Please enable JavaScript.
Coggle requires JavaScript to display documents.
Circulation(s) et mobilités (Artistes et diplomates (La France voit aussi…
Circulation(s) et mobilités
Artistes et diplomates
En 1956, l'administration Eisenhower
annonce avec fierté la participation du
jazzman Dizzie Gillespie
au programme culturel du ministère des Affaires étrangères américain
ce choix signale un tournant dans la propagande américaine. Le jazz et les jazzmen deviennent une arme de choix dans la guerre froide culturelle. Cette musique est à la fois l'expression du melting-pot américain et d'un esprit de liberté que veulent incarner les États-Unis ; elle est également une réponse aux accusations de racisme lancées contre l'Amérique
.
Les jazzmen ont une forte popularité à Paris notamment. Des cérémonies organisées à partir du milieu des années 50 par
l'Académie du Jazz
, une institution créée par
Jean Cocteau
avec le soutien de
Boris Vian
et de
Frank Thénot
, montrent l'acculturation de cette musique en Europe. L'Académie consacre le jazz comme une musique transnationale :
en 1960 elle accorde son prix
au pianiste français René Urtregger.
Le jazz contribue au soft power américain.
Le pianiste Dave Brubeck
fais partie des nombreux jazzmen qui prêtent leur concours à la diplomatie américaine. il participera aux
tournées du State Department
et en fera même le sujet d'une comédie musicale jouée pour la première fois en 1962 et intitulée
The Real Albassadors
Cette pièce présente des jazzmen comme les vrais ambassadeurs de l'Amérique ;
Brubeck en est convaincu, la musique et le jazz tout particulièrement peuvent-être un instrument de paix et de rapprochement entre les peuples.
Cette croyance explique sa présence au côté de Ronald Reagan lors de sa rencontre avec Gorbatchev à Moscou en 1988. La photographie des trois hommes et un signe fort des temps qui changent : elle symbolise l'ouverture de l'Union soviétique à la musique de l'Amérique et une étape dans l'apaisement des relations entre les deux grands.
La France voit aussi dans ces artistes de potentiels ambassadeurs.
Dès l'après-guerre elle s'engage une politique de prestige qui se traduit par l'envoi de plusieurs troupes de théâtre à l'étranger comme la
compagnie Renaud-Barrault qui, en 1952, présent plusieurs pièces Ziegfield Théâtre de New York
.La compagnie Renaud-Barrault reste jusqu'au dans les années 70 une institution privilégiée de l'action culturelle extérieure française. Elle associe exportation du théâtre et défense de la langue française.
C'est une toute autre logique qui guidera l'action de
l’Ubu Repertory Theatre créée en 1982 avec le soutien de l'État français par Françoise Kourilsky,
une enseignante installée au début des années 70 à New York. Avec l’Ubu Theatre, la promotion du Théâtre-Français s'oriente vers des œuvre contemporaine que la troupe se charge de traduire et de publier.
Cela permet également de faire connaître une nouvelle génération d'auteurs français et francophones. Cette stratégie illustre l'essor d'une nouvelle diplomatie culturelle fondée sur la réciprocité des échanges ( la promotion des pièces passe par des collaboration avec les troupes new-yorkaises) dans laquelle les artistes sont plus que jamais des acteurs majeurs.
Les voyages forment la jeunesse
Les progrès dans le domaine des transports profitent à la jeunesse occidentale. Les Américains sont encouragés à se rendre en Europe. Des campagnes de publicité vantent les charmes de la vieille Europe, tandis que les gouvernements y voient une solution à certaines difficultés économiques et politiques : de nombreux programmes d'échanges sont mis en place entre les universités et les états.
Paris est une des premières destinations des étudiants. Le phénomène inspire les médias et Hollywood : le héros de la comédie musicale de
Vicente Minelli
Un Américain à Paris,
sortie en 1951, est un ancien soldat demeuré à Paris pour y devenir peintre.
