LA 16: "Le supplice de Quasimodo" (Notre Dame de Paris), Victor Hugo : dénoncer la cruauté des hommes dans le roman au XIXème siècle
Un supplice spectaculaire
Un monstre grotesque et pitoyable
Qui sont les monstres ? Hugo dénonce le renversement des valeurs et des points de vue
Un dispositif dramatisé
La violence médiévale peinte de manière réaliste
Théâtralisation de l’exécution de la punition
Mise en scène du déroulement = X° des paragraphes courts : rythme inexorable / choix des temps (action de 1er plan au passé simple) : "fit silence", "on le mit à genoux", "il commença" / connecteurs logiques en attaque de paragraphe : "cependant" "tout d'un coup".
Distribution des rôles-titres = 3 rôles qui mêlent vocab judiciaire et théâtral : "trompette-juré" (crieur de foire) = titre pompeux qui cache la sombre réalité du bourreau = débauche de personnel aux titres grandiloquents pour légitimer une réalité sordide.
Procédé du discours narrativisé = le narrateur ne fait pas entendre la proclamation de Michel Noiret : "il cri l'arrêt" --> la condamnation est irrévocable / la justice paraît cruelle, démesuré et inutile / annonce rituelle qui ouvre le spectacle.
Un ancrage ds un passé obscurantiste = contexte du Moyen-Age reconnaissable avec le vocab de l'époque : "manants", "charrettes", "cette gaieté" au sens de spectacle de rue divertissant mais aussi des choix des noms et des fonctions + marqueurs temporels : l.4 "ce qu'on appelle alors", "une tradition de" --> une pratique qui a réellement existé, ancrée dans un passé révolu ? Distant du lecteur de 19ème siècle ?
Le rôle des parenthèses = 3 décrochages du récit opéré par le narr omniscient : l.17 et 27 --< renforcent la dimension réaliste du récit par des détails faussement anecdotiques mais qui servent la dénonciation de la dimension spectaculaire de l'exécution. Particularité de la l.8 --> ironie perceptible aussi ds tt le paragraphe avec italique et présent d'énonciation en plus qui mettent à distance.
Relevé des détails qui permettent de se représenter le pilori, la flagellation publique = une punition humiliante (procession ds la foule, mise à nu, agenouillé) : de l.9 à 13 --> pour lui enlever sa dignité d'homme. Qui bannit le mouvement autonome, le geste libre : le chmp lexical des liens, de l'enfermement : l.9, 13,31 et 39. Un déchaînement de violence = luxe de détails ds la description de l'instrument de torture, dt la mise en application est retardée (4paragraphes +tard), machiavélisme de la révolution de la roue --> un véritable supplice physique et mental.
L'auteur met en scène la violence d'une époque et interroge sur sa permanence au moment de l'écriture. Il laisse entendre que la torture n'est pas une pratique oubliée, que cette violence légitimée par l'exercice de la justice est tjrs d'actualité au 19ème siècle. (prises de position de Hugo vs la peine de mort)
Une apparence de monstre (éty prénom : presque semblable à)
Grotesque (cf réaction de la foule = décrit de l'extérieur par le narr et les spectateurs)
Pitoyable
La dénonciation de la cruauté des hommes
La dénonciation ironique de la cruauté des institutions du 19ème siècle
Les spectateurs
La cruauté du bourreau
Ses expressions/ ses attitudes = ne ressent rien : "impassible, ne sourcillait pas", "étonnement de sauvage et d'idiot" --> pas de coeur, d'esprit, de douleur (cf antithèse "violente contraction de surprise et de douleur" % "piqûre d'insecte") + pas de parole (scène muette).
Les comparaisons animales = être alourdit, balourd : "hanneton" ---> insecte connu pour son vol lourd qui se heurte à des obstacles + plus svt comparé à des ruminants, des carnassiers : "comme une veau" --> bête inoffensive sacrifiée à l'abattoir + "poitrine de chameau" --> gradat° ds la puissance qui se réveille à mesure que la douleur augmente : "le taureau piqué au flanc par un taon" ==> dimension hybride (mélange de plsrs animaux), créature composite.
Son corps = chmp lexical du corps, de l'aspect physique : "visage difforme", "sa bosse", "ses épaules calleuses et velues" --> hideur, malformation, animalisation (il questionne les limites de la beauté, de la santé et de l'humanité) + sourd --> handicap
= Bestialité et stupidité du bovin cf "butor"
Ils ne le comprennent pas = on ne peut le lire, le décoder, on se contente des rumeurs : "on ne pouvait rien deviner sur sa physionomie", "on le savait" + hypothèses : subjonctif imparfait "on l'eût dit" ou de comparaison " il ne comprend pas plus qu'un hanneton" --> ils ne le jugent que sur le visible, donc l'apparence. S'ils ne le comprennent pas, ils en déduisent que c'est parce qu'il est un monstre.
