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Délires persistants systématisés (Délires interprétatifs (type…
Délires persistants systématisés
Une construction délirante peut parvenir à
préserver l'unité psychique de base d'un sujet menacé de fragmentation
. Le
délire est cohérent
et s'accorde avec l'affectivité et le comportement. Tout événement potentiellement traumatique est assimilé en fonction d'une
intuition fondamentale assez puissante pour préserver l'unité psychique
, et
le sujet n'a pas besoin de recourir aux défenses autistiques
Délires imaginatifs (type paraphréniques)
Relativement
rares, débutant entre 30 et 45 ans
, sont
des cas de
fragmentation psychique partielle
entre un secteur délirant qui conserve une unité interne (à la différence de la dissociation schizophrénique) et un secteur qui reste adapté à la réalité.
Le mécanisme principal est l'imagination
: à partir d'
intuitions initiales
,
le sujet réussit à construire un
monde aussi luxuriant qu'imaginaire
(mais
qui constitue la réalité pour lui), la
thématique
étant souvent
fantastique
(science-fiction, mysticisme, filiation extraordinaire...)
.
Le secteur délirant assure le maintien de l'unité psychique
en équilibrant les
tensions suscitées par la réalité et
le sujet peut donc très bien ne pas rencontrer
les circuits de soins
. Dans ce cas, les personnes fonctionnent
professionnellement
sans difficulté, à partir de leur secteur adaptatif
et vivent leur délire
de façon bien contenue la plupart du temps et souvent dans des collectifs
(ex: association des amis des martiens...)
Toutefois, en raison de la
fragmentation déjà entamée
, des
évolutions vers
une dissociation schizophrénique sont possibles
, lorsque le sujet se heurte à
des
circonstances trop « traumatiques »
pour être écopées par l’imagination.
N.B:
Kraepelin
distingue
deux formes cliniques
de paraphrénie
La paraphrénie confabulante
(relativement
systématisée) faiblement hallucinatoire avec des thèmes de puissance mégalomaniaque, de richesse, de filiation royale…
La paraphrénie fantastique
(peu voire non systématisée) pouvant comprendre des hallucinations auditives, corporelles voire un automatisme mental, avec des thèmes fantastiques, mythologiques, de science-fiction…
:warning: Le fonctionnement sous-jacent est de type
psychotique
, associant
angoisse de morcellement, déni et mode de relation fusionnel
. Si la tension avec la réalité devient trop forte pour le maintien d'une construction délirante cohérente, le sujet peut connaître un moment de
déstructuration aiguë.
( ==>
formes intermédiaires avec la schizophrénie
)
Délires interprétatifs (type paranoïaque)
Les paranoïas
(qui surviennent
après 35 ans
selon la nosographie classique)
constituent
les délires persistants les plus systématisés
, formant une véritable
carapace absorbant toute source de tension.
Tout conflit est dénié,
toute impulsion inadmissible narcissiquement est projetée sur l'extérieur
.
Pas d'automatisme mental ni d'hallucinations
car la puissance de l'intuition délirante fondamentale permet d'unifier tout élément perturbant au monde délirant avant la constitution de zones parasites ou l'envahissement de la perception.
La relation thérapeutique est difficile
: le sujet paranoïaque, ne pouvant tolérer
ni défaillance ni conflit, risque d'intégrer dans son système
le thérapeute
comme élément persécuteur.
:warning: Des
phases dépressives
peuvent indiquer une mobilisation de la carapace,
mais se révèlent parfois insupportables narcissiquement pour le sujet, d'où un risque de
déstructuration aiguë et/ou de passage à l'acte
.
Le début est marqué par une
intuition initiale
(e.g., idée de persécution) agissant comme une
révélation
, parfois après une longue période de doute, puis
les événements potentiellement traumatiques (e.g., rencontre avec un objet
d'investissement) sont interprétés en fonction de ce postulat de base
.
Les
paranoïas "en secteur" ou "passionnelles"
dans lesquels une "idée prévalente"
liée à l'intuition initiale est investie passionnément, suscitant une
exaltation qui peut devenir dangereuse, tandis que le reste de la vie sociale
est préservé. Différents
syndromes
sont distingués selon le
thème
de l'idée
prévalente : **jalousie, érotomanie, hypocondrie, revendication (idéalistes
passionnés, inventeurs méconnus, quérulents procéduriers)... **
Les
délires "en réseau"
dans lesquels
aucun secteur de la vie n'est préservé
, la
thématique étant généralement persécutive (complot).
