"Aujourd’hui, le design des politiques publiques fait le grand écart entre des approches d’innovation sociale et le développement des start-ups d’État. Depuis 10 ans, les lignes de tensions au sein de la transformation publique ont évolué, qu’elles abordent l’avenir des services publics, leur présence sur les territoires ou leur transformation numérique, ou encore le statut même des fonctionnaires qui est remis en question. Ces enjeux multiples sont les nouvelles facettes d’une actionpublique « en crise » dont nous faisions le diagnostic au début de cette contribution. Et face à eux, les designers ne peuvent pas se contenter de plaider pour un service public user-friendly.Il est grand temps que les designers se positionnent sur les transformations en cours dans la sphère publique -que ce soit dans les villes, dans les universités, dans les hôpitaux ou dans les campagnes. Contrairement à leurs homologues dans le secteur de l’innovation en entreprise, les designers de politiques publiques agissent dans des formes souples -petites entreprises, coopératives, associations, collectifs, chaires de recherche, laboratoires ... Leur disparité pourrait conduire à une absence de réflexion collective sur leur objet commun, l’action publique. Il est donc urgent d’inventer des espaces et des modalités de politisation du design des politiques publiques."