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Le travail, Le travail - Coggle Diagram
Le travail
Le travail
I : la centralité du travail
I. Définition et historique du travail
On peut définir le
travail
comme «
toute activité humaine productrice de valeurs
». Ce terme regroupe
des activités rémunérées (emploi)
non-rémunérées (ménage)
artistiques
En sociologie, il n’existe pas de consensus autour du travail ; les auteurs l’étudient généralement comme un
facteur d’inclusion ou d’exclusion de la vie social
e.
Lallement a étudié
l’historique
du terme.
A la base, le travail était un
instrument de torture
, longtemps associé à la souffrance (accouchement, punition divine)
A partir du
16e siècle
, le travail devient une chose
utile
. Cette transformation est renforcée par l’émergence du
protestantisme
, qui valorise le travail comme signe d’
élection divine
(selon Weber).
A la fin du
19e siècle
, la
révolution industrielle
et la montée du
capitalisme
entrainent une autre évolution : on passe du travail agricole au
salariat
, terme qui masque les autres activités productrices de valeurs.
Au
20e siècle,
le travail est vu comme le marqueur
symbolique
du passage à l’âge
adulte
. Dans les années 70, la montée du chômage montre que le travail est devenu un
élément essentiel
d’intégration sociale
.
Ce
rôle central
du travail dans la formation de l’
identité sociale
est
aujourd’hui
un objet de
débat
entre plusieurs sociologues.
Tous sont d’accord pour reconnaître le rôle central joué par le
salariat
, même si celui-ci est en
déclin
à cause de la
mondialisation et de la dérégulation des marchés
.
Certains pensent que la société salariale doit être sauvée par des
politiques publiques
(Castel), d’autres que ce modèle est dépassé (Méda, Beck).
II.
Robert Castel
et la société salariale
Dans son ouvrage Les Métamorphoses de la question sociale : une chronique du salariat (1995),
Castel
étudie l’avènement de la société salariale au 20e siècle et montre que le travail est devenu un mécanisme essentiel d’intégration sociale en offrant les
principales protections nécessaires à la vie quotidienne
.
Il commence son exposé par un
historique
Dans la
Grèce antique
,
travailler
était
très mal vu
(on était assimilé à un
esclave
).
Dans l’
ère préindustrielle
, les
espaces de travail
n’étaient
pas séparés
des
espaces de vie quotidienne
; le
salariat
(jugé
incertain et indigne
) était alors
dévalorisé
au profit du
travail indépendant
.
Mais la situation s’inversa suite à la première
révolution industrielle
: la
séparation
entre
vie professionnelle et privée
se renforça, et le
salariat
devint la
première source de travail
au
20e siècle
.
Mais les
crises économiques
et l’arrivée du
chômage
changèrent la conception des protections sociales, rejetant le
blâme
sur les
mauvais pauvres
(
inaptes, retraités, étudiants, oisifs
) qu’on accuse de profiter du système.
Selon Castel, le passage à la société salariale a nécessité 5 conditions :
distinguer la population active et les oisifs
Pour Castel, les oisifs ne sont pas automatiquement exclus de la société, mais passent par un processus de désaffiliation qui fragilise leur identité sociale
Certains oisifs sont toutefois
légitimés
par une protection sociale indirecte (mères au foyer, étudiants, retraités, chômeurs)
fixer le travailleur à son poste et le séparer des loisirs
créer de nouvelles normes de consommation
développer des services publics
élaborer un droit du travail
Grâce à elles, le salariat n’est
plus considéré
comme une chose
indigne
, car il
repose tant sur
un
ordre contractuel
que
statutaire
(droits et obligations, accès aux protections).
En résumé, Castel établit
3 niveaux
de
cohésion sociale
:
intégration
(travail et relations stables)
vulnérabilité
sociale (travail et relations précaires)
désaffiliation
(pas de travail ni de relation)
La thèse de Castel a essuyé plusieurs critiques
On lui reproche surtout de refléter uniquement le
système français
. Les autres pays connaissent des régimes différents de protection sociale, et l’accès aux
droits sociaux
ne passe pas forcément par le salariat (on peut y accéder par le mariage).
