LES CHAMPIGNONS
Ces protubérances sexuelles aux formes suaves et flegmatiques, ne sont en réalité que l’apanage d’un immense réseau mycélien. Timide, il se terre et s’accroît avec une sombre agilité dans l’immensité des profondeurs mornes, explorant un monde sourd, compact et froid.
N’étant ni tout à fait un végétal, ni tout à fait un animal, le champignon n’est pas seulement réductible au carpophore que l’on qualifie a tort de « champignon » mais c’est bien, en réalité, tout un réseau mycélien qui s’accroît sous nos pieds et qui s’affranchit des frontières mentales, administratives, que nous traçons sur nos territoires.
Véritable singularité, le carpophore, quand il daigne croître, nous renseigne que son empire s’étend sous nos pieds. Il nous chuchote alors des contes, des mythes et des légendes dans une langue que nous ne comprenons pas. Apeurés par ses échos un frisson nous parcourt l’échine.
Mais l’humain, avide de savoir ce qui court sous ses pieds, apeuré à l’idée de pouvoir sentir un jour le feu crépitant des enfers consumer sa peau, cherche à déchiffrer avec une vaine espérance le langage des profondeurs éteintes.
Le champignon l’obnubile, le champignon l’hypnotise, le champignon l’envoûte, capture et embaume son esprit dans un fin suaire fantomal. Il perçoit bientôt mille funestes pesées, échos d’un ancien froid sépulcral. Damné des candeurs solaires son visage devient livide, blafard, l’expression pétrifiée à la vue de l’acerbe lame de la mort.
Maintenant au bord du précipice, le champignon pousse
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