La construction de l'axe corporel
C'est un appui postural et émotionnel. Il se construit par étapes successives, et s'inscrit dans le développement postural de l'enfant qui va le conduire à l'intégration de cet axe.
Etape 0 : la vie anténatale et la naissance
On trouve ici comme posture l'enroulement ; il est contenu par les muscles de la paroi utérine, et vit dans un espace liquide ; il possède donc un vécu de flottaison, d'apesanteur, et de sensations corporelles globales. Chaque sens se développe petit à petit ; les perceptions tactiles, l'olfaction et la gustation, le système auditif, et le système visuel.
La naissance est l'équivalent d'un bouleversement sensoriel ; il perd la contenance utérine et découvre un espace ouvert et sans limite. Il découvre aussi l'état gravitaire et la pesanteur, la respiration aérienne et l'alimentation fragmentée.
Etape 1 : de 0 à 3 mois
Il alterne entre des positions d'enroulement symétriques et deux postures asymétriques. L'enroulement associe une hypotonie du tronc, et une hypertonie des membres. Dans les moments de partage, d'interactions et d'alimentation, il retrouve le schéma d'enroulement avec des points d'appui au niveau de l'occiput (arrière de la tête) et de l'arrière du bassin. Cette position favorise la stabilité du tronc et permet aux membres de s'étirer et à la tête d'expérimenter différentes positions. L'enfant y est apaisé et peut se sentir dans son axe. On peut voir des sensations de détente, de plénitude, de satiété, d'unité. C'est une expérience essentielle pour le tout petit, pouvoir entrer en contact avec autrui en toute sécurité. Cette posture d'enroulement privilégie sa centration sur lui-même, et notamment sur sa sphère orale.
Mis à part l'enroulement, on pourra voir la mise en place de deux postures asymétriques, les positions d'escrimeur ; l'enfant est allongé sur le dos, avec une mise en charge sur un hémicorps. Le côté vers lequel la tête est tournée est plus tonique, et le bras de ce côté est le plus souvent en extension, et la main dans le champ de vision focale. C'est cette main qui assurera les conduites de pointage ou servira de point d'appui. L'autre, moins tonique, peut réaliser la prise.
On voit au niveau de la bouche des mimiques ou des bâillements. Ce sont les mouvements de la tête qui vont initier les changements de posture (mouvements globaux de bascule du corps dans les temps d'éveil). Ils permettent une découverte de l'espace environnant. Cela déterminera par la suite des espaces visuels à gauche et à droite, qui pour l'instant seront disjoints. Cette période ne laisse pas encore de place au redressement ; s'il est sollicité pour se redresser, il bloquera la respiration, qu'il va utiliser comme un ballon sur lequel il va s'appuyer ; c'est le tonus pneumatique, dû au déficit tonique de l'axe, compensé par un blocage de la respiration, permettant le redressement du buste. Il n'y a pas encore non plus de rotation.