Contre toute attente et malgré ses réticences, l’administration Trump ne rejette pas l’accord nucléaire, consciente que son retrait unilatéral délégitimerait toute tentative américaine de dialogue et de négociation sur quelque sujet que ce soit, avec qui que ce soit. De fait, la situation s’apaise progressivement dans la région du Golfe. En Arabie saoudite, le prince héritier, convaincu par ses partenaires européens d’adopter un ton plus conciliant sur la scène internationale, concentre son attention sur la modernisation indispensable du royaume. En Iran, le président Rouhani et son ministre des Affaires étrangères Zarif parviennent à convaincre la plupart de leurs voisins de s’asseoir à la table de négociation pour promouvoir entre eux un projet d’espace de coopération et de sécurité couvrant les deux rives du Golfe, réduisant d’autant la mainmise américaine sur la région. Profitant du décès inopiné du guide suprême, les conservateurs modérés, soutenus par la garde montante des Pasdaran, s’estiment suffisamment forts et légitimes pour laisser émerger un guide – ou un conseil de guidance – favorable à l’accélération de l’ouverture de l’Iran au monde. La République islamique s’estime désormais consolidée et n’a plus peur de voir son modèle politique s’effondrer ; elle peut dès lors revendiquer ouvertement une politique beaucoup plus nationaliste et moins cléricale, en stoppant toute ingérence au Yémen et en consolidant l’espace sous son influence sans chercher à l’élargir. En Israël, le Premier ministre Benyamin Netanyahou, rattrapé par les affaires, est contraint à la démission. Son successeur, un général populaire, pragmatique et courageux, rassemble un gouvernement d’union nationale prêt à discuter discrètement avec les autorités iraniennes pour coordonner leurs intérêts dans la région et lutter contre la menace persistante des djihadistes éparpillés au Levant. Ce dialogue permet de faire baisser la tension régionale, d’instaurer un modus vivendi et une zone tampon le long de la frontière nord d’Israël, permettant à l’Iran et à l’Irak d’exporter leurs hydrocarbures en Méditerranée, au Hezbollah d’être intégré à l’armée libanaise, et à Israël d’exploiter à plein régime ses gisements gaziers offshore, sans crainte d’une éruption de violence le long de sa frontière nord. À moyen terme, l’Iran, Israël et les monarchies du Golfe s’entendent sur des coopérations sectorielles dans la gestion de l’eau, de l’énergie et de l’environnement. En rassurant chacun des protagonistes et en accroissant indirectement la pression sur les factions les plus radicales à Gaza, Ramallah et Jérusalem, ce rapprochement permet des avancées majeures sur le dossier israélo-palestinien. Dès qu’un accord définitif est accepté par la partie palestinienne, l’Iran et les monarchies du Golfe normalisent leurs relations avec Israël