Braverman (1920-1976), La critique du "mythe taylorien"
Sociologue américain.
Il critique l'approche tayloriste du travail qu'il considère plus comme une manière de contrôler le travail qu'une démarche à visée scientifique.
Il s'intéresse à la biographie de Taylor et à son « mythe ». Taylor est censé avoir quitté ses parents pour s'embaucher dans l'industrie comme ouvrier, avant de devenir ingénieur. En réalité, Taylor est têtu : il se dispute avec son père qui veut qu'il devienne avocat, alors que lui ne veut pas. Ce sont les relations de ses parents qui lui permettent de se faire embaucher dans cette usine et de gravir les échelons aussi rapidement. Donc, il n'est pas le « self made man » que l'on décrit souvent.
Braverman s'intéresse également à la psychologie de Taylor, qu'il décrit comme une personnalité obsessionnelle et coercitive, obsédé par l'idée qu'il faut gagner du temps. Par exemple, quand il devait se rendre à la bibliothèque dans sa ville, il avait chronométré le trajet le plus rapide. Il minutait chaque activité de sa vie. Quand il était contremaître, il a eu d'importants conflits avec ses ouvriers. Il voulait leur faire appliquer sa démarche alors que le reste de l'usine ne l'appliquait pas. Il a été jusqu'à les menacer de baisser leurs salaires pour leur faire appliquer sa méthode : personnalité autoritaire et coercitive. Exemple : manipulation des gueuses de fonte qu'il faut mettre sur un wagon. Il dit à l'ouvrier de faire exactement ce qui est marqué sur la fiche, sans réfléchir. En appliquant les consignes de Taylor, l'ouvrier standard a pu déplacer 48T de fonte au lieu de 12,7T. Braverman explique que Taylor a choisi un ouvrier qui avait de grands besoins financiers et qui était en bonne forme physique. Son salaire est passé de 1,15$ à 1,85$. La production augmente de 280 % alors que le salaire augmente de 60 %.