« Malgré l’existence d’un contexte particulièrement favorable pour le développement de l’enseignement à distance, le Gabon semble être resté en marge de l’engouement manifesté par les autres pays africains vis-à-vis de ce type de formation et fait partie des pays d’Afrique identifiés par le Séminaire d’Arusha (1990) et les séminaires sous-régionaux qui l’ont suivi comme n’ayant pas de politique d’éducation à distance » (Obono Mba, 2008). Aujourd’hui, treize ans après cette étude, la FAD n’a toujours pas fait son entrée dans le système éducatif gabonais. Par conséquent, aucune structure éducative ne dispose de plateforme à proprement parler dédiée à ce type de formation aussi bien dans le public que dans le privé. Certes on pourra citer l’existence depuis 2015 du premier établissement privé d’enseignement à distance dénommé Université Virtuelle Privée du Gabon (UNIVGA), mais cette initiative n’est encore que dans sa phase expérimentale. Soulignons néanmoins que de rares émissions pédagogiques souvent de courte durée (10 à 15 minutes) ont été de temps en temps enregistrées à la radio et à la télévision. C'est le cas de l'émission télévisée didactique bilingue intitulée "ENGLISH ON T-V", diffusée dans les années 2001-2003 sur les antennes de la RTG Chaîne 1. Ainsi, mis à part quelques initiatives privées isolées, la plupart des projets en matière d’EAD initiés au Gabon n’ont jamais vu le jour. Les rares qui avaient démarré s’étaient aussitôt effondrés, c’est par exemple le cas de la radio scolaire expérimentée pour la première fois à la rentrée scolaire 1966-1967. Ce projet qui avait pourtant eu l’aval du gouvernement et probablement des bailleurs de fonds (vu l’équipement et les moyens alloués au projet) a dû s’arrêter quelques années plus tard. Lors de l’atelier de www.frantice.net frantice.net, numéro 19.3, septembre 2021 39 partage des expériences de projets d’enseignement à distance pour la formation des enseignants dans les pays francophones de la CEDEAO et de la CEMAC, François Bika Bi-Ngoua (2004) précise à ce sujet que, pour la réalisation des activités de recherche et d'animation pédagogique, il avait été installé à l’IPN (Institut Pédagogique National) un studio d’enregistrement du son, disposant d’un tourne-disque, d’un magnétophone de studio, de quelques micros et d’un magnétophone de reportage. L’auteur précise également qu’un conseiller pédagogique ayant suivi la formation à St Cloud, en France, de 1963 à 1964 et passé une année au CRDP de Toulouse en France, était chargé de l’animation de ce dispositif » ( Obono Mba 2008, dans Obono Mba 2021 §12 p. 38-39)
« Ce qu’il convient de retenir c’est que ce type d’enseignement ne pouvait pas à priori répondre aux besoins des personnes vivant dans des zones défavorisées et ayant de faibles revenus. Soulignons à cet effet qu’au Gabon, seules les grandes villes sont alimentées par le courant électrique qui, d’ailleurs, est régulièrement en proie à des coupures intempestives. La plupart des petites villes et les zones rurales en sont souvent presque dépourvues. De plus, si on se réfère à nos travaux de recherche d’il y a quatre ans sur l’usage des TIC dans les lycées et collèges de Libreville, on peut relever que la majorité des élèves sont sans téléphones dits « intelligents » leur permettant d'accéder à l'information, de se connecter entre eux et avec leurs enseignants et que les ordinateurs sont souvent des denrées rares ou obsolètes tant chez ces élèves que chez leurs enseignants (Obono Mba, 2017). Or, l'enseignement à distance, durant le confinement ne fut principalement pensé qu’à partir d’un accès Internet. L’idéal aurait donc été, qu’avant toute initiative, l’on commence par prévoir pour les apprenants et leurs enseignants des outils numériques et un accès continu à l’internet à haut débit (via la fibre, l’ADSL ou le 4G). » (§20 p.41)
« Ainsi, au Gabon, l’école à distance n’aurait profité qu’aux élèves qui avaient accès aux TIC, aux ordinateurs et aux téléphones intelligents. En effet, l’accès aux technologies et au matériel nécessaire pour assurer la continuité des apprentissages pendant la fermeture des écoles fut hétérogène. Il est arrivé des cas où certains élèves ne pouvaient faire leur travail faute de supervision, tandis que d’autres ne pouvaient pas même accéder aux leçons ni obtenir des notes de cours en ligne. » (§22 p.41)