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Les enjeux de la Russie en Asie centrale - Coggle Diagram
Les enjeux de la Russie en Asie centrale
Une influence en déclin
La crise économique a provoqué un mouvement de retour de certains de ses migrants. Il s'agit donc pour les autorités centrasiatiques, d'accueillir ces travailleurs dans une situation économique particulièrement désavantageuse, avec les risques politiques et sociaux inhérents.
L'annexion de la Crimée par la Russie a entrainé une inflexion dans les relations entre Moscou et les capitales centrasiatiques. Ces dernières craignaient un retour d'une Russie redevenue impérialiste et menaçant les indépendances récemment acquises notamment à travers la défense des minorités russes.
Les monnaies des pays les plus pauvres souffrent également face au dollar, tout en perdant leur compétitivité face au rouble, ce qui entraine une chute de la valeur des transferts de fonds des migrants centrasiatiques établis en Russe, qui représentent une grand part de leur PIB.
Les sanctions, la chute du cours des hydrocarbures sont l'un des aspects du déclin de son influence dans la région.
Les réactions ont donc été globalement prudentes. Le vote de la résolution sur l'intégrité territoriale de l'Ukraine par l'Assemblée nationale des Nations unies s'est pas exemple soldé par deux abstentions (Kazakhstan, Kirghizstan) et trois absences (Turkménistan, Ouzbékistan, Tadjikistan)
Malgré les difficultés économiques et les tensions nées de la crise russo-ukrainienne, la Russie garde une place prépondérante, mais son influence décline au profit de la Chine.
La Belt and Road Initiative : reflet des ambitions chinoises en Asie centrale
Ces relations s'inscrivent désormais dans le cadre de la "nouvelle route de la soie" lancée en 2013.
La Chine s'est progressivement investie en Asie centrale, faisant passer le commerce bilatéral avec la région de 1 milliard de dollars en 2000 à plus de 50 milliards en 2013 et 42 milliards aujourd'hui. Elle a dépassé la Russie en tant que premier partenaire commercial de la région en 2013.
Cette stratégie qui vise à relier la Chine à l'Europe se traduit par un ensemble de projets d'infrastructures de transports au sein de la zone centrasiatique, financés par les banques publiques chinoises.
Ce projet faciliterait l'accession de la région aux marchés moyen-orientaux, russes et européens et de permettre d'acheminer dans le sens inverse les matières premières vers le territoire chinois.
L'intérêt de la Chine pour son voisinage occidental ne repose pas seulement sur une vision économique. Contribuer à stabiliser et à développer les pays de sa façade ouest constitue un moyen d'éviter une instabilité aux portes du Xinjiang, peuplé majoritairement d'Ouïgours.
On estime à environ 300 000 le nombre d'Ouïgours présents en Asie centrale, surtout au Kazakhstan et au Kirghizstan.
La coopération sécuritaire à travers l'Organisation de coopération de Shanghai entre la Chine et l'Asie centrale se fait d'ailleurs largement autour de la question ouïghoure et de la lutte contre le terrorisme, du séparatisme et de l'extrémisme religieux.
Le volet eurasiatique de la BRI a pour but de contribuer à développer le Xinjiang pour en faire un hub de transport entre la Chine et le reste de l'Eurasie.
La BRI répond à de réels besoins en infrastructures de transports, d'énergies et plus largement en investissements. Les conditions de prêts peu contraignantes proposées par les institutions chinoises arrangent en outre les autorités locales. Ces modes de financement, aux procédures rapides et aux montants abondants, sans échelonnement précis de remboursement, sans conditionnalités politiques, socio-économiques ou environnementales s'avèrent avantageux à court terme.
Le Kazakhstan est les pays centrasiatique le plus concerné par la BRI, de par sa position géographique, ses ressources énergétiques et le niveau de développement de son économie. L'ancien président Noursoultan Nazarbaiev souhaitaient positionner son pays comme un hub logistique en Eurasie.
La majorité des investissements de la BRI vont en direction des secteurs des transports et énergétique, ce qui ne favorise pas la diversification des économies de la région.
Très rapidement s'est posé la question de la coexistence et de la coopération avec l'UEE. Pour la Russie, la BRI possède plusieurs atouts : elle offre des capacités d'investissements qu'elle-même ne peut pas proposer à ses partenaires et qui participeront à améliorer les infrastructures et à fluidifier les échanges au sein de l'UEE ; elle ne remet pas en cause le monopole russe sur les questions politico-sécuritaires et permet une reconnaissance institutionnelle de l'UE en tant qu'organisation régionale crédible.
