Please enable JavaScript.
Coggle requires JavaScript to display documents.
Les deux corps du roi (Ernst Kantorowicz), Partie 2 - Coggle Diagram
Les deux corps du roi (Ernst Kantorowicz), Partie 2
La Royauté fondée sur la loi (4)
De la liturgie à la science du droit (romain)
Les Rois sont sanctifiés afin qu'ils deviennent saints, i.e., distingués pour être médiateurs entre Dieu et le peuple.
Les vicaires sont désignés comme des "vicarii Christi", qui leur confère un rôle d'intermédiaire.
Relation de l'homme à Dieu est contenue dans le mystère de la fonction politique à la prise en compte des religieux ou personnes influentes (roi) comme sujets.
Jean de Salisbury montre que la représentation du roi comme "image de la Justice" est ancienne mais contradictoire: le roi, parce que Dieu lui a légué des pouvoirs divins, est omnipotent, mais il est contraint par la loi. = Il crée la loi mais y est soumis.
La distinction persona publica et persona voluntas confirme la contradiction car le Prince en tant que personne publique obéit à la loi et en tant que personne privée lui est supérieur.
Frédéric II
La théologie impériale de gouvernement ne repose plus sur l'idée d'une royauté fondée sur le Christ.
Le rapport du monarque au droit repose sur la "lex regia" et sur la "lex digna". Il est legibus solutus et ratione obligatus, i.e., soumis à la loi et lié à la raison.
Placentin, monarque qui précède Frédéric II est l'auteur de Quaestiones de iuris subtilitatibus dans lequel il érige le temple de la justice en sanctuaire imaginaire, qui allie Raison, Justice et Équité.
Ratio a le sang le plus élevé, Iusticia est le personnage central qui observe les affaires des hommes puis Aequitas qui est bonté. Les six vertus civiques sont les gardiennes du temple puis le texte du Code de Justinien est inscrit sur un mur qui sépare le temple du sanctuaire.
Dans ces métaphores, Placentin inscrit des personnifications dans la hiérarchie du droit: la Raison est la loi de la nature; l’Équité est la loi positive et la Justice est la médiatrice entre les lois humaines et les lois divines.
L'empereur est médiateur et obéit à la volonté divine par le pouvoir du Saint-Esprit.
Dans le monde grec, les juristes étaient désignés comme "ceux qui partagent le trône de Dikè". Les lois sont considérées comme des "choses saintes" car elles proviennent de Dieu.
La notion de Prince "loi vivante" provient de la philosophie grecque: cet homme est l'incarnation de toutes les vertus.
Justice in abstracto correspond à l'universel et Justice in concreto signifie l'application de cette idée dans les faits.
Bracton
Il considère le roi comme soumis à la loi de son pays et personne unique contre qui la loi ne peut être mise en oeuvre. Le roi est lié à la loi naturelle par abstraction transcendantale et par les droits du clergé.
La lex regia subordonne le roi à la loi et crée ses pouvoirs supra-légaux. Le Roi fils de la Loi, devient père de la Loi = détermination mutuelle.
Le roi représente Dieu le père et le Christ mais il est aussi l'antétype du Christ humain, dès lors qu'il se soumet à la loi.
La maxime "Le temps ne joue pas contre le roi" signifie l'inaliénabilité de l'existence du roi. Chaque contestation de la part du roi se fait par la possession de sa couronne.
La communauté de charité dépend du trésor spirituel et celle qui pratique la charité contribue au "fisc" du Christ. = inaliénabilité des biens de l'Eglise et des biens fiscaux.
Les juristes accordent un statut égal au Christ et au fisc qui est omniprésent et ressemble à Dieu. Res sacrae et Res quasi sacrae sont égales car elles appartiennent à une personne juridiquement fictive qui n'est pas exposée au temps.
La Royauté fondée sur la politia: corpus mysticum (5)
Corpus Ecclesia Mysticum
La doctrine corporative de l'Eglise date de 1302, dans le Unam Sanctam du pape Boniface VIII.
Cette expression provient de la controverse de l'eucharistie, entre proprium et verum corpus puis corpus mysticum, à l'époque carolingienne.
XIIe siècle: changement de sens de l'expression. le pain consacré est appelé (corpus verum ou corpus naturale ou corpus Christi) = transsubstantiation. D'une expression liturgique à une expression sociologique.
XIIIe siècle: sécularisation de l'Eglise car "corpus mysticum" désigne les institutions ecclésiologiques.
