une dépendance excessove à l'égar de l'économie chinoise :. En dix ans les exportations de charbon et de minerai de fer se sont envolées pour atteindre 150 milliards de dollars grâce notamment à une évolution favorable des prix. Même si ce chiffre ne représente que 10% du PIB, l'effet multiplicateur est considérable dans la mesure où les salaires et les profits issus de l'activité minière soutiennent la demande dans les autres secteurs de l'économie. De plus, les grandes sociétés minières comme BHP et Rio Tinto ont parié sur une poursuite de la croissance chinoise et lancé de gigantesques programmes de développement qui sont venus ajouter plusieurs points de croissance au PIB. C'est donc peu de dire que l'Australie a lié son avenir à celui de la Chine. La Chine est son premier marché, la destination du tiers de ses exportations. C’est également son atout maître pour son économie touristique : en 2017, les visiteurs chinois ont injecté 7 milliards d’euros, plus de 50 % du total généré dans ce secteur. Dans l’immobilier porté par des agences au cœur des grandes villes, avec des annonces s’affichant en caractères chinois, c’est encore davantage : 9,76 milliards d’euros d’investissements. Et les projets foisonnent d’un bout à l’autre du pays. Sur l’île de Tasmanie (au sud de Melbourne), un entrepreneur chinois, Kejing Liu, est prêt à investir 64 millions d’euros pour une ville nouvelle avec l’aval d’hommes politiques locaux fantasmant sur la création d’emplois. Sur la Gold Coast, région au sud de Brisbane, un projet de parc d’attraction avec des spectacles culturels chinois pourrait voir le jour.
Si la Chine s’impose comme le moteur de la croissance australienne (2,2 % en 2017), elle est même dans certains domaines un soutien vital, comme pour les universités par exemple. Depuis la réforme de 1996 qui a entériné une dotation inférieure aux coûts de fonctionnement, leur budget dépend des étudiants étrangers. Les comptes sont éloquents : les 180 000 Chinois sur les campus cette année ont apporté plus de la moitié des financements extérieurs des facs australiennes (9 000 à 24 000 euros l’année). Ainsi, l’Australie développe et renforce ses partenariats avec la Chine, l’Inde et le Japon. « La priorité va à la Chine, au point que l’ Australie déclare ne pas se sentir engagée par l’ANZUS [Australia, New Zealand, United States Security Treaty] en cas de guerre avec Taiwan », remarque Cédric Tellenne. Les deux pays ont signé cette année un « partenariat stratégique » sur dix ans portant sur les questions économiques, de politique étrangère et de défense. Dans ce cadre, « ils ont également signé un accord de convertibilité directe entre le dollar australien et le yuan », précise le MAEE. Pour autant, il n’est pas toujours aisé de composer avec la susceptibilité chinoise. En témoigne la signature récente d’un accord de défense historique avec Tokyo, avec la bénédiction de Washington et malgré la désapprobation de Pékin. À bien des égards, la politique étrangère australienne oscille donc entre les deux géants que sont la Chine et les États-Unis. Mais c’est en Asie du Sud-Est et dans son environnement immédiat que l’Australie trouve la mesure d’une diplomatie plus libre et en adéquation avec ses attentes.