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Servitude et soumission ne sont pas un mal (et dérivés) (La servitude…
Servitude et soumission ne sont pas un mal (et dérivés)
La servitude ne donne pas le sentiment de malheur
Car le malheur est
inconscient
LB
: "
Le peuple tombe si soudain en un tel et si profond oubli de la franchise, qu'il n'est pas possible qu'il se réveille pour la ravoir, servant si franchement et tant volontiers qu'on dirait à la voir qu'il a non pas perdu sa liberté mais gagné sa servitude
"
Fatmé
a pleinement intégré sa servitude amoureuse envers Usbek, elle ne demande que le retour de son mari dans ses lettres
Car la servitude
fait partie de l'âme humaine
Les hommes ont souvent besoin de se soumettre à une cause, un idéal pour donner un sens à leur vie
C'est
Mme Linde
qui, n'ayant plus ses frères et sa mère à s'occuper, ni de mari se sent "
indiciblement vide
". C'est la raison pour laquelle elle souhaite se dévouer à Krogstad qu'elle retrouve après des années. La servitude a été intégrée et semble aller de soi
LB
l'explique par le fait que l'homme a intégré la servitude par coutume. C'est l'habitude qui transforme la servitude d'une dénaturation à une seconde nature :"
Mais si faut-il confesser qu'elle a en nous moins de pouvoir ...
"
Car
la servitude n'est pas la soumission
La soumission engage l'individu entier, elle est l'acceptation intime de la servitude ; mais toute servitude n'est pas une soumission. C'est ce que défend
Aristote
dans
Politique
: "
tels n'ont de l'homme libre que le corps, tels n'en ont que l'âme
". Ainsi certains esclaves ont une âme de maître, et réciproquement
C'est le cas de
Roxane
: "
Non, j'ai pu vivre dans la servtiude mais ...
"
LB
constate de même que certains paysans ont une âme plus libres que les serviles courtisans du tyran qui perdent même leur personnalité pour lui plaire : ils sont soumis et servants
La servitude apporte
confort et satisfaction
Dans le domaine des
passions
La soumission aux passions apporte le
bonheur
: C'est le cas d'Aphéridon/Astarté, et Cosrou/Zélide ou
Krogstad
lorsqu'il retrouve Kristine : "
C'est incroyable, je n'ai jamais été aussi heureux
"
Servitude/Soumission sont très liés au plaisir dans le sadisme et le masochisme
Dans le domaine
psychologique
et
moral
La servitude place sous la
tutelle protectrice d'un père de substitution
: c'est la thèse de
Freud
dans "
psychologie collective et analyse du moi
"
Nora
: "
Mais vous comprenez bien qu'avec Torvald, c'est comme avec papa
"
La servitude permet une
déresponsabilisation confortable
: C'est ce que montre l'expérience de
Milgram
(1960) et
Arendt
dans
Eichmann à Jérusalem
C'est le cas dans l'apologue des bons
Troglodytes
: la liberté devient pesante et ils recherchent un chef pour retrouver une innocence et irresponsabilité : "
Votre vertu commence à vous peser, dans l'état où vous êtes n'ayant point de chefs, il faut que vous soyez vertueux malgré vous : sans cela vous ne sauriez subsister et tomberiez dans le malheur de vos premiers pères
"
Dans le domaine
social
Un
chef
est nécessaire à l'établissement d'une société : historiquement on voit que le despotisme est une dégénérescence d'un régime qui garantit au départ la liberté
C'est le cas de la République romaine, qui fut soumise au despotisme sous César. Il est vivement critiqué par LB et Montesquieu : "
César opprima la république romaine et la soumit à un pouvoir arbitraire
"
Certains chefs inspirent naturellement l'autorité et n'oppriment pas leurs sujets, comme c'est le cas du vieil homme sage choisi par les Troglodytes lorsqu'ils cherchent un chef
L'obéissance aux lois est nécessaire à l'établissement d'une société stable qui garantit les libertés de chacun :
Rousseau
dans
Lettres écrites de la montagne
: "
Un peuple libre obéit mais il ne sert pas, il a des chefs et non pas de maîtres, il obéit aux lois mais il n'obéit qu'aux lois, et c'est par la force des lois qu'il n'obéit pas aux hommes
". De même pour
Arendt
Se soumettre permet de tirer du confort, et de la gloire. C'est le cas des séides du tyran.
Montesquieu
: Voir les moyens pour une soumission active des sujets.
LB
: voir l'intérêt et l'ambition
Selon
Sartre
dans
L'existentialisme est un humanisme
, la liberté est angoissante car "
le délaissement implique que nous choisissons nous-mêmes notre être. Le délaissement va avec l'angoisse
". La liberté est donc source d'angoisse alors que la servitude apporte un confort et sécurité qui compense cette angoisse
La servitude est un moyen d'
accéder au bonheur
La soumission heureuse passe par l'
acceptation de la contrainte
Sénèque
dans
Lettres à Lucilius
: "
Celui qui exécute de bonne grâce les ordres échappe au côté pénible de la soumission : faire ce qui nous rebute
". Se soumettre volontairement élimine donc l'aspect négatif de l'obéissance
Nora
accepte au début de la pièce un bonheur conventionnel : mari protecteur, trois beaux enfants, aisance financière. C'est l'image d'un bonheur familial qu'elle accommode avec quelques écarts
Fatmé
est la seule des femmes à accepter explicitement la contrainte du sérail, et dans cette situation de servitude acceptée, elle éprouve la "
félicité
"
La servitude peut conduire à la découverte et la
conquête de soi
Pour
Nietzsche
dans
par-delà le bien et le mal
, l'homme n'est ni totalement soumis aux déterminismes, ni totalement libre. C'est par une volonté forte que l'homme peut s'affranchir des contraintes externes. La soumission peut alors aboutir à une libération, l'aliénation à une reconquête de soi et à une édification d'un moi libre. De plus, la soumission à une cause est parfois notre manière de nous exrpimer, de donner un sens à notre existence comme le dit
Comte
dans
Système de politique positive
: "
La soumission est la base du perfectionnement
"
LB
nous donne de nombreux exemples historiques de volontés fortes et libres :
Hippocrate
,
Brutus
,
Cassius
, les
deux Lacédémoniens
: "
Tu as éprouvé la faveur du roi, mais de la liberté, quel goût elle a, combien elle est douce, tu n'en sais rien
"
Chez Montesquieu ce sont les
Anglais
C'est après avoir pris conscience de sa condition que
Nora
décide de se libérer, et c'est alors qu'elle décide de se reconstruire en tant qu'être libre : "
Je ne peux plus me contenter de ce que les gens disent ni de ce qu'il y a dans les livres. Je dois penser par moi-même et tâcher d'y voir clair
'
La servitude est un
malheur limité
, un moindre mal
En terme de qualité : tout dépend de ce à quoi on est soumis, certaines obéissances sont légitimes. Cf.
Arendt
dans
Du mensonge à la violence
L'obéissance au père
L'obéissance à la loi
L'obéissance à la raison et la vertu
L'obéissance à la vérité
En terme de quantité : l'excès de tyrannie joue contre le tyran et son régime
En terme de durabilité : La possibilité de mettre fin à sa servitude