Toutes les situations, toutes les sensations, tous les événements sont interprétés, sans hasard possible ("folie raisonnante").
Psychoses hallucinatoires chroniques
Surviennent
généralement chez
des femmes entre 30 et 40 ans et/ou chez des sujets isolés socialement
(e.g., personnes âgées sans contacts familiaux). La souffrance due à cet isolement entraîne le recours à des
processus défensifs par déni et projection
, et le sujet s'estime victime de l'
intrusion d'Autrui
(e.g., un voisin) dans son espace propre, avec une
thématique dominante de persécution
.
La
problématique d'intrusion
se manifeste par des
hallucinations psychosensorielles (auditives, olfactives, cénesthésiques…)
prouvant au sujet qu'Autrui exerce sur lui une "action à distance", ainsi que
par un
automatisme mental
révélateur de la présence de
zones parasites actives en mémoire
, sans que la
structuration profonde de la mémoire subjective ne soit nécessairement perturbée.
Si les soins ne sont pas trop
tardifs
,
l'évolution est souvent favorable
(à la différence des délires paranoïaques) car :
La prise en charge thérapeutique rompt l'isolement
Les antipsychotiques agissent efficacement pour contrôler les zones parasites
et réduire les hallucinations (même si un secteur délirant enkysté peut
persister sur un mode paraphrénique).
Une telle "guérison" indique alors que la psychose hallucinatoire "chronique" ne relevait que de processus fonctionnels,
sans infiltration grave de la mémoire subjective.
Le problème des réactions paranoïaques
Nombre de manifestations délirantes, bien que persistant plusieurs mois, reflètent
une
utilisation temporaire de défenses psychotiques, sans pour autant
relever d'une infiltration irréversible de la mémoire subjective
sur fond de
structure psychotique
.
Certaines dépressions proches de la mélancolie
Les
réactions persécutives à l'isolement social,
notamment chez des sujets
transplantés culturellement
. (Certains des "délires sensitifs" décrits par
Kretschmer, marqués par une thématique d'humiliation, s'y rattachent probablement.)
Les PHC
Certaines
psychoses
déclenchées par la prise
plus ou moins prolongée de
toxiques
(cocaïne, crack, amphétamines, haschisch, alcool...)
N.B. : Il importe donc de
ne pas confondre la paranoïa et les réactions paranoïaques
La
paranoïa
est une
psychose chronique
intervenant sur fond de
structure psychotique
et
souvent de personnalité pré-morbide paranoïaque
Les
réactions paranoïaques
dont la PHC (psychose hallucinatoire chronique) fait partie selon certains auteurs, sont
transitoires
et
surviennent pour des
raisons variées
(autres ex : traumatisme crânien, syphillis
cérébrale, décompensation d'une névrose obsessionnelle...) et sur
fond de structure et de personnalité de différents types
.
Une bonne part des "troubles délirants" décrits par le
D.S.M 5 — qui fixe
une durée minimale d'un mois comme critère temporel de diagnostic
—
ou même par la
C.I.M-10 — qui étend ce critère à trois mois
— relèvent de
"simples" réactions paranoïaques.
Il faut apprécier les poids respectifs
des
circonstances
et de la
personnalité
dans la décompensation pour
évaluer
le risque
de structure psychotique et d'engagement dans une psychose persistante.
A. Plagnol signale donc que pour mesurer le risque qu'une réaction paranoïaque
n'
évolue
pas en paranoïa, il convient de procéder au
diagnostic de la personnalité.
Si le sujet qui délire sur un mode paranoïaque a une personnalité paranoïaque,
le risque est majeur. Et si un sujet paranoïaque a une personnalité
pré-morbide paranoïaque il y a de fortes probabilités qu'il ait une structure psychotique.
Mais les paranoïas se développent parfois aussi sur une organisation limite. Sur le principe, structures et personnalités sont indépendantes,
il convient donc toujours de ne pas faire de déductions trop rapides d'autant qu'il y a toujours des exceptions dans la réalité.