Nous soutiendrons la thèse que la normativité déontologique est un régime normatif spécifique, intermédiaire entre la norme juridique et la norme morale. Il est une caractéristique qui rapproche norme déontologique et norme de droit : c’est le processus d’institutionnalisation.
(Empl 587-589).
Dans la mesure où la norme déontologique existe de manière objective et s’impose à l’ensemble des professionnels entrant dans le métier, elle se vit comme une norme hétéronome. La règle déontologique n’est jamais une règle personnelle, librement choisie, même si elle est assez rapidement acceptée par les professionnels eu égard aux motifs et aux raisons qui ont présidé à son adoption par la profession. Ce n’est pas sur cet aspect que se marque la différence entre les registres déontologique et juridique, mais sur le régime déontique sous-jacent à ces logiques normatives. On peut légitimement admettre que la norme juridique n’admet pas de degré ou de gradation dans l’impérativité. Un comportement est interdit ou, à défaut, il est tout simplement permis. Il n’y a pas d’attitude en regard du droit qui soit plus ou moins obligatoire ou plus ou moins tolérée. La norme de droit semble obéir à une logique déontique explicitement binaire. Ce n’est pas le cas de la norme déontologique.
(Emplacements du Kindle 617-624).
Dernière remarque : les règles déontologiques ne sauraient être en contradiction avec la législation nationale. En revanche, il n’est pas contradictoire de constater que certaines pratiques, non punissables d’un point de vue pénal, peuvent très bien être répréhensibles d’un point de vue déontologique, tout simplement parce que les règles déontologiques regardent les principes et le fonctionnement internes à une profession. À la différence de la règle de droit qui se spécifie par sa généralité, la règle déontologique n’a pas de valeur contraignante en dehors du champ des activités professionnelles qu’elle organise
(Emplacements du Kindle 667-672).
Les règles déontologiques, et plus largement les codes ou chartes déontologiques, ont une fonction de régulation et d’organisation d’une profession, notamment en proposant des solutions pratiques à des problèmes professionnels concrets. Mais elles ont aussi, et cela creuse encore la différence avec les règles juridiques, une vocation identitaire en participant à la définition d’une profession et à l’énonciation de valeurs propres.
Un code de déontologie fonctionne moins comme une contrainte juridique que comme une pression morale externe. Entre l’obligation morale personnelle et la contrainte juridique commune, il y a place pour ce que l’on peut appeler l’exigence déontologique. (Empl 677-679).