Eugène ATGET est né en 1857 à Libourne.
Son père, carrossier à Libourne, étant d’origine parisienne, retourna à Paris. Eugène fut ainsi élevé par ses grands-parents. Il fit des études modestes dans sa ville natale. D’autres biographes disent qu’il devint orphelin vers cinq ou six ans et qu’il fut élevé par son oncle qui le destinait à la prêtrise ! Eugène préféra voyager ; il s’engagea sur un bateau mais cela ne lui plut guère.
Il monte à Paris et le goût du théâtre lui vient et ne le quittera plus jusqu’à sa mort. Il entre au Conservatoire et en sortira en1881 sans être lauréat. Sa carrière sans éclat commence, il jouait des troisièmes rôles de traîtres, etc... En 1886, il fit la connaissance de Valentine Delafosse qui devint sa compagne. Pendant treize ans ils vécurent une vie difficile, faite de tournées
en 1899, il loue un appartement au 17bis de la rue Campagne Première, l’immeuble existe toujours. Il s’essaye comme peintre et dessinaEn fréquentant les académies de peinture, il observe que les peintres se plaignent de ne pas avoir de documents photographiques pour les aider à composer leurs toiles. L’idée lui vient de leur en procurer et c’est ainsi que, pendant vingt cinq ans, chargé de vingt kilos de matériel, il photographie opiniâtrement Paris et ses environs. Une œuvre se constitue qui deviendra mythique. Quel était l’état de la photographie en 1899 ? Il existait une institution : le Photo Club de Paris, régentant l’art de l’image : hors de lui point de salut. Les éminents membres étaient persuadés que la photographie à l’état brut, autrement dit le négatif, était le point de départ d’une cuisine savante que l’image devait subir pour devenir quelque chose qui ressembla à de la peinture ou de la gravure : le pictorialisme était leur religion. Atget était loin de cette agitation de bon ton. La photo était pour lui l’humble transcription du motif avec tous ses détails ; il se revendiquait documentaliste. Il avait comme clients : Dunoyer de Segonzac, Derain, Foujita, Kisling, Vlaminck, Utrillo et même Braque le cubiste ! Il vivait en vendant ses photos au 9 de la rue Campagne Première. Il proposait aussi aux commerçants de fixer la devanture de leurs boutiques. Parmi ses acheteurs, on trouvait le Musée Carnavalet et la Bibliothèque Nationale. Eugène Atget était un homme d’humeur sombre souffrant d’ulcères à l’estomac. Il se nourrissait de crêpes qu’il cuisinait sur un réchaud à alcool. Ces préparations culinaires empestaient tout le voisinage et ses voisins ne l’appréciaient guère. Il entreposait son charbon et son bois sur son balcon qui lui servait aussi de lieu d’exposition pour ses châssis garnis de négatifs et de papier au citrate d’argent noircissant directement à la lumière du jour. Il employait également le papier au ferroprussiate. Tout en faisant ces opérations, il chantait à tue-tête ou déclamait des vers à voix forte, provoquant la colère des locataires. L’homme était un révolté, il n’avait jamais accepté son échec au théâtre. Il s’y raccrochait en faisant des conférences au « club du faubourg » et en y donnant des cours de diction. En 1902 Valentine le rejoignit à Paris ; ils y vécurent pauvrement. L’aspect d’Atget était peu soigné. Il est vrai qu’il transportait vingt kilos de matériel sur ses épaules : Un appareil à soufflet 13x18, une douzaine de plaques en verre, un énorme pied. Il photographiait en général de l’aube jusqu’à 15 heures. De retour chez lui, il partait voir ses clients ou s’occupait du laboratoire. Au 31 de la même rue habitaient Man Ray et Bérénice Abott. Ils connurent leur voisin Atget. Man Ray intéressé par son œuvre lui proposa de la faire éditer ; Atget refusa ne se trouvant pas assez «artiste», ce n’est que du document, disait-il. Dans les années vingt, on lui proposa de travailler avec un matériel léger et d’utiliser le gélatino-bromure d’argent : il refusa trouvant ses méthodes satisfaisantes. En 1926 sa compagne mourut ; ce fut un coup terrible. Il se laissa aller en se soutenan
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