"Un esprit libre ne doit rien apprendre en esclave" écrivait Roberto Rossellini dans son essai de 1977. Cette citation inspirera à Carlo Lizzani le titre de son documentaire dédié à Rossellini, en 2000 : Roberto Rossellini, un esprit libre. Aujourdh'hui, la qualité de l'oeuvre de ce cinéaste n'est plus à démontrer. Edgar Morin reprenait déjà le postulat de Rossellini, en 1966, à savoir, que le cinéma vérité serait l'aspect humain du documentaire. "Dans le cinéma vérité pratiquement, il n'y a plus d'auteur." Mais qu'en était-il une vingtaine d'années auparavant? Roberto Rossellini, aujourd'hui considéré comme l'un des pionniers du néo-réalisme, a-t-il connu un succès immédiat avec la réalisation d'Allemagne année zéro, sorti en 1948? Nous verrons comment ce film, qui raconte l'histoire d'une enfance brisée dans l'après guerre, au milieu des vestiges de Berlin, a suscité une réception mitigée, voir très négative à ses débuts.
Dans un premier temps, nous tenterons d'expliquer pourquoi ... qualifiait Allemagne année zéro de "film-essai". Par la suite, nous étudierons la réception immédiate du film aux alentours de 1948, avant d'observer l'évolution du regard, jusqu'à nos jours, permise par une certaine prise de recul.