En bref, partir signifie que l’on reste par les sentiments, par les rituels, par l’argent et la marchandise, par l’appartenance à des communautés politiques locales, régionales et nationales. Ainsi, l’expérience de l’émigration n’est pas sans évoquer celle du front pendant la guerre contre l’Irak. L’absent est omniprésent. Mais cette présence ne s’effectue pas sur le mode de la permanence. Elle prend la forme d’innovations culturelles, sociales, économiques ou, sous réserve d’inventaire, politiques, en tant qu’interaction au sens sociologique du terme. l’émigré contemporain est un élément de recomposition de la société iranienne, bien que l’impact exact de la diaspora sur cette dernière demeure incertain. L’expatrié, lui aussi, recourt aux moyens de communication les plus modernes, à commencer par la vidéo, l’e-mail, le téléphone portable et Yahoo Messenger. Lui aussi contribue à modifier la culture matérielle dans la mère patrie par ses cadeaux et par les modèles de consommation qu’il propage. Lui aussi pèse sur les relations économiques ou sur les rapports de distinction sociale par le biais de ses remises, de ses investissements personnels ou évergétiques, éventuellement par son mariage avec un conjoint étranger, et dans tous les cas par la ressource symbolique qu’il représente pour ses proches restés au pays.