Please enable JavaScript.
Coggle requires JavaScript to display documents.
Les métamorphoses de la cité - Essai sur la dynamique de l'Occident…
Les métamorphoses de la cité - Essai sur la dynamique de l'Occident (Pierre Manent), Partie 3
L'Empire, l'Eglise, la Nation - La critique du paganisme
Montesquieu montre que l'éducation des Anciens tenait à la vertu comme moteur de la vie, alors que les Modernes reçoivent une éducation de leurs pères, de leurs maîtres et du monde. Pour Marx, l'homme moderne mène une vie double: une vie au sein de la communauté politique et la vie au sein de la société civile. Il est à la fois homme public et homme privé.
L'Etat moderne réprime l'expression des convictions et appartenances religieuses et rend impossible l'expression directe de l'engagement civique. Il met un carcan sur l'intérêt de l'homme pour le monde et son intérêt passionné pour l'éternel.
Pour Chateaubriand, la vie des Anciens était active tandis que celle des Modernes est une vie de "réflexion". Dans cette perspective, la vie des Modernes se donne le droit de choisir, i.e., de ne pas choisir.
L'Etat est un obstacle à notre propre compréhension car il déforme les corps collectifs, il nous met en tête l'évidente séparation du politique et du religieux.
Le projet chrétien a lieu dans des nations qui se trouvaient réunies politiquement dans le cadre de l'empire romain. Pour Augustin, l'empire est la Cité de Dieu.
Le christianisme entrave la production des bons effets car il perturbe la cité en lui apportant du "bien". Pour Machiavel, l'adoucissement des mœurs conduit à un amollissement des vertus civiques et une altération de la vie commune. Pour Augustin, la justice participe à une association militante qui ignore l'immobilité. Pour Machiavel, la religion offre une cruauté pieuse et une douceur car les hommes n'affrontent plus leurs ennemis.
Pour comprendre la chasteté, il faut surmonter la honte ou la pudeur. Augustin prend l'exemple de Lucrèce qui se suicida par chasteté ou faiblesse due à la honte. Ce suicide d'honneur rend pérenne l'innocence. Cependant, elle a agit contre la loi divine et a consenti à un crime.
Augustin pense que le suicide relève d'une grandeur d'âme. Theombrotus se jette du haut d'un mur pour passer de la vie mortelle à une vie qu'il croyait meilleure. Caton se suicide car il ne supporte de devoir sa vie à César, il se tue pour priver cet empereur de la gloire.
L'amour de la gloire des Romains s'exprime par un désir passionné d'obtenir la liberté de la patrie et d'assurer sa domination. Augustin voit se déployer trois passions politiques: la passion politique, la passion de la liberté et la passion de la domination. Notre idée de la république est un obstacle à la compréhension de la république antique.
Le républicanisme moderne distingue les motifs privés et les motifs publics, entre motifs de l'individu et motifs du citoyen. Le républicanisme ancien confond public et privé car la cité est le seul lieu d'action, elle réunit tous les motifs d'action.
Salluste distingue l'ambition de la cupidité en soulignant la faiblesse de l'ambition qui vise la gloire, changeante. L'amour du vrai Dieu permet de réaliser des choses plus difficiles que celles instiguées par l'amour de la gloire. Mais agir pour la gloire consiste à faire le maximum humain.
Augustin pense que l'obsession de la gloire a empêché les Romains de s'allier à d'autres nations. La Rome païenne croyait que Romulus était un dieu parce qu'elle le reconnaissait comme son fondateur.
Si les hommes visent la gloire, c'est parce qu'elle garantit la pérennité de l'action qui est éphémère. = Immortalité de l'action humaine, ou dépassement de l'action de son propre créateur. Envisager la condition humaine d'une nouvelle manière consiste à envisager leur mortalité nouvellement. Tandis que les Anciens agissaient selon la condition, les Modernes cherche à la soulager, modifier son cours.
La religion païenne renverse le rapport naturel entre hommes et dieux. Elle représente les dieux comme capables de commettre tout type d'action et de s'ériger en modèle pour les hommes.
Le pontife Scaevola distingue trois genres de dieux: les poètes, les philosophes et les chefs de la cité. Pour les païens, les hommes sont les êtres qui possèdent la plus grande amplitude et instabilité.
Les deux cités
Dieu a réunit le genre humain par un lien fort qui provient du fait que chaque homme ne descend que d'un seul. Les hommes sont mortels car les deux premiers hommes ont désobéi à Dieu. Caïn représente la civilisation humaine, il cultivait le sol, construisit une ville; Abel ne se préoccupait pas de cultiver ou de bâtir, il était étranger sur sa propre terre.
La civilisation humaine est fondée sur un fratricide (Caïn tue Abel). Caïn a tué Abel car il était bon, il lui laissait les biens terrestres. Le mauvais jalouse le bon qui aspire à de moins grandes ambitions que lui. Caïn ne veut pas partager la cité avec son frère car cela signifie participer à la bonté d'Abel, qu'il déteste.
Selon Augustin, l'homme est par nature sociable, mais c'est sa volonté qui le rend insociable. La thèse du péché originel tient au fait que les hommes sont conçus comme une unité depuis la création des premiers hommes, les descendants des deux premiers hommes sont en quelque sorte endettés envers dieu à cause des "crimes" de leurs ancêtres originels.
Si Dieu a invoqué l'interdiction de manger les fruits de "l'arbre défendu", c'est pour susciter l'obéissance. Pour Rousseau, cet ordre engendre la rébellion, qui égare l'homme de l'être raisonnable. La loi est contre-nature car elle force des hommes à se comporter comme ils ne sont pas. Pour Augustin, la vertu doit être liée à la vie future car les hommes ne peuvent être heureux en tant que mortels.
Les législateurs prétendaient recevoir des dieux l'inspiration des lois édictées. L'élection juive et la philosophie grecque rompent le cours de l'humanité pour l'élever.
Dans le monde grec, romain et chrétien, un progrès se réalise par le passage de l'ordre familial à l'ordre civique. L'Etat moderne est plus général que la cité ancienne. Pour Kant, l'opération de l'humanité est d'aboutir à sa destination morale.
L'enjeu de la médiation
La théologie est la manière de parler des dieux. Socrate pense que Dieu est responsable du peu de bonnes choses qui nous arrivent, elles sont plus rares que les mauvaises choses.
Dans un dialogue socratique, Diotime affirme que les intermédiaires entre le divin et le mortel est démoniaque car ils usent de la divination, d'enchantements.
Dans le monde divin, la médiation s'opère entre le Christ homme et Dieu mais dans le monde moderne, la médiation n'existe plus.
Une fois l'Eglise séparée, c'est la parole de Dieu qui est messagère des hommes et du Christ.
Pour Marcel Gauchet, le protestantisme est la vérité du christianisme car il donne à voir l'altérité divine qui permet l'émancipation de l'humanité. L'incarnation est capable d'unir le créateur et la créature.
Luther replace l'Eglise par la nation chrétienne allemande. C'est en Angleterre que se déploie le nationalisme de la nation moderne.
-