APPRENDRE ET ENSEIGNER A L'ERE DU NUMERIQUE
Politiques publiques éducatives :
Début 70 : première politique publique en faveur de "l'informatique scolaire" au sein des sociétés capitalistes avancées + Progrès technologiques et idéologie du modernisme technologique.
Convergence des politiques publiques éducatives au sein des pays membres de l’Union Européenne ou de l’OCDE.
Processus de "modernisation de l'école"
Circulaire ministérielle de mai 1970 : "se préparer au monde de demain dans lequel ceux qu i ignoreront tout de l'informatique seront infirmes"
Représentations "techno-déterministes" : les technologies ont un "impact" sur les individus qui les utilisent.
2 axes : -vision pessimiste : les technologies = pourvoyeurs de difficultés, elles suscitent le rejet.
-vision optimiste : les technologies = moteur des transformations sociales et sociétales, celles qui mènent vers le progrès technique, la modernité et le bonheur social.
Enseigner avec les TICE :
« La technologie n’est pas en soi un dispositif pédagogique. Le numérique n'est qu'un outil, au même titre que le livre, le papier ou le stylo. La question est de savoir quelle tâche soutenant l'apprentissage peut être réalisée avec l'outil" (Amadieu, Tricot, 2014 : 106).
Nécessité d’une réflexion approfondie sur la façon dont, soi en tant qu’enseignant ou formateur, on appréhende la manière dont cet outil participe/guide/soutient une tâche d’apprentissage.
Nécessité de concevoir et mettre en œuvre des scénarios pédagogiques structurés et objectivés + Pour pouvoir penser aisément la conception d’un scénario techno-pédagogique, il faut penser avec des TICE et non pas un numérique éducatif.
Nécessité de distinguer différents niveaux parmi les TIC : les supports, les interfaces et les logiciels
Enseigner avec les TICE suppose aussi, pour l’enseignant ou le formateur, de prendre en compte les ressources numériques disponibles
Passer d'une perspective techno-centrée à une perspective pédago-centrée, conçue par et pour les apprentissages, plus précisément : s’interroger sur la fonction située de l’objet technique, au regard des objectifs pédagogiques que l’on s’est fixé (Brigitte Albero-2009/2010)
Histoire des TICE pour l’enseignement en présentiel :
4 FAMILLES D'OUTILS :
Famille des projecteurs lumineux :
- lanterne magique (fin 19è-début 20è)
- projection avec diapositives (1970/80)
- rétroprojection sur transparent (1980/90)
- TBI-TNI-TPI (2005)
Famille des machines à enseigner :
- Teaching Machines de B. Skinner (1950)
- Boites enseignantes (C. Freinet)
Famille des radios et télévisions éducatives :
- les radios éducatives (1930/40)
- le magnétophone portatif (1950/60)
- début de la télévision éducative (1950)
- téléviseur et magnétoscope (1980/90)
Famille de l’informatique et de l’informatique connectée :
- informatique
- internet
- écrans et Informatique connectée
Histoire des TICE pour l’enseignement à distance et/ou hybride
ENSEIGNEMENT A DISTANCE :
- le CNED offre un système d’enseignement à distance pour des apprenants depuis la maternelle jusqu’à l’université
- Universités et formation à distance :
- ont rapidement intégré les TICE comme ressources pour la mise en œuvre de formations à distance, contrairement au CNED dont le support privilégié est longtemps resté le papier.
- pour les étudiants, on va s’appuyer sur les technologies audiovisuelles dans les années 70-80, puis sur le minitel dans les années 80-90, puis sur l’informatique connectée dans les années 90, puis sur les outils numériques connectés après 2000
E-LEARING :
- remplace "enseignement à distance" dans les années 2000, du fait de la diffusion de plus en plus importante de l’ordinateur et de l’internet
- possibilité d’apprendre à distance au moyen d’outils numériques, et notamment d’un type de service qu’on avait pas encore trop vu jusqu’à lors : les Virtual Learning Environment, plus connus en France sous la formule ENT, Environnements Numériques de Travail
VIRTUAL LEARNING ENVIRONMENT (ENT) :
- idée de pouvoir rassembler, au sein d’un site web, les différentes composantes de l’apprentissage universitaire
- c’est un dispositif qui a bien fonctionné pendant longtemps, mais dont on a néanmoins rapidement repéré les limites en termes de coopération et de collaboration à distance.
