LES FAUX SOUVENIRS : DU NORMAL AU PATHOLOGIQUE
Troubles de la mémoire:
- Négatifs: Incapacité de récupérer l’info en mémoire
- Positifs: productivité avec distorsions mnésiques = faux souvenirs (de la modification subtile de l’événement vécu jusqu’à la fabrication d’un événement jamais vécu
FAUSSES RECONNAISSANCES
= un sujet affirme reconnaitre un item alors qu’il ne lui a pas été présenté préalablement dans une phase d’encodage (lié à une tâche oui/non)
Paradigme DRM (Deese, Roediger, McDermott)
- tâche de rappel et/ou de reconnaissance d’une liste de mots à partir de listes préalablement apprises
- listes de mot sémantiquement liés entre eux, et à des mots critiques (qui ne sont pas présentés)
- puis phase de reconnaissance: sujet doit dire si oui ou non le mot a été présenté en phase d’encodage
- avec mots critiques, mots étudiés et mots distracteurs
- Notion de force d’association : force d’association directe, inverse et inter-items ==> FAI qui explique émergence FR (proba d’activer le mot critique si on voit les autres mots cibles)
- Résultats: % élevée de FR chez les sujets sains => rappel ou la reconnaissance des mots critiques atteint environ 40 %.
==> différent de Fausse Alarme: détecter un mot qui n'a pas de lien sémantique
Hypothèses explicatives
- processus d’activation de réseau sémantique
- déficit de contrôle de la source.
Théorie de la trace floue - Fuzzy Trace Theory
- Existence de deux types de représentations indépendantes:
- représentations « Gist » = représentations sémantiques globales
- représentations « Verbatim » = représentations perceptives spécifiques
- l’encodage d’un mot nécessite la mémorisation des 2 représentations, stockées de façon //
- Dans une tâche telle que le DRM, si beaucoup de mots appartenant au même réseau sémantique sont étudiés, il peut y avoir un fort recouvrement de leurs représentations en mémoire => représentations « Gist », communes aux ≠ mots, seront renforcées (suractivation du réseau sémantique lié au mot cible)
- Il faut un processus de séparation efficace pour garder les représentations séparées lors de l’encodage induira une bonne mémoire des traits que les mots ont en commun, mais une mauvaise mémoire des détails spécifiques de chaque item
==> taux de reconnaissances correctes élevé, mais également un taux de FR élevé.
Production FR = Perte de spécificité (verbatim) au profit de la Gist = défaut des mécanismes d’encodage
Théorie de l’Activation / monitoring
- Associe concept de l’activation des représentations gist pendant l’encodage avec l’idée qu’un processus de monitoring serait nécessaire lors de la récupération pour discriminer la source de l’info
- l’apprentissage d’une liste de mots reliés est susceptible d’activer les distracteurs reliés par un phénomène de diffusion de l’activation au reste du réseau sémantique = activation de la gist
- Pour éviter FR, la mise en jeu d’un processus de monitoring de la source apparait donc nécessaire (implication des FE) => source de l'apprentissage = encodage
- la récupération se ferait grâce à 2 voies d’accès à la trace mnésique:
- basée sur le sentiment de familiarité (automatique) n’impliquant pas la conscience des détails épisodiques
- basée sur la recherche consciente en mémoire (contrôlé) reconstruction intentionnelle d’un événement antérieur
==> FR dues à un défaut du mécanismes de récupération.
Caractéristiques des FR
en fonctions de ≠ facteurs
- Paradigme avec double codage: présentation d’items à la fois modalité visuelle (imagée) + auditive diminue les FR
- Modalité Sensorielle : Avantage de la présentation visuelle vs auditive
- Théorie heuristique de la distinctivité: l’encodage perceptif est plus distinctif
- Etat de conscience (paradigme RKG - Remember, Know, Guess) : FR associées à des réponses Remember (récupération de détails du contexte d’apprentissage)
- Critères de décision ≠ (TDS) selon le type d’items (étudiés vs. leurres): conservateur ou libéral
Lien entre FR et état émotionnel (négatif) des sujets
- Sujets sains avec induction émotionnelle de peur, colère ou neutre
- Puis paradigme DRM ; Listes liées sémantiquement aux concepts de peur / colère / neutre
- Résultat: Congruence entre l’état émotionnel induit et le type de FR
CONFABULATIONS
= Actions et affirmations verbales incohérentes avec l’histoire du sujet, son passé et sa situation actuelle, produites de manière non intentionnelle, typique chez sujets avec lésions cérébrales
- permet meilleure compréhension de la relation entre systèmes de mémoire et types de conscience
Syndrome de Korsakoff
- Atteinte de la ME avec syndrome amnésique (antérograde + parfois rétrograde)
- Tableau clinique: désorientation temporo-spatiale importante, FR, confabulations, anosognosie
- syndrome dysexécutif au 2me plan
Hypothèses explicatives de la confabulation
Hypothèse du Gap Filling
= remplit le trou par confabulations
Hypothèse du déficit de récupération stratégique
2 processus dans la récupération de l’info:
- Processus associatifs, intacts (comparaison passive des infos avec traces mnésiques stockées)
- processus stratégiques: altérés (initiation et organisation de la recherche, vérification des éléments récupérés...)