Une coopération avec la BRI permet d'afficher l'éloignement de la Russie de l'Occident. Dès 2015, les deux présidents russe et chinois ont annoncé que l'UEE serait le principal interlocuteur pour la mise en place de la BRI dans les pays membres.
Le pivot russe vers l'Asie
Pour le moment, même si des rapprochements se sont effectués avec la Corée du Sud et le Japon, c'est en direction de la Chine que la Russie déploie l'essentiel de ses efforts politiques et commerciaux.
L'histoire des relations entre la Russie et son voisin chinois est tumultueuse : la rupture sino-soviétique au milieu des années 1960 et le conflit de 1969 ont durablement marqué les relations qui n'ont été apaisées qu'à la signature d'un accord en 2004 sur les conflits frontaliers.
Le sommet de l'APEC en 2012 à Vladivostok, principal port russe dans le Pacifique, en a été l'aboutissement formel.
Depuis la chute de l'URSS, les deux puissances n'ont cessé de se rapprocher : contrat sur l'achat annuel de 38 millions de m3 de gaz sur les trente prochaines années en 2014, coopération militaire avec des exercices conjoints.
Dès le début de son mandat de 2000, mais particulièrement à partir de 2008, Vladimir Poutine a déployé une stratégie diplomatique et économique pour effectuer un pivot vers l'Asie-Pacifiue.
Ce rapprochement ne doit masquer le déséquilibre entre les deux partenaires, Pékin disposant de moyens économiques bien plus importants.
En froid avec les pays occidentaux, le Kremlin aurait tout intérêt à ne pas se laisser entrainer dans un tête-à-tête avec la Chine, pays avec lequel le rapport de force n'est pas favorable.
Risques sur la Belt and Road Initative
L'extension des intérêts chinois contraindra les autorités à prendre des mesures nécessaires à leur protection (ex : attentat contre son ambassade à Bichkek au Kirghizstan en 2016). Si la Chine commence à s'impliquer dans les questions sécuritaires, en développant des coopérations militaires, cela risque de poser problème à la Russie.
Une autre illustration de ces divergences pourrait se retrouver dans le tracé : une route passe au Nord par la Russie et la Biélorussie, une au centre par le Kazakhstan, le Caucase, la Turquie ou l'Ukraine en passant par la Caspienne ; au sud par le Turkménistan et l'Iran. La Chine entend multiplier les options et les partenaires sur la seule base de ses propres intérêts.
Dépendance économique et financière avec la Chine, ce qui réduit la marge de manoeuvre des pays centrasiatiques vis-à-vis de Pékin, notamment le Kirghizstan et le Tadjikistan.
Les sanctions internationales et la chute du cours des hydrocarbures ont entrainé un sérieux ralentissement économique dans la région avec un net ralentissement des échanges commerciaux entre la Chine et la région avant une reprise qui ne compense pas encore la perte occasionnée.
Sur le fond, les deux projets ne relèvent pas des mêmes représentations du monde et de l'économie : la BRI promeut le libre-échange et la connectivité dans une vision positive de la mondialisation tandis que l'UEE s'inscrit davantage dans une vision protectionniste d'un monde divisé en pôles économiques et civilisationnels. Cela s'illustre par le souhait des Chinois d'établir une zone de libre-échange avec l'Asie centrale dans le cadre de l'OCS, ce à quoi la Russie s'oppose car l'un des objectifs de l'UEE est de protéger un marché intérieur contre l'afflux de produits chinois.
L'influence chinoise se ressent au niveau politique. Dans le Xinjiang, un certain nombre de Kazakhs ethniques sont détenus dans les camps d'internement, aux côtés des Ouïghours. Le pays doit ainsi trouver un équilibre entre ne pas heurter la sensibilité de sa population et préserver sa relation avec Pékin.
S'est développé récemment une forme de sinophobie. Une partie des populations locales voient ainsi avec méfiance la multiplication des projets chinois et vont jusqu'à manifester leur mécontentement, y compris dans des régimes autoritaires comme au Kazakhstan en 2016. La question des travailleurs chinois est particulièrement sensible.