Le guide d'Arthur Frommer,
L'Europe pour 5 dollars par jour,
sortie en 1957 et réédité plusieurs fois, vise ce tourisme jeune, peu argenté et en plein essor. Son succès est aussi le résultat des critiques du tourisme de masse, dont plusieurs intellectuels américains comme
l'écrivain Norman Mailer
ont fustigé le conformisme et la superficialité.
La plupart des programmes d'échanges étudiants met en avant une visée éducative qui réside dans la rencontre avec l'autre. La mise en place de
l'Office franco-allemand pour la jeunesse (OFAJ),
montre les espoirs placés dans ces programmes et l'investissement des États dans une forme de politique culturelle extérieure sociétale. Créé en 1963, l’OFAJ promeut l'approfondissement des relations franco-allemandes et l'apprentissage interculturel par le biais de rencontres entre les jeunesses des 2 pays.
Symbole de la réconciliation franco-allemande, l’OFAJ fera néanmoins l'objet de plusieurs critiques au tournant des années 60-70, un moment où la relation franco-allemande passe au second plan des objectifs diplomatiques des 2 pays. Les rencontres sont notamment perçues comme superficielles, plus touristiques que culturelles. Elle apparaissent aussi éloignées des préoccupations d'une partie de la jeunesse en raison de leur caractère apolitique qui évite toute discussion de fond sur les sujets sociaux. Le débat autour des activités de l’OFAJ fait apparaître les difficulté et les limites de l'exercice diplomatique.
Festivals et biennales : rencontres artistiques
Fondé en
1947 par Jean Vilar, le festival de théâtre d'Avignon
s'impose à la fois à l'échelle nationale et internationale. Il préfigure la politique de démocratisation du
Théâtre national populaire (TNP)
. Des rencontres entre le public et le metteur en scène ont lieu et permettent des discussions. Remis en cause les années 1960, le festival d'Avignon se tourne à partir de 1964 vers d'autres formes de rencontres, plus professionnelles, toujours sous la houlette de Jean Vilar.
Les Rencontres d'Avignon, qui réunissent experts, professionnels de la culture et éducateurs, deviennent un lieu majeur de réflexion et d'élaboration des politiques culturelles à l'échelle transnationale. Cet Aspect professionnel prime dans les rencontres que sont les foires et les biennales d'art ainsi que dans les festivals davantage liés aux industries culturelles comme le Festival de Cannes.
Première exposition internationale d'art fondée en 1895, la
Biennale de Venise
reste l'un des événements majeurs de la scène artistique.
La victoire du peintre Robert Rauschenberg en 1964,
souvent interprétée comme le signal du triomphe de l’art américain, montre l'importance de l'institution, véritable arène diplomatique des arts.
Dans un ouvrage de 1968 intitulé
The Venice Biennale
,,
Lawrence Alloway
présente l'évolution de la Biennale et en défend le fonctionnement. Il met en avant les jeux d'influence, médiatiques et marchands, qui concourent à l'attribution des prix. Son témoignage est révélateur du rôle croissant des acteurs privés ( Médias, galeristes mais aussi collectionneurs) sur la scène artistique. Il décrit la Biennale comme un espace de contacts mais aussi de compétition dans lequel le public semble passer au second plan.
La création du
Festival de Burning Man
, sur la côte ouest des États-Unis à la fin des années 80, s'oppose justement à la dimension marchande et institutionnelle de ses grandes manifestations. Organisée initialement sur une plage San Francisco, elle est déplacée en 1989 dans le désert du Nevada. Héritier de la contre-culture des années 60, Burning Man se présente comme le lieu d'une expérience communautaire. Il renoue avec une dimension utopique du festival, dans un espace-temps en marge de la société. Il permet ainsi l'émergence d'une sociabilité culturel éphémère. Son succès s'accompagnera néanmoins d'une forme d'institutionnalisation devenant ainsi une gigantesque manifestation réunissant des milliers de participants américains et étrangers.