Distinction entre le corpus verum (hostie) et le corpus mysticum, (l'Eglise). Le premier corps est le corps du sacrement et le deuxième corps est le corps qui reçoit le sacrement: double nature. = Image anthropomorphique de l'Eglise en tant que Christ et organisme religieux, coincidence entre le spirituel et l'administratif.
Alvaro Pelayo désigne le corps mystique du Christ par la présence du pape, qui est le chef suprême de l'Eglise, à Rome. Mais Guillaume d'Ockham refuse que le pape prennent possession des biens de l'Eglise car ils appartiennent à l'Eglise (Dieu).
Corpus Reipublicae Mysticum
Au XIII, Vincent de Beauvais définit le corps politique de l'Etat par l'expression "corpus reipublicae mysticum". L'entité séculière est un corps mystique. La société chrétienne est considérée sous un aspect organique.
Antonius de Roselli énumère 5 corpora mystica de la société humaine: village, ville, province, royaume et monde.
Le philosophe Godefroid de Fontaines pensait que l'homme était un animal social par nature et fait partie d'un corps mystique.
La métaphore du mariage séculier (l'évêque devient mari et époux de l'Eglise et reçoit un anneau) est populaire car cela devient significatif sur le plan constitutionnel. Cynus de Pistoia pense l'élection du Prince comme un consentement mutuel entre le Prince et l'Etat. Lucas de Penna voit l'union entre Prince et Etat comme un matrimonium morale et politicum.
Jean Gerson, chancelier à l'Université de Paris, affirmait dans le corps mystique les sujets devaient défendre leur seigneur. Le "mariage" entre le Roi et le royaume marque le lien inaliénable de celui-ci avec ses sujets.
Fortescue, juriste anglais de l'époque lancastienne, considère le "corpus mysticum" comme la perfection de la société humaine.
Pro Patria Mori
La Patria faisait partie des valeurs pour lesquelles l'homme pouvait vivre et mourir. Dans la langue locale, cela désigne le hameau, lieu de naissance de quelqu'un. Pour le chrétien, sa patrie était le Royaume des Cieux.
Le Royaume de France était considéré comme le pays d'un nouveau peuple élu. Un croisé qui combattait les Infidèles au nom de la Terre Sainte et au service du Christ-Roi pouvait s'attendre à entrer au paradis. = Martyr chrétien qui défend le seigneur.
Celui qui souffre la mort pour ses frères s'offre comme une hostie vivante à Dieu." = mort pro fide, sur le critère de la foi au Christ et à l'autre monde. La mort doit être envisagée comme un bien pour celui qui se sacrifie pour le bien de sa patrie.
La piété est la puissance motrice de l'amour et du respect autant envers les parents que la patrie. = contribution au bien collectif
L'idée souveraine de Rome se relégua au niveau national, ainsi la France devint la communis patria pour ses habitants. Le sentiment religieux ou de sacrifice pour la patrie a été utilisé par les gouvernants pour subordonner la monarchie au "corpus mysticum".
Au Moyen-Age, le parricide n'était pas conçu comme un crime s'il contribuait au bénéfice de la patrie, il était donc un acte méritoire et qui montre que le chevalier est digne d'être reconnu par la patrie. = propagande.
Le martyre se justifiait tant que la caput corporis mystici était le Christ. Celui qui se suicide commet un crime car en se tuant il agit contre Dieu et fait perdre un sujet au Roi.
De la continuité et des corporations (6)
La continuité
Crise de la conception humaine lorsque la doctrine de la non-création et de l'infinie permanence est redécouverte dans la philosophie aristotélicienne.
Le temps est vecteur de l'éphémère, fragilité du monde présent et est le stigmate de ce qui est périssable. Depuis sa création, il est contenu dans les heures qui s'écoulent de la création au dernier jour.
Le fait d'envisager le temps comme une continuité solidifie la vie, il n'est plus éphémère et fragile mais devient pour les averroistes le symbole de la durée infinie de vie. La continuité du temps intensifie le désir de perpétuer le nom d'un homme.
L'éternité est le maintenant-et-toujours de Dieu, sans passé ni futur. L'aevum est un infini doué de mouvement.
Fictio Figura Veritatis
La doctrine de l'immortalité et de la continuité des catégories est indispensable pour identifier les corps immortels et ceux appartenant à d'autres espèces.
La lex regia qui confère la pérennité aux Romains la confère à tous les autres peuples, dans le cadre juridique.
Les statues, représentation anthropomorphique d'être divins, symbolise l'éternité car elles sont des fictions philosophiques.
Rien en ce monde ne peut être perpétuel..., si ce n'est par le moyen de la substitution." - Bartole