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CHAPITRE 6: Le domaine de la parenté (PART I) (Précisions terminologiques,…
CHAPITRE 6: Le domaine de la parenté (PART I)
Distinction parenté et famille
:
Pourquoi les anthropologues parlent-ils de parenté et non de famille?
On s'intéresse aux sociétés dans lesquelles il existe des
groupes de parenté
c-à-d
des clans, des lignages, des "classes matrimoniales"
. Dans ces sociétés, dits
holistes
,
l'individu est largement défini à partir de son appartenance à un groupe de parenté
. Ce qui a aussi comme
conséquence que les échanges matrimoniaux relèvent d'une logique de groupes et non d'un choix individuel
. les marriages ne sont pas une affaire privée. (Car c'est important pour les alliances avec d'autres clans par ex.)
Certains anthropologues font
la différence entre deux types de sociétés: les sociétés à systèmes de parenté
(= sociétés dans lesquelles les règles de la parenté font la politique de la société/
sociétés sans Etat
) VS
les sociétés basées sur un système politique autonome
(rien avoir avec la famille/nos sociétés)
Les anthropologues ne s'intéressent pas au cas concrets mais plutôt aux manières d'organiser la parenté qu'on peut retrouver à différents endroits du monde. Ils s'intéressent à des règles stables mais aussi à
inconscientes
. (cf.comparaison avec les règles de la langue parlée).
Ils cherchent à étudier des systèmes de relations plutôt que des unités domestiques isolées
. (On va dire que la parenté c'est plus large donc système et que la famille c'est plus petit donc situation isolée)
Précisions terminologiques
Affin
: terme désignant des personnes apparentées par les liens du mariage.
Agnatique
: terme désignant la personne apparentée du
côté paternel
Consanguin
: terme désignant des personnes apparentées par les liens du sangs.
Utérin
: terme désignant la personne apparentée du
côté maternel
Germain
: terme désignant des enfants de
même père et de même mère
.
Demi-germain
: terme désignant des enfants n'ayant
qu'un seul parent en commun
.
Demi-germain agnatique
= demi-frère par le père.
la parenté ne se réduit pas à la parenté biologique
; elle mêle le biologique et le social.
Ce qu'on appelle parfois en anthropologie
"l'atome de parenté"
articule quatre types de relations:
1. consanguinité (frère/soeur), 2. alliance (mari/femme), 3. filiation (parents/enfant), 4. relation oncle maternel/neveu
4.
Systèmes matrilinéaires
:
l'oncle maternelle
joue le rôle social du père, celui qui a de l'autorité sur son neveu/nièce alors que le père biologique à des liens plus léger avec son enfant.
Système patrilinéaires
: l'oncle joue un rôle maternant/bienveillant; il joue rigole avec son neveu/nièce (pas de figure d'autorité)
La notion de
"cousins croisés"
VS
"cousins parallèles
Dans ces sociétés
holistes
, on croit que les
cousins croisés
c-à-d les enfants du frère de ma mère ou de la soeur de mon père (not on the diagram)
me sont biologiquement plus éloignés
que les
cousins parallèles
c-à-d les enfants de la soeur de ma mère ou du frère de mon père (in red on the diagram)
. J'ai donc le droit de marier mes cousins croisés mais pas parallèles. Mais
cette règle de l'alliance
est une règle qui mélange le biologique et le social puisque du point de vue de la science, cousins croisés ou parallèles ont la même proximité avec EGO (moi).
Illustration au niveau de la filiation
Cas de sociétés à filiation unilinéaire
: l'enfant appartient soit au lignage de son père, soit à celui de sa mère; pas au deux. Il n'est pas rare qu'on considère que l'enfant ne partage le même sang qu'avec un de ces parents.
cas de l'engendrement/reproduction de la vie
: Dans certaines sociétés, on n'attribuent pas l'engendrement d'un enfant uniquement à l'acte sexuel. En effet, on y pense que c'est aussi grâce à la participation d'entités (divines ou surnaturelles). EX. Totémisme-->esprit se réincarne en un enfant.
Chez les Trobriandais
(
Malinowski
)
Chez les Trobriandais, la société fonctionne sous un système matrilinéaire. L'importance du père est très secondaire dans la conception de l'enfant; on considère que l'enfant partage le même sang que sa mère et de son oncle maternel mais pas du père.
