Mesures implicites des attitudes

Préalables

Mesures explicites

demander l'opinion des individus (par ex. sur la santé, la politique, le Soi, etc)
Concerne tout type de sondage d'opinion ou d'évaluations auto-rapportées

Constitution des mesures

Impact d'une variable sur un comportement

observation à un temps t (sondage, études, etc)

échelle différentielle : classement des individus en fonction de ce qu'ils rapportent de leurs comportements

2 principes centraux

Accès à nos états et évaluations internes

Acceptation de transmettre ces informations : savoir chercher, isoler et transmettre l'information sans peur du rejet

Problèmes mesures explicites

Difficulté d'amener les gens à dire ce qu'ils pensent vraiment

Il faut savoir poser les bonnes questions, celles directement liées aux comportements

2 modèles importants

Modèle de l'action raisonnée (Fishbein et Ajzen, 1975)

Modèle du comportement planifié (Ajzen, 1985)

Ne prend pas en compte que les attitudes comportementales mais aussi les normes subjectives dans les intentions comportementales puis le comportement

Ajout de le dimension du contrôle perçu avant intentions comportementales et comportements par rapport au modèle de l'action raisonnée

Problème : les deux modèles ne se réfèrent qu'à de l'explicite
Les attitudes et comportements résulteraient pour une large part de processus conscients, accessibles et fondés sur la raison (procéduraux)

Composante tripartite de l'attitude (Rosenberg et Hovland, 1960; Zanna et Rempel, 1988)

Vers les mesures implicites

Niveau implicite initialement conçue par Greenwald et Fazio en se basant sur le principe associatif (l'activation d'un concept active des concepts qui lui sont liés)

Composante cognitive : ai-je un intérêt?

Composante affective : j'aime / j'aime pas

composante conative : intention comportementale

Mesures informatisées

Evaluating Priming Task (Fazio, Sanbonmatsu et Kardes, 1986)

Présentation du mot "tabac" vs mot sans signification (groupe contrôle)
Puis, présentation d'un mot positif ou négatif (catégorisation évaluative)

On regarde si les gens sont plus rapides pour faire la catégorisation évaluative si le mot "tabac" est présenté avant que si aucun mot n'est présenté
Donne une indication de l'attitude positive ou négative d'un individu face à un objet

2 expériences

Présentation d'une amorce et d'une cible avec un SOA de 300 ms
Lorsque l'amorce est positive, cela facilite le traitement d'une cible positive.
Lorsque l'amorce est négative, cela facilite le traitement d'une cible négative.
Effet plus marqué pour une attitude forte à l'égard d'un objet

On utilise un SOA plus long (1000 ms)
On perd l'effet d'une présentation quasi immédiate après l'amorce

Une extension de l'IAT

IAP (Implicit Association Procedure)
EMA (mesures de mouvement évaluatif)

EAST (Tâche Simon extrinsèque affective) et ses dérivées

SC-IAT (IAT avec une seule catégorie)

GNAT (go-no-go association task)

Procédure de misattribution (Payne et al., 2005)

Greenwald, McGhee et Schwartz (1998)

Mesurer la force d'association entre deux classes de catégories

cibles (ex :Coca VS Pepsi)

attributs (ex : positif VS négatif)

7 blocs

Discrimination des cibles

Discrimination des attributs

Tâche combinée

Tâche combinée

Discrimination des cibles inversée

Tâche combinée inversée

Tâche combinée inversée

association d'une touche particulière (droite ou gauche) avec Le Pen ou Macron

Dans les blocs 3 et 4, Le Pen est associée à du négatif et Macron à du positif. C'est l'inverse dans les blocs 6 et 7

Le bloc 5 permet d'apprendre à inverser les cibles

On compare les blocs 3 et 4 ainsi que les bocs 6 et 7 : On obtient une mesure relative de la préférence de l'un par rapport à l'autre

calcul conventionnel des scores

Temps de réponse des blocs 3 et 4 (transformation en logarithmes avec filtre de réponses entre 300 ms et 3 s)