Mais Castel continue à penser qu’il n’existe pas d’alternative à la société salariale et que, pour être intégré et protégé, il faut conserver un maximum de liens avec son travail.
III. Dominique Méda : contre la centralité du travail
Dans Le travail : une valeur en voie de disparition (1995), Méda se positionne contre la thèse de Castel. Pour elle, le
travail
occupe une place
trop centrale
dans la société, et il est
source d’exclusion
plutôt que d’inclusion.
En reprenant la définition traditionnelle du travail, elle montre que celui-ci comporte trois
facettes contradictoires
- 3
dimensions
dictinctes du travail
source de
richesses
facteur d’
identité sociale
distribution des
protections sociales
Pour Méda, l’important est de
dissocier
ces trois attributs.
Par exemple, l’
expression de soi
ne passe pas forcément par le travail, mais par d’
autres activités
(
arts, loisirs, politique
)
De même, si les
protections sociales
ne dépendaient pas du travail, sa perte ne serait pas toujours un drame et la cohésion sociale passerait par les autres activités de réalisation de soi.
En 2006, Méda a contribué à une vaste enquête pour définir la place du
travail
dans
l’identité
.
Des travaux antérieurs de Jahoda ont montré que le
travail
n’est
pas seulement lié à la sphère économique
:
la
perte
du travail a des
conséquences
sur l’
estime de soi
et la
projection dans l’avenir
le travail comporte 5 dimensions en plus du revenu
structure temporelle de la vie
contacts sociaux
buts personnels
identité sociale
action forcée
Méda fit alors passer un test où les individus devaient choisir trois grands
thèmes
contribuant à leur
identité
.
Elle découvrit que le travail n’occupait que la
seconde place
, loin derrière la
famille
, et qu’il a une
importance
variable selon le métier exercé
.
En général, les gens qui placent le travail en premier sont des diplômés sans enfant disposant de hauts revenus
L’importance accordée au travail
augmente avec l’âge
.
Méda constate aussi une différence chez les étrangers : les
immigrés
accordent une plus grande
importance au travail
(facteur d’intégration, but de l’immigration) que leurs enfants (difficulté à se faire engager).
IV. Ulrich Beck et la globalisation des risques
Dans The Brave New World of Work (2000), Beck étudie la globalisation du
risque
, caractéristique de la
deuxième modernité
. Selon lui, le
milieu du travail
échappe
désormais aux
lois nationales
, et il faut en développer une conception plus mondialiste.
Dans la
première modernité
(jusqu’au 20e siècle)
le travail est lié à l’
économie nationale
, et il se concentre sur
quelques zones géographiques
La
famille nucléaire
forme le modèle de base : l’homme travaille, la femme s’occupe du ménage
On constate une
opposition
entre la classe
bourgeoise
et la classe
ouvrière
. La distinction principale est celle entre les
exécutants
et les
experts
(qui disposent du monopole de la
connaissance
).
1e modernité = la société salariale / le modèle Fordiste
Après la crise du travail du 20e siècle, la première modernité est devenue caduque
les parcours de vie sont devenus imprévisibles, toute la population est intégrée dans le système éducatif et professionnel, et surtout les risques (?) sont désormais globalisés.
Fin des parcours biographiques standardisés (Levy et al 2006) qui faisaient que les hommes assuraient leur intégration sociale principalement par le biais du marché du travail (emploi) et les femmes par la famille (care) • Ces normes n’assurent plus la stabilité sociale
La mondialisation a entrainé l’émergence de
mouvements citoyens transnationaux
et la
remise en question
des
experts
.
Les
risques
se sont multipliés (tant dans
l’amour
que dans le
travail
) : les contrats offrent
moins de protection
(brazilianisation des relations de travail)
Des sociétés contemporaines caractérisées par l’incertitude, les paradoxes et les risques globalisés (ex. Coronavirus !)