Dysfonctionnement du contrôle de la source
- Altération de récupération de la source « où et quand » (confusion entre expérience. réelle et imaginaire)
Hypothèse motivationnelle
- constructions mnésiques élaborées par le sujet à partir des attentes du « self » = pour faire face à une situation de difficulté liée à la présence d’une amnésie massive
Hypothèse de la confusion temporelle
- défaillance des processus d’inhibition des traces mnésiques non pertinentes
Hypothèse du dysfonctionnement de la conscience temporelle
= capacité de l’individu d’être conscient de son propre passé, de sa situation présente et de son futur personnel
Evaluation avec la Batterie des confabulations
- 11 domaines, 15 questions par domaine
- questions « Plan sémantique / épisodique » => capacité du sujet de se projeter dans un futur
- questions « je ne sais pas » sémantique / épisodique => la plupart des sujets sains répondent je ne sais pas à ces questions
Exemples d'études
Confabulation dans le syndrome amnésique et dans la Maladie d’Alzheimer
- Les patients MA confabulent significativement moins vs patients amnésiques
- Analyse qualitative : proposition d’une nouvelle taxonomie des confabulations, avec: habits, mis placements, memory confusions, auto referential contaminations, semantically anomalous
- Indépendamment de la pathologie sous-jacente la confabulation consiste souvent en habitudes, activités de vie routinière considérées dans un contexte temporel spécifique
Le syndrome amnesico-confabulatoire : une étude de cas Mr TA
- 39 ans, AVC
- Tableau clinique: Trouble massif de la ME vs. MS préservée, désorientation spatio-temporelle massive, confabulations sélectives aux domaines de la conscience temporelle
- Pattern lésionnel pas typique de la confabulation
- Evaluation longitudinale des confabulations avec distinction avec erreurs par ex
- Résultat: pas de confabulations dans la MS
- Interprétation:
- la confabulation peut etre sélective aux trois dimensions de la Conscience Temporelle
- La confabulation respecte l’architecture des systèmes de mémoire
Bases neuro-anatomiques
- Pas encore de consensus car grande variabilité des pathologies neurologiques dans laquelle la confabulation a été décrite
- Faux souvenirs = évocation d’épisodes ou d’info erronées
- Intrusions : récupération non intentionnelle d’information inappropriée dans des tâches de rappel libre ou indicé de liste de mot ou d’histoire
=> Augmentation avec le vieillissement cognitif
INTRUSIONS (TD8)
= récupération non intentionnelle d’information inappropriée dans des tâches de rappel libre ou indicé de liste de mot ou d’histoire (dépend plus des FE)
- processus de consolidation : processus par lequel les traces mnésiques initialement instable (temporaires) deviennent permanentes (stables) = soutenu par la sémantisation, qui se fait au cours du temps
- processus de reconsolidation : processus par lequel les traces mnésiques permanentes sont réactivées (updating) pendant un certain temps et sont renforcées (re-stabilisés) en vue de les maintenir en mémoire. La trace peut devenir instable/labile également à ce moment => Il peut y avoir des intrusions
Etude princeps de Hupbach
- objectif: étudier les processus de réactivation impliqués dans la mise à jour de nouvelles informations en mémoire épisodique
- Session 1: apprentissage du set 1
- Session 2: apprentissage du set 2 par groupe reminder et groupe no reminder (salle et expérimentateur différent + pas de rappel de la procédure d'apprentissage du set 1)
- Session 3: rappel set 1, on évalue % intrusions
- Résultat: bcp d'intrusions dans groupe reminder
==> La mise à jour des traces mnésiques préexistantes dépend de la réactivation de ces traces mnésiques
==> quel facteur réactive la trace mnésique: contexte spatial, expérimentateur ou question de rappel?
Etude de 2008
Expérience 1
- 3 groupes en session 2:
- groupe question où l’expérimentateur et la salle est différente, mais question de rappel
- groupe expérimentateur, tout est différent (piece et pas de question) sauf l’expérimentateur
- groupe contexte, tout est différent (piece et expérimentateur différents), sauf la salle
- Résultat: plus d’intrusion dans la condition contexte ==> contexte spatial semble être un meilleur ré-activateur de la mémoire
Expérience 2
- 3 groupes en session 2:
- indice question & expérimentateur (pièce différente),
- indice expérimentateur avec contexte (pas de question de rappel),
- indice question avec contexte (expérimentateur différent).
- Résultats:
- moins d'intrusions en condition expérimentateur/question
- plus d’intrusion dans la condition contexte/question
==> Le contexte spatial est nécessaire et suffisant pour un rappel entrainant l’intégration de nouvelles informations sur les traces mnésiques préexistantes.
Expérience 3
- Hippocampe important dans la consolidation de l’information en mémoire épisodique et impliqué dans la représentation spatiale du contexte, et évènements imaginés
- 2 groupes en session 2:
- établissement mental du contexte spatial où ils avaient appris la liste
- courte visite de la salle où ils avaient initialement appris la liste
- Puis apprentissage de la liste 2 dans une autre salle
- Résultat: pas de différence significative ==> pas de mise à jour en mémoire
==> il faut apprendre la liste 2 dans le même contexte spatial que l’apprentissage initial pour réaliser une mise à jour de celui-ci (avec production d’intrusions).