Permet d'éviter les outliers (donner trop de poids aux temps longs : différences plus importantes entre 400 et 500 ms qu'entre 1600 et 1700 ms)

calcul algorithme D

Prise en compte des erreurs (participants qui font trop d'erreurs non pris en compte)

Pondération entre erreurs et temps de réaction

Niveau explicite

Mesure en thermomètre de 0 à 100 sur l'attitude envers les Noirs et envers les Blancs

Limites

IAT problématique dans la mesure de l'attitude

bonne consistance interne (entre .70 et .90)

MAIS fidélité instable (test re-test entre .25 et .70)

des facteurs peuvent influencer les réponses : changement d'attitude, de la mesure ou des deux

Corrélation relativement faible avec les mesures explicites (entre .25 et .40)

Prédiction du comportement (Greenwald, Peohlman, Uhlmann et Banaji, 2009)

mesure explicite : r = .36

mesure implicite : r = .27

BIAT (Brief Implicit Association Test)
(Sriman et Greenwald, 2009)

Le SB-IAT (single-block IAT)

Le IAT-RF (Recording-free IAT)

Obj : réduire le nombre de blocs, essais et réponses stratégiques

Deux blocs

Bloc 1 (ex : Pepsi + mots positifs = touche P, sinon touche A)

Bloc 2 (ex : Coca + mots positifs = touche P, sinon touche A)

Limites

Certains pensent que IAT ne mesure pas que des associations

Problème de transformation du concept en mesure (IAT censé mesurer des associations automatiques) (cf Corneille et Hütter, 2020)

Alternatives

Compatibilité réponses activées par stimulus
et réponse (De Houwer, 2001)

Task-switching (Klauer et Miere, 2005)

Asymétrie fond/forme (Rothermund et Wentura, 2001)

activation catégorie associée à réponse particulière (ex : blanc/positif) --> réponse rapide

En revanche si concepts ne renvoient pas la même attitude, interférence --> ralentissement des réponses

D'autres sources d'interférence (police d'écriture, couleurs, etc)

Accumulation d'informations (Brendl, Markman et Messner, 2001)

Basé sur modèle de diffusion de Ratcliff (1988)

appuyer sur A (positif) ou B (négatif)

attributs évalués sur la valence (ex : fleur --> positif)

cibles évaluées sur valence et identité

hypothèse de seuil fixe dans les deux blocs

en cas d'association incompatible (ex : insectes / positif), le temps de prendre une décision certaine est plus long donc le temps de réponse est plus long

dans un bloc compatible (blanc/positif) : réponses sur une seule touche (positif ou négatif)

dans un bloc incompatible : discrimination des attributs et cibles (on n'a pas d'association mais un coût cognitif plus important)

effet compatible < incompatible plus marqué si bloc compatible avant bloc incompatible

Participants simplifient la tâche avec opposition des figures (éléments saillants) et du fond (reste)

Dans un bloc compatible, on a une symétrie fond/forme (noirs = non familiers et mots négatifs = plus rares)

Dans un bloc incompatible, on a une asymétrie fond/forme donc le traitement de l'information est plus long

Plusieurs blocs créent des parasites donc on n'en untilise qu'un (Teige-Mocigemba, Klauer et Rothermund, 2008)

ex
haut de l'écran (A = insecte / P = fleur)
bas de l'écran (A = fleur / P = insecte)
haut et bas de l'écran simultanément
A = mots négatifs / P = mots positifs

La variation des usages de A et P dans les
parties de l'écran contre l'effet de simplification

choix des touches indiqué à chaque essai
(cf Rothermund, Teigo-Micogemba, Gast et Wentura, 2009)

Bloc 1 : discrimination positif/négatif (toujours du même côté)

Bloc 2 : Discrimination fleur/insecte (position aléatoire de la touche de réponse)

Bloc 3 : combinaison des deux premiers blocs

différences compatible/incompatible moins marqué qu'en IAT classique

effets moins marqués qu'en IAT classique

Fiedler, Bluemke et Unkelbach (2008)