LEARNING MANAGMENT SYSTEMS (LMS) :
- plateforme d’apprentissage
- propose des services de travail coopératif et collaboratif
- favorise l'émergence de formes d’enseignement hybride
DISPOSITIF DE FORMATION HYBRIDE :
- "Ce dispositif propose aux étudiant-e-s des ressources à utiliser ou des activités à réaliser à distance (en dehors des salles de cours) et en présence (dans les salles de cours)" (Lameul et al., 2016)
- 5 dimensions centrales :
- l’articulation entre les activités en présence et les activités à distance
- la médiatisation pédagogique (Peraya, 2010)
- la médiation pédagogique (Rabardel, 2005)
- les modalités d’accompagnement des étudiants
- le degré d’ouverture du dispositif
- Configurations de formation hybride :
- La scène : « Dispositif centré sur l'enseignement et caractérisé par la médiatisation de ressources textuelles»
- L’écran : « Dispositif centré sur l'enseignement et orientés contenus, caractérisé par la médiatisation de ressources multimédia »
- Le gîte (ou le cockpit): « Dispositif centré sur l'enseignement, caractérisé par l'intégration de ressources et d'intervenants extérieurs au monde académique »
- L’équipage : « Dispositif centré sur l'apprentissage, caractérisé par le soutien au processus de construction des connaissances et sur les interactions interpersonnelles »
- Le métro : « Dispositif centré sur l'apprentissage caractérisé par l'ouverture, la liberté de choix et l'accompagnement des apprentissages »
- L’écosystème : « Dispositif centré apprentissage et caractérisé par l'exploitation d'un grand nombre de possibilités technologiques et pédagogiques offertes par les dispositifs hybrides »
Compétences, usages, posture de l’enseignant ou du formateur à l’ère de l’enseignement numérique
Il faut donc: s’auto-former, bidouiller-bricoler, tout en prenant en compte que c’est chronophage et énergivor
Texte d’Anne Cordier récemment publié dans la revue Hermès
Problème de la formation et notamment la formation en continue
L’apprentissage des jeunes à l’ère numérique : déconstruction de quelques mythes
Le mythe de la motivation
Le mythe de l’autonomie avec les TICE
Le mythe des « natifs du numérique »
Vers une réflexion sur les (inégalités) d’usage :
- loin d’être simplement techniques, les inégalités d’usage recoupent en fait des inégalités sociales, culturelles, financières, etc.
- ce sont ces ensembles d’inégalités qu’il faut prendre en compte si l’on souhaite a minima proposer un cadre éducatif structuré et pertinent.
Fabrication des usages numériques
La notion d’usage:
- ne pas confondre avec la notion d’utilisation
- notion issue de la sociologie des médias et de la sociologie des usages
- vise à analyser le sens qui est attribué par un individu ou un groupe d’individus à un outil de communication en fonction du contexte d’activité, de la situation d’interaction, des pratiques numériques mobilisées ainsi que des imaginaires et des représentations qui cadrent le rapport à ces outils.
Appropriation et apprentissage:
- processus d’appropriation = processus d’apprentissage qui associent différentes procédures ou composantes :
- à la prise en main technique de l’appareil, de l’interface graphique à l’écran (plus ou moins conviviale) et du logiciel ou de l’application (là aussi plus ou moins intuitif)
- à le capital culturel de l’individu
Pratiques & représentations :
- pratiques = façons de faire, des habitudes, des routines qui prennent forme dans des actions avec des technologies et qui sont ancrées dans des contextes d’activité, des cadres relationnels et des situations d’échange interpersonnel
- représentations = une construction sociale produisant des « lieux communs » ou encore des « savoirs naïfs »
- mettre en lien avec des visions/des croyances « techno-déterministes » : ces représentations ne sont que des croyances, des visions, des points de vue ; souvent très éloignés des pratiques réelles et concrètes
Normes d’usage ?
