Les rameurs ont un mot pour cet état d’esprit sans frottement: la balançoire… Rappelez-vous le bonheur de faire de la balan-çoire dans le jardin: un cycle de mouvement, l’élan venant de la balançoire elle-même. La balançoire nous porte, on ne force pas. On pompe avec les jambes pour augmenter l’amplitude de l’arc, mais c’est la gravité qui fait le plus gros du travail. Nous nous balançons, mais surtout nous sommes balancés. Le bateau nous balance. La carène a envie d’aller vite: la vitesse fait chanter ses lignes d’eau. Nous devons juste travailler avec la coque, cesser de la retenir avec nos efforts brutaux pour la faire accélérer. Si on s’acharne trop, le bateau va moins vite. Quand on se met à forcer, ça démolit tout. Les ambitieux forcent pour devenir aristocrates, mais leurs efforts sont vains. Un aristocrate ne force pas, il est déjà arrivé. La balançoire, c’est le succès.»