la machine et l'organisme, 2e article: La machine et l'organisme, Canguilhem interroge la comparaison entre deux représentations intuitivement séparées, et qui pourtant dans l'histoire de la philosophie sont très souvent associées. La perspective de l'auteur est la suivante : pour comprendre cette comparaison, il faut passer par une analyse du rapport entre science et technique. interroge tout au long de l'article le rapport entre l'animal et la machine qu'a pu établir Descartes, rapport qui a pu s'établir par l'intermédiaire de la figure de l'automate ou des organes-outils montrer que Descartes n'est pas un banal machiniste pour qui il y aurait une simple identité factuelle entre l'organisme et la machine. Il s'agit plutôt ici de détailler la manière dont Descartes place sur un même plan la création du corps humain par une origine divine et la création par l'homme de la machine, qui « doit recevoir d'ailleurs un mouvement qu'elle transforme ».
Cette considération de l'intervention humaine dans la création des machines n'est pensable pour Canguilhem qu'à partir d'un dépassement de la séparation qualitative au sein de la pensée grecque entre théorie et pratique. Une liste de causes possibles à ce dépassement est proposée : développement des possibilités techniques, désinvestissement de la philosophie de la nature, déconsidération de l'esclavage (et donc du travail, lié à la pratique et à la technique), affirmation d'une différence radicale entre l'âme humaine et le reste du monde.... Dès lors, le monde de la technique étant considéré, c'est toute la question de la finalité dans la machine qui peut être réintégrée chez Descartes : la différence entre l'organisme et la machine ne se fait pas par leur réalité physique, mais par l'origine de l'attribution de la finalité, dans les deux cas création. L'analyse de cette tentative d'uniformisation du corps humain à partir du modèle de la machine, constitue selon Canguilhem un renversement crucial : si la finalité se retrouve également dans la machine, celle qui est à l’œuvre dans l'organisme n'est pas exactement la même. Autant la finalité machinale est donnée en amont et délimitée de manière précise (il n'y a pas de pathologique possible dans la machine), en tant qu'elle est uniforme, rigide, qu'on peut en remplacer les parties, elles-mêmes uniformes, sans en redéfinir la finalité totale... autant la finalité du vivant se caractérise par sa vicariance[Quoi ?] : le vivant est jugé par Canguilhem comme ayant : « moins de finalité et plus de potentialités »6. Canguilhem en conclut alors non pas à une différence radicale entre les deux réalités que sont l'organisme et la machine, mais à une sorte de transfert de finalité : la finalité plastique de l'organisme humain est susceptible d'être transférée dans la machine, dont le fonctionnement se fera alors relativement à cette fin déterminée et délimitée