Ils pensent que l'enfant naît de l'introduction d'un esprit dans le corps de la femme
.
Malinowski
a tiré deux conclusions de cet observation:
1.
le mari ne joue aucun rôle dans l'engendrement.
2.
Ils n'ont pas conscience du rôle de l'acte sexuel dans l'engendrement de l'enfant.
Naïf d'un point de vue méthodologique
: il tient ces analyses de mythes et d'entretiens avec mes Trobriandais sans se rendre compte que ceux-ci ont pu lui donner les réponses qu'il voulait entendre pour ainsi dissimuler ce qu'il savent vraiment de la sexualité.
Naïf d'un point de vue théorique
: il s'est imaginé que les Trobriandais croyaient dur comme fer en leur mythe et est passé à côté du fait qu'ils avaient parfaitement conscience du rôle de l'acte sexuel dans l'engendrement chez animaux.
Chez les Baruyas
(
Godelier
)
Chez les Baruyas, la société fonctionne sous un système patrilinéaire. La contribution de la mère dans conception de l'enfant est inexistante.
Ils voient l'utérus comme un sac dans lequel l'homme vient déposer sa semence même si ils ne voient le sperme comme seul responsable de l'engendrement
.
Chez les Baruyas, un enfant a deux pères
: le père biologique qui le fabrique au 3/4 et qui lui donne son identité sociale (appartenance à son lignage). Le soleil, son second père, va finir le 1/4 restant de l'embryon dans le ventre de la femme et qui va lui donner sa forme achevée; le nez étant le siège de l'intelligence, les pieds/mains étant important pour se mouvoir/agir.
Cas de l'adoption
: l'adoption représente dans de nombreuses sociétés une institution sociale qui permet de créer un lien de filiation légitime avec une personne avec qui on a aucun lien de sang. Dans certains cas, le lien de sang n'est pas suffisant pour reconnaître un enfant comme légitime-->cas du bâtard/enfant naturel
La prohibition de l'inceste
l'interdit de l'inceste
est
une prohibition fondamentale qui interdit la relation sexuelle entre deux proches parents (consanguins, affin, même groupe de parenté/clan)
. On la retrouve dans toutes les sociétés humaines, c'est une règle universelle même si il y a des variations et exceptions qui interrogent ce caractère universel.
Inceste de 1er type
: la relation sexuelle entre des proches parents consanguins (fils/mère, fille/père, soeur/frère)
Inceste de 2nd type
: (
Françoise Héritier
) se produit lorsque deux personnes apparentés (2 soeurs, mère/fille) se partagent un même partenaire sexuel. EX. soeur qui a des rapports avec le mari de sa soeur, donc avec son affin proche. L'interdiction est liée au fait que les substances corporelles des deux soeurs vont être mises en contact indirectement par l'intermédiaire du partenaire sexuel qu'elles partagent. C'est un acte qui n'est pas universellement condamné. On dit que l'inceste est double: 1. direct entre affin proche 2.indirect entre consanguins. =
thèse controversée
Inceste sur mineur
: c'est de l'abus sexuel. Le droit droit pénal l'interdit et le sanctionne.
Inceste entre 2 adultes consentants
: le mariage entre des proches parents est interdit par le droit civil mais n'est pas criminalisé.
Variations de la règle et exceptions
: les modalités, sur lesquelles s'applique cette règle varient selon les contextes historiques et culturelles. Ce que l'on retrouve dans toutes les sociétés, c'est un noyau dur de relations sexuelles interdites entre père/fille, mère/fils, frère/soeur.
Niveau 1: la nature de la règle et son étendu
Au niveau de la nature
: En général, l'inceste père/fille est l'interdit fondamental dans les sociétés patrilinéaires tandis que l'inceste mère/fils est l'interdit fondamental dans les sociétés matrilinéaires (parfois c'est aussi l'oncle maternel et sa nièce qui est l'interdit fondamental; l'interdit s'étend également sur les cousins parallèles). Le mariage entre cousins croisés est favorisé et parfois même exigé.
