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L'oeuvre et l'auteur (Partie 1) - Coggle Diagram
L'oeuvre et l'auteur (Partie 1)
Définition d'Antoine Compagnon
Ancienne idée reçue: identification du sens de l'oeuvre à l'intention de l'auteur. L'idée moderne reçue consiste à déprécier la pertinence de l'intention de l'auteur pour donner le sens de l'oeuvre.
Conflit entre partisans de l'explication littéraire (intention de l'auteur) et partisans de l'interprétation littéraire (description des sens de l'oeuvre).
Dans le prologue de Gargantua, Rabelais incite le lecteur à chercher le sens caché de son oeuvre tout en se moquant du lecteur s'il applique la méthode de l'allégorie pour le déchiffrer.
Dans Contre Sainte-Beuve, Proust soutient que la biographie n'est pas un critère d'explication de l'oeuvre. Différencier le moi social, construit individuel et le moi écrivain qui est un construit professionnel.
"Pierre Ménard, auteur du Quichotte", de Borges, avance que ce texte a été produit par deux auteurs différents, dont le sens diffère. Cela pose la q° de la véracité de l'auteur comme garant de la production littéraire.
La thèse de la mort de l'auteur (1)
La thèse intentionnaliste prône que l'intention de l'auteur est source de sens littéraire. Ce qui signifie que le sens est équivalent à l'intention (la motivation) de l'auteur.
L'intention dédouane le lecteur de critiquer ou d'interpréter le texte car elle prône l'autorité des idées de l'auteur pour rendre son oeuvre intelligible; le travail de lecteur consiste à chercher l'aveu que contient le texte.
L'auteur n'existe pas puisqu'il confie l'autorité à sa parole, il n'est pas à considérer comme personne mais comme un "sujet grammatical".
Le texte qui s'établit grâce au lecteur vise une destination aussi personnelle que l'auteur lui-même.
"Qu'est-ce qu'un auteur ?" de Michel Foucault, souligne la construction idéologique de l'auteur qui remplit une fonction, n'est plus simplement le possesseur de son texte mais la personne par laquelle nous comprenons l'oeuvre produite.
"Voluntas" et "actio" (2)
Selon Cicéron et Quintilien, les rhéteurs avaient recours à la différence juridique de "inventio" et "actio".
L'auteur en tant qu'intention et que style est confondu et la distinction "voluntas" / "scriptum" a été occultée.
Saint Augustin différencie ce que veut dire l'auteur (intention) par une signification sémantique et ce que l'auteur veut dire en utilisant ces mots (intention dianoétique).
Saint Augustin privilégie la lecture spirituelle du texte à sa lecture corporelle.
Saint Paul remplace le duo "voluntas" / "actio" par "gramma" et "pneuma"
Difficultés d'interprétation des textes dues à l'écart entre le texte et l'intention de l'auteur et l'ambiguité de l'expression.
Allégorie et philologie (3)
L'allégorie est un moyen d'interprétation des textes, en se détachant de l'écriture du texte pour rechercher des figures ou des images qui sont cachées dans le texte lui-même.
En grec, hyponoia signifie sens caché.
L'allégorie est une interprétation de l'ancien par le nouveau = appropriation et anachronisme
Dans le prologue de Gargantua, Rabelais fait la différence entre les allégories ou le sens chrétien trouvé par le lecteur sur des textes de l'Antiquité et le sens que l'auteur donne à son texte. Il invite à responsabiliser le lecteur sur l'interprétation du texte.
La philologie bannit l'allégorie chrétienne des Anciens pour permettre une interprétation historique à travers les constitutions. (cf. Tractacus theologico-politicus (1670).
Philologie et herméneutique (4)
Au XIX, la philologie est devenue l'art d'interpréter tous les textes et au fondement de la philologie.
Friedrich Schleiermacher préconise de restituer le sens originel du texte plutôt que de la sortir de son contexte et y donner une interprétation qui corresponde à notre époque. = travail de reconstitution.
"Tout ce qui, dans un discours donné, demande à être déterminé de façon plus précise ne peut l'être qu'à partir de l'aire linguistique commune à l'auteur et à son public originel" => Seul le public qui était présent lors de la publication de l'oeuvre peut comprendre l'oeuvre.
Le cercle herméneutique suppose une interprétation du texte en général, puis des parties les unes après les autres pour revenir au tout. = interdépendance.
Le cercle herméneutique est une méthode du tout et des parties, une liaison du présent (interprète) et du passé (le texte) pour les résoudre.
Wilhem Dilthey oppose l'explication qui relève de la science pour rendre compte des phénomènes naturels à la compréhension, qui saisit le sens de qqch.
Husserl substitue l'intentionnalité au cogito cartésien et fait du cercle herméneutique une aide à la compréhension mais plus une méthode.
Pour Heidegger, la compréhension du texte comprend la pré-compréhension de l'interprète par des acquis et par notre situation historique.
Selon Hans-Georg Gadamer, la réhabilitation du sens originel est une entreprise qui échoue car il faut prendre en compte la découverte historique ou culturelle faite par l'interprète lors de la lecture. => Allier le passé et l'actuel
Le sens du texte est façonné par l'intention de l'auteur, l'interprétation du lecteur, les critiques attribuées et sa réception.
Intention et conscience (5)
La critique de la conscience (Georges Poulet) requiert l'empathie et l'identification du critique pour comprendre l'oeuvre et aller à la rencontre de l'auteur. => Reconstituer le projet de création.
La conscience correspond aux structures d'une vision du monde, à une conscience de soi et du monde.
Conflit Barthes / Raymond Picard: Barthes a envisagé l'oeuvre de Racine selon une vision structuraliste pour faire ressortir "l'homme racinien" qui englobe l'auteur et ses créatures.
Picard reproche à Barthes d'avoir procéder selon une intention immanente en différenciant l'auteur et l'oeuvre, en cherchant à trouver l'auteur dans sa propre oeuvre.
Barthes pense que l'auteur est langage, que la coupure entre le passé et le présent est absolue, et nous permet de l'explorer. = L'oeuvre est réduite à sa réception.
La méthode des passages parallèles (6)
Pour clarifier le sens d'un texte, le recours à un autre passage du même auteur à un passage d'un autre auteur est la manifestation de la croyance en l'intention de l'auteur.
La recherche des différences à partir de choses semblables est permise par les répétitions de cette pratique.
Georg Friedrich Meier, les passages parallèles sont des parties qui ont des ressemblances avec le tout, soit par les mots, soit par le sens, soit les deux.
Le parallélisme verbal produit des correspondances entre des mots appartenant à des contextes différents. Le parallélisme des choses réintroduit l'allégorie dans la philologie.
Le parallélisme de l'intention est celui de l'esprit que la lettre dissimule. Le parallélisme de la liaison désigne une répétition formelle.