Les fondements naturalisés des relations entre les hommes et les femmes & enfants et les adultes, sont progressivement abandonnés, ouvrant une infinité de conceptions potentielles de l’amour, de la vie intime et de la division sexuelle du travail (plus rien ne va de soi, tout se négocie… et c’est épuisant et épanouissant à la fois - Cf. Le cours sur Le chaos normal de l’amour).
la
responsabilité
est rejetée sur les
individus
(alors qu’auparavant elle était attribuée à l’État
Pour
survivre
, les individus doivent combiner un
travail salarié
, un
travail domestique
, et un
travail au noir
.
Le marché du travail a
perdu
sa
stabilité
: il n’est plus régi uniquement par les lois nationales et échappe au contrôle démocratique.
La gestion des risques passe de l’Etat aux individus, les sociétés industrielles sont menacées l’ubérisation des relations de travail (cf. Le film Sorry we missed you, de Ken Loach). Le marché du travail devient un espace d’insécurité endémique, où les individus doivent combiner différentes formes d’activité :
Emploi (salaire + protection sociale)
Activités indépendantes (complément de revenus)
Activités domestiques de care (quête de sens + lien social)
Activités informelles rémunérées ou non (idem.).
2e modernité = l’économie post-industrielle globalisée :
Beck donne plusieurs
solutions
pour remplacer le travail au profit d’autres règles collectives
Selon lui, il faut
réduire le temps de travail
pour tous
développer le
travail civique
(engagement volontaire)
donner la même protection sociale à tous
instaurer la pratique de la pluriactivité séquentielle (= conjuguer des activités rémunérées, civiques, domestiques, etc.)
Ce modèle servirait à donner un peu de
travail salarié à toute la population
, pour assurer un
contrôle démocratique du marché
.
Ainsi, il ne s’agit pas seulement de ‘
partager
’ une
ressource devenue rare
(le travail salarié) ; mais d’
assurer un contrôle démocratique sur le marché du travail
, ce que les Etats-Nations (peu ‘souverains’) ne sont plus en mesure de faire.
Pour Beck, il est d’autant plus important de ‘faire définitivement le deuil de la société du travail’ que celui-ci ne permet plus d’assurer la démocratie.
En effet
Le risque généralisé de
chômage
de longue durée
L’imprévisibilité
croissante des parcours de vie
La logique de la
compétition
et de la
performance
… se combinent pour saper les fondements historiques des démocraties occidentales (ce qu’il regrette) et pour rendre caduque le modèle Fordiste de la division sexuelle du travail (ce qu’il salue comme une avancée historique).
Pour Beck,
on ne peut pas sauver la société
salariale dans le contexte globalisé actuel.
Au monde entier (globalisation de des échanges et interdépendances économiques…. et sanitaires !)
A tous les individus, hommes + femmes, jeunes + âgé·e·s, remettant fondamentalement en cause le contrat de genre et le contrat intergénérationnel qui étaient au fondement du système capitaliste / fordiste du 20e siècle.
A tous les secteurs d’activité (industriel + tertiaire)
A toutes les classes sociales (uniformisation des pratiques culturelles et de consommation).
Consensus entre Castel et Méda
Le
rôle du salariat
(important) dans l'
accumulation des richesses
et la
cohésion
(et la richesse) des
sociétés industrielles du XXe siècle
Diagnostique : la société salariale [ou modèle Fordiste] (salariat + protection sociale) est actuellement en train de se fissurer, sous influence de
La
mondialisation
(délocalisations + flux migratoires) - activité productive qui échappe aux états-nations en grande partie
La
dérégulation du marché du travail
(formes de flexibilité de l'emploi + dérégulation (i.e. du droit du travail)) diminution de la protection qu'offre statut de salarié aux individus qui l'adoptent ; tout cela sous la pression de l'augmentation de la rentabilité du capital lié à :
La ‘financiarisation’ de l’économie (actionnariat (en puissance) forme majeure de la propriété du capital (aujourd'hui : actionnaires - en recherche d'une rentabilité maximale de leur capital
) + recherche de rentabilité immédiate)
induit … et délocalisations (et menacent la stabilité et cohérence de la société salariale)