S’exposer, petit à petit
Plus on donne d’informations aux peureux (les corps flottent dans l’eau, les araignées ont peur des humains, l’eau bouillante stérilise les verres) et plus on augmente les chances d’anéantir les fondements irrationnels de leurs peurs. Cependant, la seule argumentation ne suffit pas. Car la réaction physiologique de terreur se niche dans une zone du cerveau (l’hippocampe et l’amygdale) qui n’est pas celle de l’intelligence rationnelle. C’est cette zone archaïque qu’il faut remuer pour en désincarcérer la peur. Plutôt que de la fuir, il faut au contraire accepter de la ressentir jusqu’à ce qu’elle s’évapore. Donc s’exposer à ce qui la déclenche.
Pas question de se livrer seul à cet exercice. Notamment parce que l’on pourrait se mettre réellement en danger en ne maîtrisant pas nos réactions. Le mieux est donc d’être encadré dans cette démarche par un praticien spécialisé en thérapie comportementale. L’exposition à l’objet ou à la situation anxiogène se passe de la manière suivante : on commence par dresser la liste, par ordre croissant de terreur, de ce que l’on ne peut absolument pas faire (le simple fait d’imaginer un cheval, de le voir en photo, de sentir son odeur, de vous en approcher, de le toucher, de grimper sur son dos). Cette liste sera celle des défis qu’il faudra relever, d’abord accompagné, puis seul. Le thérapeute nous aidera à réaliser ces objectifs progressivement, en supportant une exposition suffisamment prolongée (trente à quarante-cinq minutes) pour voir la peur affluer puis refluer comme une vague, sans qu’elle nous achève. Il est indispensable, pour cela, de s’abstenir de recourir à nos défenses habituelles (la fuite, le lavage compulsif, le comportement auquel vous attribuez peut-être une valeur protectrice). Avec le temps, l’habituation et l’apprentissage de nouvelles stratégies, on verra sa peur diminuer.
La peur aura-t-elle complètement disparu de notre quotidien à l’issue de la thérapie ? Non, et heureusement. Elle sera simplement revenue à un niveau acceptable d’appréhension ou de dégoût. Les araignées n’auront qu’à bien se tenir !