Quoi qu'il en soit, et quel que soit le dénouement en Catalogne, l'actuelle structure de l'état des autonomies est désormais caduque. Le débat initié depuis la fin des années 1990 sur sa nécessaire adaptation et clôture, au vu de la dérive qui se profilait et qui a sans cesse été repoussée par les deux partis majoritaires par manque de consensus, est désormais inéluctable. Les propositions les plus radicales envisagent sa disparition et une recentralisation totale de l'état. Elle a été mise sur la table de façon inattendue par l’ex-président du gouvernement J.M. Aznar, et par l'ex-présidente de la CA de Madrid, Esperanza Aguirre, qui s’est positionnée en faveur d’une refonte des trop nombreuses CA, d’une dévolution à l'État central de compétences trop lourdes à assumer par les CA... Bien que l’option de la disparition des autonomies gagne des points dans l'opinion25, sur la base plus ou moins fallacieuse d'un coût trop élevé et insoutenable en temps de crise de l'État des autonomies, une involution aussi radicale n'est pas pensable si l'Espagne envisage de conserver son intégrité territoriale. En revanche, une recentralisation partielle est possible. Elle est d’ailleurs en cours. La Loi sur le
25 Les résultats du Barómetro CIS de abril 2013, estudio 2984, donnent les résultats suivants : 23,6% des sondés se déclarent pour un état sans autonomie, et 14,9% pour moins d’autonomie. À l’inverse, 31% ne souhaitent pas de changement, 12% voudraient plus d’autonomie et 9,1% se prononcent pour le droit à l’autodétermination. Cf. www.datos.cis.es/pdf/ES2984mar_A.pdf
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marché unique26 ainsi que le projet de Loi Wert sur l’Education27 abonde dans le même sens d'une recentralisation, bien que M. Rajoy s’en défende. Cette tendance recentralisatrice de l’action gouvernementale, totalement en accord avec le positionnement idéologique du PP, est pour l’occasion soutenue par le socialiste Rubalcaba. Paradoxalement, la Catalogne ne semble pas s'opposer à cette nouvelle dynamique tant qu'elle ne concerne que les CA autres que la Catalogne et le Pays basque, qualifiées d’artificielles, et qui verrait ainsi le rétablissement de l'asymétrie tant recherchée28.
C'est donc une nouvelle phase de transition qui semble devoir s'ouvrir et qui ne pourra déboucher sur un compromis durable et stable que sur la base d’une indispensable loyauté constitutionnelle de la part des nationalistes catalans, et d’une tout aussi indispensable acceptation sans arrière pensée de la pluralité et de la différence de la part des partis nationaux, PP inclus.