Or, ils ne perçoivent pas qu'il est en fait leur miroir : il ne comprend pas / ils ne le comprennent pas. Il est impassible / on n'est pas sensible à sa douleur.
Il provoque l'hilarité = allitération en "f" : "ce fut un fou rire ds la foule" --> contagion du rire, rire humiliant de la mise à nu, de la "monstration" de la différence + "et la foule de rire" + "fit redoubler à l'entour les éclats les éclats de rire" ==> effet de surenchère comme si les rires redoublaient et des plaisanteries et des insultes qui soulignent cette différence.
Docilité / passivité = tournures passives : "tte résistance lui était rendue impossible", "s'était laissé", énumération l.9, structure en asyndète l.11, 12 et 13 : "on le mit à genoux sur la planche circulaire / il s'y laissa mettre". "," remplace le lien logique renforçant le paradoxe : sa force physique lui permettrait de se révolter mais il ne résiste pas--> De son animalité vient sa docilité, de sa naïveté vient son innocence.
Mots de reprises pour le désigner = "le patient" : (éty) celui qui subit une action mais aussi le supplicié + "les épaules du misérable" : il inspire le mépris de la foule / la compassion du narr uniquement.
Un cœur pur et innocent = s'il ne "commence à comprendre" que tardivement,( l.37)c'est qu'il est probablement étranger au concept de culpabilité, de cruauté volontaire et de torture. On peut donc dire qu'il est plus pur que les hommes voire même des enfants.
Un monstre en apparence mais qui se révèle plus humain que les hommes. Le monstre est bien sûr un moyen de mettre en question, de dénoncer l'inhumanité des hommes.
Le décalage entre le portrait et la fiction = bien mis, physique plutôt anodin l.19 + nonchalance de l'adv "négligemment" l.25 de qq'un qui se met à sa besogne + enchaînement scrupuleux d'actions en apparence anecdotiques mais qui témoignent en réalité de son goût du travail bien fait qu'il exécute dc comme un rituel --> ce qui révèle la fréquence de sa tâche : "il commença par", "enfin,le tourmenteur frappa du pied" préparatifs l.22 à 31.
Description métonymique du fouet = gradation l.24 --> traduit sa propre minutie, son machiavélisme et son sadisme (allitération en "l") + cynisme du sablier "rouge sang"
Dramatisation de son entrée en scène = renommée "circula bien vite dans l'assistance" + patronyme "Torterue" en anagramme de torture --> ironie de Hugo
"Le patient" = désigne certes le supplicié mais aussi celui sur lequel on pratique une expérimentation.
Les 2 écoliers = patronymes pittoresques l.16 tt en assonances en "o" et "in" + étudiants rajeunis au statut d'écoliers à "tête blonde et frisée" l.26 + "hanneton ds une boîte" comme s'ils reproduisaient grandeur nature un jeu d'enfant. Une complicité ds le goût du spectacle sordide : "avaient suivi le patient comme de raison" --> ironie par antiphrase de ce terme est appliqué à une torture dt ils se réjouissent. Qui disposent d'une arme redoutable : l'humour -> L'insulte "butor" est 1 jeu de mots car en + de désigner une personne lourde et grossière, provient (éty) du mélange "buse" et "taureau" + l.29 autre exemple --> antithèse avec l'architecture de ND dt il est le sonneur. La grandiloquence du titre "maître Quasimodo" l.28
Les enfants et les jeunes filles = le public le + friand de ce spectacle à sensation et de ces bons mots qui est pourtant réputé le + pur: cf l.30 "surtout les enfants et les jeunes filles" --> renversement des valeurs. Euphémisme du mot "gaieté" = une fausse innocence.
Conclusion = VH sensibilise son lecteur au problème de la différence, de l'exclusion. Il y a là une véritable inversion des rôles : l'homme se cache derrière la Bête et la Bête derrière l'homme. Ce qui fait le monstre c'est le regard que l'on porte sur lui, c'est son exclusion du groupe des hommes t ce qu'on lui fait subir qui le ravalent au rang de Bête et d'imbécile. le monstre est donc révélateur de l’image de l'autre que portant un groupe social, une culture.
Si le bourreau porte la "livrée de la ville" c'est bien Paris et ses institutions qui sont visées.
Critique de la justice = oxymore "chancellerie % criminelle" qui se donne du style :parodie judiciaire bien perçue par la verve ironique de Jehan Frollo "flageller péremptoirement" (=sans contestation possible). Qui se cache derrière un jargon qui mérite d'être traduit : italiques l.5 + intervention du narr au présent d'énonciation "ce qui veut dire". Efficacité de la démonstration : le pronom "nous" --> permet d'inclure ss lecteurs ds la critique. ==> cette pratique archaïque n'est pas si révolue puisque c'est une "tradition de geôle et de chiourme". Est donc le prétexte pour dénoncer par antiphrase le "peuple civilisé, doux et humain".