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L'expérience de l'écrivain, Toursel et Vassevière - Coggle Diagram
L'expérience de l'écrivain, Toursel et Vassevière
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L'homme et l'oeuvre
La connaissance de la biographie d'un auteur amène à la confusion du personnage et de l'écrivain. "Il est bien difficile de persuader au public qu'un auteur peut concevoir le crime sans être un criminel." - Préface de La Peau de Chagrin.
Impersonnalité de l'auteur ou engagement du romancier qui veut être compris. Penser que la biographie détermine la réalisation de l'oeuvre consiste à dire que chaque oeuvre est due à des circonstances ou qu'elle serait contenue dans des faits personnels de l'auteur. On peut envisager la notion "d'inconscient du texte" car l'auteur n'est pas le sujet du livre.
Pour Flaubert, le culte de la Forme devient une exigence extrême qui doit atteindre la perfection. La recherche de la Vérité implique une abnégation, un oubli de soi pour détenir cette idée.
Flaubert récuse le romantisme et la sensiblerie à outrance de Lamartine qui ne contient que des thèmes moroses ou alors l'élévation de la Nature comme beauté ultime.
Flaubert compare l'auteur à Dieu, omniprésent et invisible pour susciter un ébahissement, le guider dans les illusions de l'écriture.
L'engagement de l'artiste nuit à la qualité de son oeuvre car il oublie l'art et le vrai, il prend parti pour des causes, défend des classes (défavorisées), brosse le portrait de son siècle sans être original. (V. Hugo est ciblé)
George Sand refuse l'impersonnalité de l'oeuvre, l'esthétisme extrême de la forme car elle considère que l'on est homme avant d'être lettré.
Elle pense que l'auteur doit guider le lecteur en donnant son opinion sur ses personnages au lieu de laisser le lecteur chercher une interprétation. = Impératif de compréhension.
La biographie ou la personnalité de l'auteur est un critère pour comprendre sa pensée. = Causerie entre l'auteur et le lecteur.
Marcel Proust est aux antipodes de Sainte-Beuve qui considère la vie de l'auteur comme principe élémentaire de l'explication de l'oeuvre. Proust défend le déchiffrement du "livre intérieur de signes inconnus".
"Le livre est le produit d'un autre moi que celui que nous manifestons dans nos habitudes." Ce moi doit être recréé par l'oeuvre.
Jean Bellemin-Noël approuve la "psychocritique" de Charles Mauron qui met en évidence des réseaux d'images qui donnent la structure de l'oeuvre. (EX: Hippolyte est le Moi, Phèdre est le Moi inconscient et Théramène est le Surmoi.)
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L'écriture du moi
Pacte autobiographique est un contrat de lecture, récit rétrospectif en prose sur l'existence d'une personne réelle. Trois composants: l'identité du narrateur; l'alternance entre récit et discours ainsi qu'entre narration et commentaire; l'instauration d'une double relation
Les Essais est un livre de désinvolture qui invite à ne parler que de l'auteur. Les Confessions le lecteur devient un juge qui doit reconnaître la supériorité morale de l'auteur. Pour certains, le roman est une forme indirecte du "pacte". Pour Serge Doubrosky, fiction et autobiographie sont complémentaires.
Philippe Forest distingue dans la littérature du moi 3 pôles: l'égo-littérature (religion du "vécu"), l'autofiction (le "moi" est une fiction) et l'hétérographie (Roman du "Je"). L'écriture autobiographique devient une charge dès lors que l'écrivain obéit à des déterminations.
Annie Ernaux, dans son "journal d'écriture), elle souhaite articuler le singulier et le collectif. = ethnologie.
Les Essais de Montaigne sont "l'essai de ses facultés intellectuelles", cela contrecarre l'esthétique universelle d'Aristote. Parler de soi est vaniteux pour Pascal mais pour Montaigne, cela relève d'un effort pour se connaître.
Montaigne préconise une vie modeste et sans luxe, il se pose comme un "moi universel".
Dans le premier préambule des Confessions, Rousseau souhaite rétablir la vérité sur sa personne, par souci de transparence. Imbu de lui-même, il s'appuie sur la sincérité de son portrait pour faire valoir sa qualité de "meilleur des hommes".
Pour se connaître, nécessité de distinguer l'acquis avec la nature pour percevoir la formation, le développement et l'origine de son état actuel. L'erreur de faire son portrait est que l'homme se peint comme il voudrait être et non comme il est. Il accuse Montaigne d'être "un faux sincère", il fait passer le faux pour le vrai.
Pour Giselle Mathieu-Castellani, l'autobiographie s'apparente à la scène judiciaire, donner de la crédibilité à son récit personnel.
Nous existons comme un double en nous-mêmes. Chez d'autres auteurs, le moi intime s'oppose au moi social. Gide, inspiré par Rousseau, dépeint "les mouvements de son cœur".
Rousseau, Gide, Roy et Beauvoir postulent l'unité globale du "je", dans une transparence qui permet "une histoire de ma vie". A l'inverse, Augustin, Montaigne et Proust questionnement l'identité du "je".
Pour Philippe Lejeune, le pacte autobiographique se résume dans "l'engagement de l'auteur à dire la vérité" de l'être au moment présent et non pas de ce qu'il était avant l'écriture de l'autobiographie.
Pour Leujeune, lorsque Gide et Mauriac dénigrent l'autobiographie et louent le roman, ils désignent l'espace autobiographique dans lequel ils veulent qu'on lise l'oeuvre.
Le pacte fantasmatique consiste en la lecture des romans en tant que fictions et fantasmes révélateurs de l'individu.
Lorsqu'on connaît les limites objectives de son autobiographie, on ne peut pas être accusé d'égocentrisme ou de vanité. Le roman et l'autobiographie prennent sens de manière complémentaire.
Philippe Gasparini énonce les arguments pour la fictionnalisation du témoignage personnel. La créativité du "romancier-autobiographe" le fait échapper aux contraintes éditoriales, sociales. La fiction implique construction esthétique; le "romancier du moi" se constitue en personnage et découvrir ce qu'il ignore sur lui-même.
Gasparini reconnaît l'intérêt du roman autobiographique car son ambiguïté générique révèle un malaise, une aliénation qui était omise. Le personnage créé par l'autobiographe analysent une réalité sociale
Pour Pierre Bergounioux, l'autobiographie considère le sujet comme un objet étudié. La vie de l'écrivain provient de l'extérieur, d'influences qu'il rend subjectives.
L'écriture est une expérience collective car il remonte une chaîne de causalité qu'il ne connaissait pas. La valeur collective du "je" autobiographique dépasse la singularité de l'expérience pour rejoindre l'universel et être compris par le lecteur.