistante »
Gourinchas : « billet vert régnera longtemps »
2 - Les limites « des solutions en coin » et la « peur du flottement » : un flottement impur
2 solutions "en coin" (triangle de
Mundell
) 2 régimes de change :
flottement pur : renoncent à intervenir sur la parité (risques : spéculation, crises de change)
parité fixe : abandon de la politique monétaire (ne peut pas agir sur emplois, compétitivité etc)
Au début 1980s : déséquilibres massifs des BC entre les principaux pays industrialisés et une dé-synchronisation de la conjoncture américaine et de celle de l’Europe et du Japon
EU --> po monétaire restrictive et po budgétaire expansionniste --> appréciation du $ et déficit courant à partir de 1982 (perte de compétitivité) = début des déficits jumeaux
Tentative de gestion des taux de change flottants : accords du Plaza (1985) et Louvre (1987) --> fixent fourchette de taux de change entre 5 monnaies (USA, Japon, Allemagne, France et Royaume-Uni)
La dépréciation du $ a repris en septembre 1987
J. Williamson
(1983) : concept de « zones cibles » autour d’un « taux de change d’équilibre » --> pour encadrer la fluctuation des taux de change entre des limites --> garantit équilibre interne et externe
« Peur du flottement » dans les pays en développement et émergents --> éviter la surévaluation (pb de compétitivité et crise de change), la dépréciation (charge de la dette), la spéculation
L'intégration monétaire européenne : combiner flexibilité des changes externes et fixité des changes internes, étapes = "serpent monétaire" (1972/78) --> système monétaire européen (1979/93) --> monnaie unique = changes fixes
Monnaie-panier de référence = l’ECU (European Currency Unit)
MEC (mécanisme européen de change) = mécanisme alternatif de change pour les pays qui ne sont pas dans la monnaie unique
Objectif des pays dans le SME identiques (réduire l'inflation)→ politiques monétaires identiques (alignées sur celles de l’Allemagne). Donc pays européens renoncent à la souveraineté monétaire (triangle de
Mundell
) sauf l'All = fonctionnement asymétrique (Mark // $)
1991 : réunification allemande --> politique monétaire intenable pour les autres pays, sortie du SME
3 - L’apparition d’un « nouveau Bretton Woods » (« BW II »,
Michael Dooley
) ? (années 2000/2010)
M. Dooley
: "nouveau Bretton Woods" car $ tjr au centre du système
"douce négligence" : EU ne se préoccupent pas des effets de leurs po sur le reste du monde
Conséquences pour EU :
positifs : tx d'intérêts bas, financement de la balance de paiement facilité, augmentation des rendements des actifs
négatifs : surévaluation de la monnaie, déficit commercial
Conséquences sur système monétaire international : désalignement des monnaies permanent, moins de confiance
Calvo, Reinhart
: "peur du flottement" --> ancrage dominant des monnaies sur le dollar
« Dilemme du prisonnier » = moins mauvaise réponse en l’absence de coopération
$ = 2/3 des réserves mondiales + remplit les 3 fonctions de la monnaie
EU = prêteur en dernier ressort en cas de crises car confiance (dollarisation)
Aglietta
: "semi étalon d'or" = pays émergents contrôlent leur change vis-à-vis du dollar pour rester compétitif (donc accumulent des actifs en $)
Critiques du SMI actuel : absence de mécanismes coordonnés pour réduire les déséquilibres, instabilité du financement des économies en développement, tx de change incohérents
III - Le paradoxe de la domination du dollar américain dans la « guerre des monnaies »
"Guerre de monnaies" = rivalités entre les monnaies pour être la monnaie internationale
C. Grekou
: 3 facteurs-clés de la résilience du dollar :
externalités de réseau (habitude)
finance
absence de concurrents sérieux
A - Du « privilège exorbitant » au nouveau « paradoxe de
Triffin
»
P. Artus
: le dilemme de
Triffin
est toujours d'actualité : Investisseurs pub/privés investissent leur épargne dans dette pub américaine (car confiance) --> donc EU = pourvoyeur du monde en liquidité et en actifs sans risque. Mais EU abusent de cette position pour s’endetter excessivement
Aglietta, Coudert - « La politique monétaire américaine est résolument centrée sur la stabilisation du cycle économique interne »
Po monétaires des pays en développement sont déterminées par po des EU
B - « Le dollar contesté, mais toujours pas détrôné » (
Carl Grekou
, 2020)
$ = monnaie internationale car remplit les 3 fonctions (+1) en usage privé et pub : unité de compte, moyen de paiement, réserve de valeur + circuit financier international
$ = monnaie d’ancrage (à part dans zone euro)
Bourguinat
- $ =
« le soleil autour duquel gravitent les autres monnaies satellites »
Aglietta, Coudert
: typo d'une monnaie internationale :
convertibilité
taille de l'économie
liquidité et profondeur des marchés
inertie, effet de réseau
Euro : convertible et taille de l'éco, mais pas liquide/profondeur des marché et pas de volonté politique donc = "monnaie incomplète" -
Aglietta
(et "monnaie sans Etat" -
Eichengreen
)
B. Coeuré
: 3 lacunes dans conception institutionnelle de l'€ : pas "monnaie refuge", segmentation des marchés de capitaux (dette n'aura pas la même fiabilité selon le pays euro), "cacophonie européenne"
... Dette commune pour plan de relance euro (covid)
Yuan (chine) : taille de l'éco et volonté po mais pas convertible (pas flottant, interventions en cas de crise sur tx de change) et pas liquide
E. Prasard
: Yuan pas encore "monnaie refuge" car institutions pas assez solides (méfiance des investisseurs institutionnels)
--> Pourrait avoir un rôle + régional au sein de l'Asie // €
DTS : taille de l'éco, mais pas convertible, pas liquide et pas de volonté politique
Eichengreen - « Pas de gouvernement mondial, donc pas de banque centrale mondiale, donc pas de monnaie mondiale. Point final »
E. Prasard
- « Le dollar règne par défaut » faiblesse des concurrents potentiels
B. Eichengreen
: monnaies numériques (comme Libra) ne remplaceront pas le $ car instabilité, pas de prêteur en dernier ressort ...
C - « Nouveau Bretton Woods » ou retour des guerres de change ?
K. Georgiva
: "nouveau moment Bretton Woods"
"BW II" = configuration comparable aux années 1960 (hégémonie dollar, déficit BP EUA) jusqu'en 2014
"BW 2.0" = nécessité d’une Gestion coopérative d’un SMFI multipolaire
C. De Boissieu
- de base
"guerre des monnaies désigne surtout les dévaluations compétitives, le désir de certains pays d’améliorer leur compétitivité grâce à la sous-évaluation de leur taux de change"
≠ nouvelle G des monnaies --> oppose monnaies pub et privées --> enjeu de souveraineté nationale
Aglietta, Coudert
(2014) --> Dollar monnaie principale d’un système multidevises