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Culture et démocratie (II) (État et industries culturelles. Les années 70…
Culture et démocratie (II)
De la démocratisation à la démocratie culturelle : Les critiques des politiques de démocratisation mises en œuvre dans l'après-guerre font apparaître de nouvelles conceptions de la culture et de l'action culturelle. Des groupes divers réclament l'institution d'une véritable démocratie culturelle, plus attentive aux cultures des minorités notamment, et impliquant davantage les citoyens.
En Europe plusieurs municipalités de gauche temps tentent d'y répondre ; leur politique font de la culture un enjeu social et territorial.
L'ouverture en 1965 du Théâtre de la Commune d'Aubervilliers est emblématique en France d'une nouvelle politique culturelle menée par le parti communiste français dans les villes de la région parisienne. Premier théâtre permanent créé en banlieue sans soutien initial de l'État, il nait de l'initiative de Jack Ralite conseiller à l'Education et à la Culture et de Gabriel Garran, metteur en scène et animateur culturel.
Cet événement qui s'adresse à une population peu habituée des scènes de théâtres (la ville compte 58% d’actifs ouvriers) lui permet de constituer un public dans un climat festif celui d’un festival dont la dimension populaire est assurée par un ensemble de dispositifs en partie repris des pratiques de Jean Vilar au TNP ( politique tarifaire abordable, distribution gratuite de programmes pédagogiques, suppression des pourboires aux ouvreuses…).
Le Théâtre de la Commune d'Aubervilliers prolonge cette expérience pionnière en conjuguant une double ambition théâtrale (avec la création d’œuvres de nature critique) et sociale, visant à élargir le public. La culture apparaît comme un outil pour renforcer la cohésion territoriale.
C'est d’une conception similaire que se revendique l’Allemand Herman Glaser. Adjoint à la culture à la ville de Nuremberg à partir de 1964, il développe un programme culturel qui vise à rendre aux populations le sentiment de “vivre ensemble”. Il vise non seulement à mobiliser les habitants autour de pôles culturels disséminés dans la ville mais aussi - comme chez Garran - à éveiller leur sens critique afin de favoriser le débat démocratique.
Cette politique se traduit par la mise en place de centres culturels destinés notamment à la jeunesse.
Elle influence la “nouvelle politique culturelle” adoptée en 1973 par la Session allemande des villes qui cherche à concilier démocratisation culturelle et participation des citoyens ( faisant de la culture un facteur d'épanouissement individuel et de réappropriation des territoires). Celle-ci se traduira par une forte augmentation des dépenses des communes en faveur de la culture.
Autre exemple c'est pratique politique culturelle nouvelle, la mise en place du festival Eté romain à partir de 1977 qui entend promouvoir une culture populaire et urbaine.
Le projet est porté par un maire communiste et devient une vitrine des projets culturels des “villes rouges”. La municipalité entend ainsi calmer les tensions sociales et politiques ( violences d'extrême droite et d’extrême gauche).
S'il marque une rupture avec la politique partisane prônée jusque-là par le parti communiste italien (opposé la culture commerciale de divertissement), le festival est aussi une réponse à l'agitation contre-culturelle de l'extrême gauche.
Il comprend une série de projections de films grand public à la basilique de Maxence et Constantin ; le cycle est inauguré en 1977 par Senso de Visconti ( mélodrame de 1954 qui raconte la résistance vénitienne à l'occupation autrichienne).
Le festival attire un public nombreux et diversifié. Critiqué par certains comme le vecteur d'une nouvelle culture éphémère, cet “Eté romain”, inspirera de nombreuses villes, en Italie et à l'étranger, qui verront dans la culture une façon de redynamiser leur territoire.
État et industries culturelles. Les années 70-80 sont marquées par une série de fusions-acquisitions dans le secteur culturel qui aboutit à la constitution de vastes groupes multimédias transnationaux. Des firmes européennes se lancent alors à la conquête du marché américain.
C'est le cas du français Hachette, du britannique Pearson ou de l'allemand Bertelsmann.
'allemand Bertelsmann. Ce dernier s'implante à la fois dans le domaine de la musique et du livre. Cette stratégie de diversification et d'internationalisation s'accélère à partir des années 70-80, le groupe Bertelsmann investissant progressivement de nouveaux secteurs comme le disque, les médias électroniques et la diffusion radio. L'expansion se poursuit dans les années 90, le groupe prenant pied en Europe de l'Est et en Asie.
Cette évolution a d'importantes répercussions dans le secteur culturel et particulièrement pour les acteurs impliqués dans la distribution dont le rôle est fragilisé. Par exemple, les libraires sont également menacés par les politiques de ventes à bas coûts pratiquée par les grandes surfaces.
C'est à cette concurrence qu’entend répondre la loi sur le prix unique, proposée par Jack Lang, devenu ministre de la Culture en 1981. Spécialiste des questions culturelles ( il a été directeur du théâtre de Chaillot avant d'être chargé de la culture au PS), il met en place à son arrivée plusieurs mesures afin de protéger et soutenir l'action culturelle.
La loi sur le prix unique du livre vise à préserver le réseau français de librairies ; elle est une première étape d'une bataille pour la défense de l'exception culturelle. Cette idée selon laquelle la culture n'est pas un produit comme les autres et nécessite donc une protection particulière s'oppose aux politiques de laisser-faire suivi par les gouvernements néolibéraux au Royaume-Uni et aux États-Unis.
Le projet provoque une forte opposition des grandes surfaces qui voit une forme d'ingérence injustifiée de l'État. La lutte contre le prix unique est notamment menée par Édouard Leclerc. L'entrepreneur défend la libre concurrence au nom de l'intérêt du consommateur. La lutte se poursuivra devant les tribunaux. Dans un arrêt de 1985, la Cour de justice des Communautés européennes donne finalement raison aux libraires soutenus par l'État français.
S’il cherche à protéger certains secteurs comme le livre le cinéma, le ministre Jack Lang et le gouvernement socialiste ne s'opposent pas pour autant aux industries culturelles. Il présente ces dernières comme des acteurs importants de la Culture. Le ministre répond aussi à la crainte d'une ingérence de l'État dans la culture
Son souhait d'une “politique de filières” préfigure le soutien apporté par l'État à certaines industries nationales. En effet celui-ci investit largement pour soutenir le développement des industries de communication. Les secteurs visés sont nombreux : création télévisuelle et cinématographique, édition de logiciels et de jeux vidéo, expérimentation sur le câble, action en faveur de l'exportation des productions françaises… la politique de filières annonce aussi les futurs partenariats entre acteurs privés et publics de la culture et la réévaluation du rôle de la culture dans le développement économique des territoires