Phase 1 : IAT standard Allemands / Turcs


Phase 2 : Méthodes de
modification consciente
des réponses

sans information : "avant chaque bloc, essayez de
modifier vos réponses"

information implicite : préjugés envers les Turcs se retrouvent dans la condition compatible mais pas incompatible

information explicite : idem information implicite + pour tricher, il suffit de ralentir sa réponse sur les items compatibles (plutôt que d'accélérer sur les items incompatibles)

Résultats

IAT standard : montre préjugés envers les Turcs

Si on explique aux gens comment modifier leurs réponses, cela change les comportements ou attitudes (pas d'association automatique)

utilisation d'un joystick pour remédier à ces problèmes

Mesures d'approche / évitement

Schnabel, Banse et Asendorf (2006)

Solarz (1960)

Chen et Bargh (1999) : pousser/tirer levier en fonction de la valence du mot présenté

Mouvement du bras (Alexopoulos et Ric, 2007)

On attend entre 500 et 2500 ms, on présente un mot caché pendant 30 ms, on dévoile ce mot sur 50 ms et on le recache sur 30 ms

Soit on fait une flexion du bras (approche), une extension du bras (évitement) ou le bras au repos

Temps de réaction plus rapide pour la flexion que l'extension du bras

En condition de flexion du bras, on a un TR plus long pour les mots tristes que joyeux. C'est l'inverse pour la condition d'extension du bras

Limites des résultats

difficultés de réplication des résultats de Chen et Bargh (cf Rotterveel et al., 2015)

mouvements associés différents d'une étude à l'autre -flexion = approche / extension = évitement pour Cacioppo et al. (1993), Chen et Bargh (1999) mais l'inverse pour Paladino et Castelli (2008) et Vaes et al. (2003)

Vers une mesure fiable

ambiguïté des mesures d'approche/évitement (cf théorie incarnée de la cognition de Barsalou, 1999; Niedenthal, Barsalou, Winkielman, Krauth-Guber et Ric, 2005)
approche/ évitement : modification de la distance? modification du soi entier?

Trois tâches

Tâche du joystick avec feedback (Rinck et Becker, 2007)

Tâche du mannequin (Kreiglmeyer et Deutsch, 2010)

VAAST (Rougier, Muller, Ric, Alexopoulos, Batailler, Smeding et Aubé, 2018)

Plus je pousse le joystick vers moi, plus le feedback visuel de l'objet se rapproche de moi (objet grandit)

On demande au bonhomme de s'approcher ou de s'éloigner du mot qui est soit positif soit négatif

En condition de cohérence, on a "approchez le mot s'il est positif et écartez vous du mot s'il est négatif". On a l'inverse en condition d'incohérence

taille d'effet de .40 (effet stable qui fonctionne bien) et marche mieux qu'avec le joystick

TR de 100 ms plus long en condition d'incohérence qu'en condition de cohérence

expérience 1

expérience 2

Le fait de se projeter à travers le mannequin dans "Manikin Task" implique l'intégralité du Soi, ce qui implique un feedback visuel différent des situations habituelles

Proposition d'adopter une perspective à la première personne et des feedbacks réalistes d'approche/évitement vers l'objet

2 techniques de remplacement

valence positive : approche (zoom-in)

valence négative : éloignement (zoom-out)

Taille d'effet doublée par rapport au Manikin Task

Résultats

VAAST : en condition "approche" temps de réaction plus long pour les mots négatifs que pour les mots positifs. Inverse dans la condition "évitement"

Manikin Task : idem VAAST mais différences mots positifs / mots négatifs plus forte dans la VAAST que dans la Manikin Task

expérience 5

comparaison "soi --> objet" ou "objet --> soi"

pour comparaison "soi --> objet", taille d'effet à .78 VS taille d'effet à .13 en comparaison objet --> soi (non significatif)

Présentation suboptimale d'un mot = exposition non-consciente (Rougier et al., 2018)

TR plus rapide en condition d'approche qu'en condition d'évitement
Ecart "mots positifs / mots négatifs" plus important en condition d'approche

Procédure

Présentation de mots de différentes couleurs (noirs, bleus, verts)

Si mots noirs, on doit évaluer leur valence (à gauche = positif / à droite = négatif)