- règle ou prescription ou principe de conduite ou de pensée, qui est imposé soit par la morale, soit par un groupe social ou, plus largement, la société et qui constitue l'idéal sur lequel on doit régler ses manières de faire et de penser sous peine de sanctions plus ou moins importantes.
De la diversité aux inégalités d’usages :
- texte de Cédric Fluckiger paru dans la revue Diversité en 2015 (n° thématique Ce que le numérique peut en éducation)
Retour sur la question de la « fracture numérique »
Fracture numérique ?
- Pendant une période assez longue (jusque 2007-2008), la question de la « fracture numérique » ou de « fossé numérique » a fait largement débat
- perspective de la « fracture numérique » place l’équipement technologique au centre de l’analyse
- l’argument de « lutte contre la fracture numérique » relève d’un point de vue technodéterministe positif
- situation d’exclusion et de stigmatisation, non pas numérique, mais avant tout sociale
Vers l’examen des inégalités numériques :
- dès la fin des années 2000, une vague de recherches critiques en sciences sociales a déplacé le problème de la lutte contre la fracture numérique au profit d’une réflexion sur la lutte contre les inégalités numériques
- la diversité des contextes sociaux et culturels dans laquelle prennent forme ces pratiques explique en revanche assez bien, plus que les différences, les inégalités numériques entre les individus
- J. Kling (1998) distingue pour la première fois explicitement les inégalités dans l’accès aux TIC, des inégalités dans les connaissances et les compétences parmi ceux, toujours plus nombreux, qui sont déjà connectés
Littératies et compétences numériques:
Recherches sur les compétences numériques:
- Aider les usagers à développer leurs littératies numériques vise à (tenter de) lutter contre les inégalités de capital et leur donner les moyens d’une part, de saisir les potentialités économiques, sociales et culturelles pouvant être offertes par un usage de l’informatique connectée, et, d’autre part, de mobiliser les accomplissements effectifs de ces potentialités
« Littératie » :
- Acquérir et développer des littératies est un processus qui s’opère tout au long de la vie, dans tous les domaines d’expérience personnelle et interpersonnelle
- la diffusion d’Internet et des dispositifs numériques dans nos vies quotidiennes et, avec elle, l’explosion des usages des TIC ont amené de nombreux chercheurs à s’interroger sur nos habiletés et nos compétences avec le numérique au regard des environnements sociaux et culturels au travers desquels elles émergent
- la question des compétences et des ressources cognitives dont disposent les individus pour s’approprier pleinement ces technologies et services dans un contexte social qui est le leur
Compétences numériques :
il existe sur une sorte de hiérarchie entre ces différents types de compétences numériques fondamentales
les compétences instrumentales sont un prérequis à la construction des compétences informationnelles, qui soutiennent, à leur tour, les compétences stratégiques
- compétences instrumentales
- compétences structurelles ou informationnelles
- informationnelles formelles
- informationnelles substantielles
- compétences stratégiques
La translittératie
" La translittératie dans les cultures numériques peut ainsi se définir comme l’ensemble des pratiques sociales du « s’informer-communiquer », prises dans un continuum entre différents contextes et conditions de développement (familial, scolaire, sociétal) et sous diverses formes et supports, depuis les premiers apprentissages jusqu’aux pratiques les plus élaborées selon diverses modalités, incluant le scriptural, le visuel et le numérique (en présence et à distance). Le terme « translittératie » désigne donc l’ensemble des compétences d'interaction mises en oeuvre par les usagers sur tous les moyens d’information et de communication disponibles : oral, textuel, iconique, numérique,... essentiellement dans des environnements et contextes numériques » . (Delamotte, Liquète, Frau-Meigs, 2014 : 11)