Au niveau de l'étendu de l'interdit
: dans certaines sociétés (EX.
société chrétienne médiévale
, jusqu'à réforme), l'étendu de l'interdit peut aller jusqu'à un degré très éloigné de parenté (au 12e degré, voire plus). (voir
société chrétienne médiévale VS sociétés antiques du pourtour méditerranéen
). Dans les sociétés claniques ou lignagères, le mariage est généralement interdit entre une femme et une personne de son clan ou de son lignage. Une personne qui va porter le même nom/totem qu'elle, n'est pas autorisée à l'épouser
Niveau 2: sur le caractère explicite de la règle
L'interdit sur l'inceste n'est affirmée de façon explicite (orale ou écrite) dans aucune société. Dans d'autres sociétés, cet interdit se manifeste sous la forme d'une réprobation sociale c-à-d qu'en vue de l'inceste, les gens exprimerons un dégoût. Bien que l'interdit n'ait pas été explicite, ces raisons mèneront à une sanction.
Niveau 3: l'écart entre la règle et les pratiques - l'inceste comme déviance "normale" et sanctionnée.
Dans toutes les sociétés où l'inceste est interdite, on rapporte une certaine déviance
. Cette déviance est considérée "normale" puisque toute pratique suscite des écarts à la règle; la déviance fait partie de la vie en société mais ça ne veut pas dire qu'elle n'est pas sanctionnée. Il existe cependant deux types de cas rares d'exceptions à la règle
Exceptions de "droit"
--> inceste prescrit, ritualisé (cf.Pharaons et Royautés sacrées)
Exceptions de "fait"
--> non prescrites mais socialement acceptées;
engendre des questionnements sur l'universalité de la règle
Explications sur l'origine de l'interdiction
Les explications rejetées par la pensée anthropologique.
Rejet de l'explication biologique
: cette explication consiste à dire que l'inceste est lié à des dangers biologiques de la reproduction entre des consanguins comme la dégénérescence, la transmissions héréditaires de malformations, etc. Les anthropo rejettent cette idée pcq l'interdit existait aussi dans des sociétés qui n'avaient pas les connaissances scientifiques modernes. Cela dit, on pense que l'évitement de l'inceste fait partie de l'instinct de survie (selection naturelle); les enfants les plus forts/résistants survivent. On retrouve d'ailleurs chez des espèces de singe cet "interdit".
Rejet de l'explication psychologique
: cette explication consiste à dire que l'interdit est lié à un rejet naturel, instinct naturel qui pousserait les individus à ne pas avoir de rapport sexuels avec des proches parents. Il y aurait un dégoût qui conduirait à éviter l'inceste. Les anthropo disent deux choses:
1.
ce n'est pas possible que l'interdit soit un instinct naturel humain puisqu'on observe des exceptions dans le monde; toute société ne présenterait pas cette aversion naturelle.
2.
Frazer soulève ces questions:
si l'interdit est si naturel que ça, comment se fait-il qu'on doit instaurer une règle si fondamental? Pourquoi avoir un principe explicite et le traduire dans des lois si c'était si naturelle que ça?
Après avoir rejeté ces différentes explications, les anthropo se penchent sur une potentielle origine à cet interdit.
Hypothèse de FREUD
, le "tabou" civilisateur: sous forme de
mythe psychanalytique
, Freud établie son hypothèse comme suit... à l'origine, les humains vivaient en groupe sauvage combatif et vivaient en rivalité entre eux sous la domination d'un chef mâle qui se réservait l'accès sexuel aux femmes. Pour s'en sortir, les fils de ce mâle dominant se liguent entre eux pour le tuer. Pour éviter tout autre rivalité concernant l'accès sexuel aux femmes entre les fils après la disparition du mâle dominant, ils décident d'instaurer
une loi fondamentale
qui leur interdit de posséder sexuellement leurs soeurs; ce qui les obligent à aller chercher des femmes en dehors de leur groupe. (origine de l'exogamie)
Hypothèse de LEVI-STRAUSS
, interdit de l'inceste comme moyen d'assurer l'échange exogame: Pour Lévi-Strauss,
1.
l'interdit n'est qu'un moyen pour obliger à échanger des femmes entre groupes. L'obligation d'échanger a une importance fondamentale dans les sociétés. Une société ne peut pas fonctionner sans échange avec d'autres sociétés.
2.
L'interdit de l'inceste est ce qui fait
le passage de la nature à la culture
(de la bestialité à l'humanité/de la sauvagerie à la civilisation) mais ce point est critiqué car on observe également des règles et des organisations de société dans le monde animal.