Si mots de couleur, sujets doivent indiquer la couleur (bleu à gauche = positif VS vert à droite = négatif)

Les mêmes mots sont présentés en bleu et en vert et on regarde si les sujets sont plus rapides à les classer en positif ou négatif

Exemple de De Houwer (2003)

TR plus rapide en condition positive que négative pour l'apparition de son prénom et de noms de fleurs


TR plus rapide en condition négative que positive pour l'apparition de prénoms d'autres personnes ou d'insectes

TR identiques en conditions négative et positives pour des non-mots

De Houwer (2003)

Karpinski et Steinman (2006)

Mesure d'IAT relative

Si A>B : sujet aime A? sujet n'aime pas B? Les deux?

On a pas toujours des opposés (ex : chiens, religions, etc)

On développe une mesure à une seule catégorie et on oppose deux réponses à une seule (ex : femmes)

femme et positif (gauche)
femme et négatif (droite)

Nosek et Banaji (2001)

2 blocs

Bloc 1 : Appuyer sur la touche si mot positif ou boisson alcoolisée apparaît (ne pas appuyer si mot négatif) -->

Bloc 2 : Appuyer sur la touche si mot négatof ou boisson alcoolisée apparaît (ne pas appuyer si mot positif)

Résultats

on utilise les réponses correctes avec fenêtre de temps de 600 ms

pour une personne avec attitude positive envers l'alcool, taux d'erreurs plus fort dans le bloc 2 que dans le bloc 1

Tâche de misattribution de l'affect (Payne, Cheng, Govorun et Stewart, 2005)

Stereotype Misattribution Task (Krieglmeyer et Sherman, 2012)

Bar-Anan et Nosek (2014)

Hehman, Flake et Calanchini (2018)

sur la base des travaux de Murphy et Zajonc (1993) sur les idéogrammes

VD : nombre de réponses positives

Présentation d'un stimulus puis d'un idéogramme chinois sur un temps court. Puis, il est masqué. (idéogramme positif ou négatif?)
Réaction à l'idéogramme mésattribuée (valeur conforme à l'objet d'attitude présenté avant)

2 autres applications

campagne présidentielle Bush VS Kerry : Si on présente des photos de Kerry à des partisans de Bush, idéogramme jugé négativement. Si ce sont des partisans de Kerry, évaluation plus positive

Noirs VS Blancs : participants blancs donnent plus de réponses positives sur l'idéogramme avec présentation d'un visage blanc plutôt que noir. C'est l'inverse pour les participants noirs.

On présente la photo d'une personne soit noire soit blanche.
Puis, on représente une image vide.
On présente un visage plus ou moins menaçant présenté pendant plus ou moins 100 ms.

Si je considère les Noirs comme menaçants, on active le stéréotype de menace et considéré le visage présenté à la fin comme menaçant

Si on présente des visages noirs ou blancs et soit menaçants, non menaçants ou neutres, on juge les Noirs plus négativement par rapport aux autres, et ce d'autant plus en condition de faible menace. (marche aussi en athlétisme)

Tâches pour des associations qui ne sont pas que évaluatives

Corrélations faibles entre IAT, BIAT, Go-No-Go, SC-IAT, Scoring Test Features, EPT et AMP

Réponses moins entachées de désirabilité sociale quand on force à répondre rapidement

On ne sait pas quelle méthode est la plus adaptée pour tel phénomène

Mesures implicites de l'IAT pas toujours excellentes

observation de corrélations entre préjugé racial à l'égard des Noirs aux USA en fonction des clusters de régions

Usage disproportionné de la force létale envers les Noirs (usage d'autant plus fort que ne le sont les préjugés)

Association Noirs / Armes (stéréotypes) : plus l'association entre les deux est forte, plus la police fait un usage disproportionné de la force envers les Noirs
Prédictions non établies au niveau explicite

IAT : prédit mieux le suicide réel que ne le sont capables les cliniciens

Les associations seraient aussi d'ordre culturel. Attitude plus positive envers les Blancs que les Noirs car on prédit les processus et comportements au sein d'un système

Mesures implicites peuvent aussi être développées sur un principe associatif