On sait que les chenilles croissent rapidement, se nourissent avec voracité : ce sont de véritables destructeurs de plantes. Il s'agit ici d'une chenille qui ne peut, dans les premiers jours de son existence, se nourrir des grandes feuilles des arbres, mais seulement des petites feuilles tendre qui se trouvent à la pointe xtrême des branches. Or, la bonne mère papillon va, guidée par son instinct, déposer ses oeufs à l'endroit opposé; c'est-à-dire que, dans l'angle que fait la branche à l'intersection du tronc, elle prépare à sa descendance un lieu sûr et abrité. Qui donc indiquera aux petites chenilles à peine écloses que les feuilles tendres dont elles ont besoin sont là-haut, au faîte extrême et opposé deleur branche ? La chenille est douée d'une vive sensibilité à la lumière : la lumière l'attire, la lumière fascine, et elle s'en va en sautant avec cette démarche propre aux chenilles, vers la lumière plus vive, jusqu'à l'extrémité de la branche; là, elle se retrouve, affamée, au milieu des feuilles tendres qui constitueront sa nourriture. Il est curieux de constater que, cette période passée, c'est-à-dire quand la chenille a grandi et qu'elle peut se nourrir différemment, elle perd cette sensibilité à la lumière; au bout d'un certain temps, la lumière la laisse indifférente : l'instinct est devenu aveugle. Le moment d'utilité est passé et, désormais, la chenille s'en va par d'autres voies chercher d'autres moyens d'existence. La chenille n'est pas devenue aveugle à la lumière, elle y est devenue indifférente.* EA p33-34