Oct 2019 : Jean Nouvel porte plainte au pénal contre la Philharmonie de Paris : sommé de payer 170 millions d'euros pour les surcoûts du chantier, l'architecte porte plainte devant le Parquet national financier, notamment pour délits de concussion et de favoritisme. Il a déjà engagé des poursuites depuis deux ans devant la justice administrative.
En 2015 déjà, Jean Nouvel avait dénoncé la situation qu’il porte aujourd’hui devant la justice pénale, s’estimant "évincé, ficelé et muselé" par la Philharmonie. Il lui reproche d’avoir repris elle-même la direction des entreprises en charge du chantier de construction, un an après le début des travaux, sans même l’en avoir informé. Dans sa plainte, Jean Nouvel accuse la Philharmonie d’avoir détourné ses plans sans l’en avoir informé, d’avoir réalisé plus d’un millier de faux en écriture, d’avoir produit une double comptabilité, et même d’avoir conclu avec les entreprises des accords secrets pour qu’elles restent solidaires en cas d’action judiciaire de sa part. Le tribunal l’a cependant débouté, faute d’éléments sur l’absence de conformité avec le projet originel.
En avril 2017, l'établissement public a adressé une facture de 170,6 millions d'euros à l'architecte. Cette demande, confirmée par « titre exécutoire » en septembre 2017, comprend 110 millions d'euros de pénalités de retard de ce chantier, entamé en 2009, achevé en 2015 et qui a été mis à l’arrêt pendant environ la moitié du temps.
Aux yeux des avocats de JN, la demande de la Philharmonie relève de la « concussion », qui est l'infraction commise par une personne représentant l'autorité publique qui, par abus d'autorité, retire un profit illicite de sa fonction en percevant sciemment ou en ordonnant de percevoir des sommes de manière indue.
Les avocats dénoncent aussi des faits de « favoritisme » au bénéfice de Bouygues, sélectionné sans mise en concurrence effective et sans l'accord de Jean Nouvel. A l'origine, les entreprises Bouygues et Vinci étaient en concurrence. Mais leurs offres, toutes deux supérieures à 300 millions d'euros, avaient été refusées. La Philharmonie a finalement négocié en direct avec Bouygues qui a revu son budget à 218 millions d'euros.
Les plaignants accusent enfin la Philharmonie de « faux et usage de faux » pour avoir signé ces ordres avec l'en-tête du cabinet, et de « recel de détournement de fonds publics », pour avoir fait, selon eux, un usage illégal de l'argent public en dérogeant aux règles relatives aux marchés publics.